Histoire : La fête impériale, Loliée, F. Joven, 1907

Presque quarante après la chute du Second Empire, le temps est venu pour la nostalgie d'un certain Paris, gai et insouciant, empreint tout de même d'une forte réprobation pour la ville de débauche. On admire à la fois les bals costumés aux superbes et étonnants travestissements, les lumières des cafés et théâtres, et si on réprouve les trajectoires de vie dissolues des cocottes, on aime à lire les anecdotes de « luxe et volupté ».

Frédéric Loliée, critique littéraire et féru de théâtre, s'en fit une spécialité : il aima dresser les portraits des personnalités de la Fête impériale, les membres de la noblesse, et aussi les femmes classées dans la catégorie sociale « Hors du Monde » (patriciennes de la galanterie, artistes, lorettes …) certes immorales mais tellement affriolantes. On suit ces dames dans un Paris de spectacles, de bals, de dîners, et qui élaborent leurs fortunes de bras en bras. Les portraits photographiques insérés en hors texte, leur donnent une dimension très proche.

« La vie de plaisir » est un thème récurrent sur le Second Empire, traité tout au long du 20e siècle, ainsi Alain Decaux se penche sur les « Amours Second Empire » en 1958 (Hachette), et André Castelot titre en 1973 « La féerie impériale » (Perrin).

Extraits

Entre le vrai monde et le quart de monde
Sur la limite séparant nettement la haute société féminine de la classe des irrégulières de franceh vlée, s'était formée, comme en une sphère vague et indéterminée, une catégorie très à part de femmes venues de tous pays, divorcées, séparées sans divorce, ou nauragées de l'amour ayant trouvé devant leur foyer légitime, tout à coup, quand elles voulurent y rentrer, les lois sociales rangées en bataille pour leur en barrer le passage, et qui s'en allaient à travers l'existence, aventurèment. On avait trouvé des termes spéciaux afin de désigner ces femmes plus ou moins rejetées de la famille, et qui fréquentèrent l'école du monde. Sans être des courtisanes, elles ne le cédaient pas à celles-ci en ardeur pour le plaisir. Tout en conservant des liens avec la société à laquelle les rattachaient leur naissance, leur situation de fortune ou des contrats régulièrement passés à la mairie et à l'église, ces "demi-mondaines" ou ces "demi-castors" ne s'embarrassaient que le moins possible de scrupules, mais se livraient à une fête échevelée et déployaient une imagination extraordinaire à varier la suite de leurs amusements. On eût dit qu'elles se plaisaient à déchirer de leurs mains frémissantes les derniers lambeaux de leur dignité déchue.
p. 47-48
Auteur : Frédéric Loliée
Titre : La fête impériale
Éditeur et date d'édition : Paris : F. Joven, 1907.
Description matérielle : XI-371 p., grav. : portr.,  in-8 Loliée (Frédéric)