Le conscrit de 1810

Paroles

Je suis t’un pauvre conscrit
De l’an mille huit cent dix :
Faut quitter le Languedo
Avec le sac sur le dos.

Le maire et aussi le préfet
N’en sont deux jolis cadets
Ils nous font tirer z’au sort
Pour nous conduire à la mort.

Adieu mon père, au revoir,
Et ma mère, adieu bonsoir !
Ecrivez-moi de temps en temps
Pour m’envoyer de l’argent.

Dites à ma tante que son neveu
A t’attrapé le numéro deux
Qu’en partant son cœur se fend
Tout comme un fromage blanc

Adieu donc, chères beautés
Dont nos coeurs sont z’enchantés !
Ne pleurez point notre départ :
Nous reviendrons tôt z’ou tard.

Adieu donc, mon tendre coeur
Vous consolerez ma soeur
Vous direz que Fanfan
Il est mort en combattant.

Qui a fait cette chanson
N’en sont trois jolis garçons :
Ils étions faiseux de bas
A cette heure ils sont soldats.

Extrait sonore : Le conscrit de1810, Thierry Bouzard

Commentaire

Appelée aussi Conscrit du Languedo, cette chanson manifestement très datée, n’a pas une origine militaire. Les paroles singent trop le parler populaire pour sonner juste. Julien Tiersot considère que « ce n’est pas là sans doute une vraie chanson populaire, mais une imitation due à quelque faiseur de romance à la mode du temps ». Les gens du peuple faisaient tout pour faire oublier leur accent, le patois qui trahissait leur condition. Par contre, les lettrés s’amusaient à imiter le parler populaire pour donner un cachet de vécu à leur créations. Par le biais des conscrits, la chanson est entrée dans le répertoire populaire.

La conscription instituée par la Révolution permet aux armées de bénéficier du soldat gratuit, une innovation sans précédent. Après la levée en masse de 1792, l’armée connaît de sérieuses difficultés de recrutement quand les volontaires veulent retourner chez eux. La conscription votée en 1793 va entraîner les grandes révoltes en province, celle de l’Ouest, dans le Sud-Est et le Sud-Ouest.

En 1810, l’Empereur épouse Marie-Louise, fille de l’empereur d’Autriche. Mais l’ère de paix qui consacrait cette union est de nouveau compromise, et pour certains, c’est sans enthousiasme qu’ils partent en campagne.

Thierry Bouzard
Docteur en histoire

Compositeur

Julien Tiersot

Partition

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