Poésie : Le Mérite des femmes , par Gabriel Legouvé, 1800

Gabriel Legouvé (1764-1812), dont le nom, de nos jours, n'est connu que des spécialistes, fut tout d'abord un dramaturge très apprécié sous la Révolution et sous l'Empire. Mais il aimait aussi à s'essayer à la poésie.

C'était un habitué du salon de Joséphine sous le Consulat, rue Chantereine. Effacé et timide, enclin à la mélancolie, il fallait insister pour qu'il consente à lire un de ses poèmes à haute voix. Il est vrai que jusqu'en 1800, ses contemporains jugeaient assez sévèrement son oeuvre poétique. On peut lire dans les journaux de l'époque : « Tout dans l'ampleur, rien dans la profondeur » ou encore « Legouvé n'a point d'âme, il n'a que de grands mots ».

La parution de son long poème Le Mérite des femmes fit taire un temps ces critiques, car ce fût un beau succès de librairie. Il n'y eut pas moins de trente rééditions tout au long du siècle qui lui assurèrent sa survie littéraire.

Extraits

Des fleurs ornent nos champs : mais pour les trahisons
Si plus d'une à la haine offre de noirs poisons,
En admettons-nous moins celles qui sur leur tige
D'innocentes couleurs étalent le prestige,
Et font à l'odorat, comme les yeux charmé,
Respirer le plaisir dans leur souffle embaumé ?
Les femmes, dût d'en plaindre une maigre envie,
Sont ces fleurs, ornemants du désert de la vie.
Reviens de ton erreur, toi qui veux les flétrir :
Sache les respecter autant que les chérir ;
Et, si la voix du sang n'est point une chimère,
Tombe aux pieds de ce sexe à qui tu dois ta mère.

Auteur : Legouvé, Gabriel
Titre : Le Mérite des femmes
Editeur : Impr. de P. Didot l'aîné, An IX
Description matérielle : 107 p., pl.

Retrouvez cette pièce en texte intégral sur Gallica, la bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k29704v Legouvé (Gabriel)