Bataille d’Austerlitz surnommée la Journée des Trois Empereurs

Pièce militaire et historique pour le Forte-Piano avec accompagnement du Violon
Précédée des Réjouissances du Camp Français pour l'anniversaire du couronnement de S. M. l'Empereur Napoléon.
Dédiée à la Grande Armée

Commentaire

Une note de l'auteur préface l'oeuvre comme suit :

Bataille d'Austerlitz, donnée le II frimaire an 14 (2 décembre 1805)
Jour à jamais mémorable où l'Empereur NAPOLEON et la grande armé composée de 80 000 combattants au plus se sont couverts d'une gloire immortelle, en détruisant en moins de 4 heures de tems une grande partie des armées Russe et Autrichienne fortes de 105 000 hommes, dont 30 000 furent faits prisonniers. Les empereurs d'Autriche et de Russie durent leur salut à une prompte fuite. La nuit que précéda cette fameuse batailles, la grande armée célébra par un mouvement spontané l'anniversaire de couronnement de notre invincible et inimitable Empereur qui bivouaquait au milieu d'elle : des feux de joie et une illumination subite brilla à chaque bayonnette ; pendant quelques instans, toute la contrée fut éclairée, et les ennemis furent témoins de l'enthousiasme de nos braves guerriers.
 
Textes au-dessus des notes
Ordre de l'Empereur NAPOLEON pour une retraite feinte
Marche silencieuse de la grande armée vers la position assignée par l'Empereur
Calme de la nuit que l'Empereur et la grande armée passent au bivouac
Mouvement des soldats pour célébrer impromptu l'anniversaire du couronnement de l'Empereur des Français
Illumination subite et générale dans le camp
Cris de vive l'Empereur, tambours
Fanfare
Aux avant-postes, Sentinelle, prenez grade à vous!
Bataille
Arrivée des ennemis qui veulent déborder la droite de l'armée française
Cris de fureur des Russes, Houra, Houra, Houra
Colonnes de voltigeurs repoussant l'ennemi
Colonnes de grenadiers enfonçant la gauche de l'ennemi
Forte canonnade. Les deux mains en travers sur la basse
Canon, Canon
Le pas de charge
Trompettes. Appel de la garde à cheval Russe pour rétablir le combat
Charge de cette cavalerie
Trompettes sonnent la charge de la garde à cheval impériale Française qui défait celle de l'ennemi
Charge de cette cavalerie
Coups de sabre
Désespoir de la garde à pied de l'Empereur NAPOLEON de rester inactive
C'était l'invincible réserve!
Colonnes Russes culbutées dans des lacs immenses
Désordre horrible de ces Légions qui périssent au milieu des marais glacés
Reddition de l'ennemi
La victoire est à nous. Trompettes annonçant la plus mémorable victoire
Accens plaintifs des blessés
L'Empereur visite le champ de bataille
Son coeur magnanime est ému à ce triste spectacle
Ses soins paternels sont accueillis par les acclamations de toute l'armée
Cris de vive l'Empereur, Tambours
Fanfare
Walze dans le genre russe
Les soldats français font exécuter des Walzes pars les musiciens de la garde impériale Russe faite prisonnière
Walze
L'allégresse des Français sur cette célèbre victoire remportée par le héros du siècle et les compagnons de sa gloire.

 
Cette évocation programmatique pour piano de la bataille d'Austerlitz fut écrite par l'organiste-compositeur parisien, Jacques-Marie Beauvarlet Charpentier (1766-1834). Comme l'indiquent les textes imprimés au-dessus des notes, il s'agit d'une « peinture » musicale de la bataille. Fils du plus grand organiste français de la fin du XVIIIe siècle, Jean-Jacques Beauvarlet-Charpentier, Jacques-Marie commença sa carrière comme organiste à Saint-Paul dans le Marais. Avec la fermeture des églises pendant la Révolution, il joua pour des groupes parareligieux comme les Théophilanthropes et aussi au Temple de la Reconnaissance. Il composa aussi des oeuvres politiquement correctes, notamment Le réveil du peuple (1795) et des Hymnes à l'usage des adorateurs de Dieu et des hommes (c'est-à-dire pour les Théophilanthropes) datées de 1799 et téléchargeables ici. Après le 18 Brumaire, il flatta le régime en composant non seulement la Bataille d'Austerlitz mais aussi une Cérémonie du couronnement de sa majesté l'empereur (1804). A l'instauration de la Première Restauration, il changea encore de camp, en écrivant un morceau à l'honneur de Louis XVIII sous le titre, Louis le désiré à Paris (c. 1814). Ses changements étaient si flagrants que les auteurs du Dictionnaire des Girouettes de 1815 jugèrent qu'il méritait une notice à lui seul :
Beauvarlet Charpentier. Marchand, éditeur, compositeur de musique, boulevard Poissonnière, n° 27, à Paris
Etes-vous royalistes ? Demandez à M. Beauvarlet, La Paix, l'Union des nations, et le Retour du roi de France, divertissement militaire pour le piano, avec accompagnement de violon, par M. Beauvarlet-Charpentier, organiste de la paroisse royale de Saint-Paul-Saint-Louis ; prix 6 fr.: ou trois Domine fac salvum regem, par le même (Journal des Débats, du 8 juin 1814)
Etes-vous bonapartiste ? Demandez alors à M. Beauvarlet-Charpentier, l'Illustre et heureuse alliance, grande symphonie arrangée par lui, à l'occasion du mariage de l'empereur ; prix 6 fr. (1810)
 
En tant qu'organiste d'églises parisiennes, Beauvarlet-Charpentier joua successivement à Saint-Germain-l'Auxerrois, à Saint-Germain-des-Prés, à Saint-Eustache (où il fut reconnu comme le meilleur organiste que l'église n'ait jamais eu), à Saint-Paul-Saint-Louis et à la Chapelle des Missions Etrangères. Il fut aussi marchand d'instruments et éditeur de musique, mais cette activité s'arrêta en 1821. Outre les oeuvres citées ci-dessus, il composa 50 chansons et romances, dix grandes oeuvres programmatiques, de la musique d'église et un opéra court Gervais ou Le Jeune Aveugle qui fut représenté en 1802 au Théâtre des Jeunes Artistes pendant sept mois.

Compositeur

Jacques-Marie Beauvarlet-Charpentier (1766-1834)

Source

- The New Grove : Dictionary of Music and Musicians ®, Stanley Sadie (ed.), London and New York: Macmillan Publishers Limited, 1999, s.v., “Beauvarlet-Charpentier, Jacques-Marie”
- Dictionnaire des girouettes, ou, Nos contemporains peints d'après eux-mêmes : ou Nos contemporains peints d'après eux-mêmes ; ouvrage dans lequel sont rapportés les discours, proclamations, chansons, extraits d'ouvrages écrits sous les gouvernemens qui ont eu lieu en France depuis vingt-cinq ans, Paris : Alexis Eymery, 1815, s.v., “Beauvarlet Charpentier”