Sur le ton enlevé dont il a le secret, Nicolas Chaudun nous raconte le destin atypique d’Alexis L’Hotte, ce cavalier du temps où l’équitation n’est pas seulement une passion ou un loisir, mais un art de vivre, voire de survivre puisque maîtriser sa monture au coeur de la bataille était encore essentiel. On se prend d’affection pour ce personnage taiseux, moins habile dans les relations politiques que dans l’art équestre, et qui nous en dit pourtant beaucoup sur la seconde moitié du XIXe siècle français. (M. de Bruchard)
Présentation de l’éditeur :
Le général Alexis L’Hotte passe pour le plus orthodoxe promoteur de l’équitation classique française, aujourd’hui inscrite au patrimoine immatériel de l’humanité. Elève chéri de deux fameux écuyers antagonistes, François Baucher, « l’artiste sublime », et le comte d’Aure, « le plus parfait centaure », L’Hotte se voit crédité d’une synthèse illusoire de l’enseignement des deux maîtres.
En vérité, il a pioché chez l’un et chez l’autre au gré des situations sans pour autant échafauder une véritable doctrine. Son « Calme, en avant, droit » peut orienter une quête ; il ne fonde pas une méthode.
Beau, élégant jusqu’à la coquetterie, sobre et précis, L’Hotte subjugua tous les cavaliers qu’il eut à former, à Saint-Cyr comme à Saumur. Il fascina la cour impériale, se fit encore du tout jeune Lyautey un admirateur indéfectible… Il demeura néanmoins un maître avare de conseils. Quant il mettait pied à terre, c’était aussitôt pour prendre des notes, debout à son plan de travail, solitaire et silencieux. Et, paradoxalement, cette distance accrut son prestige. Pour le reste, le général ne combattit jamais, ce qui le distingue notoirement de tous ses frères d’armes. Il n’en fut pas moins autorisé à prononcer des avis définitifs – et parfaitement rétrogrades – sur les nécessaires mutations de la cavalerie militaire ; légitimiste notoire, il n’en fut pas moins le « fusible » de ministres républicains… Jamais, enfin, il ne pressentit le naufrage de la civilisation équestre.
Un pédagogue taciturne, un soldat sans guerre, un politique fourvoyé, ce pourrait être un peu court. Cependant l’impeccable parcours de l’écuyer se confond avec l’histoire de la question équestre au XIXe siècle. Or jamais jusqu’alors la question n’avait à ce point obnubilé les esprits. En effet, le paradoxe mérite d’être relevé, le « siècle de l’industrie » fut aussi, et d’abord, presque, celui du cheval.
Editeur d’art, historien, documentariste, Nicolas Chaudun est notamment l’auteur d’une biographie du baron Haussmann qui fait référence, ainsi que de deux récits historiques : L’Eté en enfer, plusieurs fois primé, et Le Brasier, élu meilleur livre d’histoire de l’année 2015 par le magazine Lire. Par ailleurs, son essai consacré au portrait équestre dans la peinture occidentale, La Majesté des centaures, avait obtenu le prix Pégase en 2007. L’essentiel de son œuvre est publié chez Actes-Sud.
Ce livre accompagne un colloque sur le général L’Hotte qui se tiendra au Service historique de la Défense à Vincennes le 24 mai 2016, sous la présidence de Daniel Roche, professeur au Collège de France.