Cet ouvrage ne fut imprimé qu’en petit nombre, car il était réservé aux intimes. C’était un cadeau d’amitié et d’estime donné par la Reine Hortense. Fille de Joséphine de Beauharnais, éduquée à la pension de Mme Campan très en avance sur l’apprentissage des arts, Hortense a très tôt développé le goût de la musique et du chant.
Les romances sont de la main d’Hortense, sauf la première, « Le beau Dunois », plus connue sous le titre ultérieur de « En partant pour la Syrie » qui est l’oeuvre du comte Alexandre de Laborde (1774-1842). Archéologue, grand voyageur et ami d’Hortense, il faisait partie du cercle des intimes. En revanche l’auteur de la musique reste en débat : est-ce la Reine Hortense elle-même comme la tradition et les souvenirs de son fils, futur Napoléon III, tendraient à le prouver ? Ou est-ce, selon le musicologue Arthur Pougin, de la main d’un certain Louis-François-Philippe Drouet (1792-1855), flûtiste à la cour hollandaise de Louis, époux d’Hortense ?
Cette romance connut un vrai succès tant dans les salons que dans les rues, jouée à l’orgue de barbarie. Au Second Empire, Napoléon III en fit un hymne national semi-officiel.
Les douze planches de musique sont richement illustrées par une gravure en vis-à-vis dans le style Troubadour qui plaisait beaucoup à l’époque, notamment à Malmaison, demeure privée de l’Impératrice Joséphine où sa fille fit de fréquents séjours. Les gravures ont été réalisées d’après les dessins de Lancelot-Théodore comte Turpin de Crissé (1782-1859). Cet artiste, peintre d’histoire et de scènes de genre, également écrivain, commença sa carrière sous l’Empire. Il fut protégé par l’impératrice, entra dans le cercle privé et devint son chambellan après le divorce.
Le portrait d’Hortense en frontispice, en couleurs, fut gravé d’après un dessin de Jean-Baptiste Isabey (1767-1855), peintre et portraitiste. Cet artiste était également un familier de la cour de Joséphine.
Chantal Lheureux-Prévot juillet 2010