La pièce de théâtre au titre un peu étrange, « Le pied de mouton » fut un des plus grands succès populaire de la scène du Premier Empire. Pauvres et riches se précipitaient au nouveau Théâtre de la Gaité, boulevard du Temple, pour rire et s'émerveiller devant un spectacle complet. Au programme, une histoire d'amour contrariée, des méchants très bêtes, des situations comiques et beaucoup d'effets spéciaux théâtraux : ainsi les flammes jaillissent de la grotte infernale, la foudre gronde, des éclairs sillonnent l'air.
La pièce à un accent exotique, car elle se passe en Espagne, à une époque non précisée. La belle Léonora ne veut pas épouser le ridicule Dom Niaiso Sottinez de Nigaudinos (admirons la finesse du nom) choisi par son tuteur, car elle est amoureuse de Gusman, beau et intelligent (faut-il le préciser ?)
Gusman dans sa conquête de sa belle, est aidé par un génie (voilà la touche orientale) qui lui donne comme talisman … un pied de mouton !. Muni de ce porte-bonheur, un peu embarrassant, peu seyant en pendentif et difficile à glisser dans une poche, notre héros va aller d'aventures en aventures. Dans une grotte, il rencontre Vulcain, en personne, il se bat contre des cyclopes (voici pour la touche mythologique). Puis il lutte contre un ennemi féroce, pire les sirènes grecques : des duègnes, ces sévères gouvernantes espagnoles, transformées en musiciennes …
Le rythme est vif, plein de rebondissements et de courses-poursuites.
C'est une pièce vraiment drôle, qui fait penser à La folie des grandeurs avec de Funès et Montand et à ses espagnolades, grosses farces et bons mots.
Théâtre. 1er Empire. Le pied de mouton, 1807
Extraits
Le Génie. Es-tu brave ?Gusman. Belle question ! Je n'ai rien à perdre.
Le Génie. Eh bien contemple sans terreur et en silence la scène extraordinaire qui va se passer sous tes yeux.
(Le Génie fait une conjuration : la foudre gronde, des éclairs sillonnent l'air, des flammes sortent de la gueule d'enfer ; des démons apportent une cuve énorme, et un mouton qu'ils immolent. Au moment du sacrifice, la lune se colore d'une teinte rougeâtre. Les conjurations redoublent, le feu du ciel tombe sur la cuve, des flammes jaillissent. La victime est consumée. Il n'en reste qu"un pied intact, qu'un des démons présente avec respect au Génie).
Le Génie. Tiens reçois ce présent.
Gusman. Parbleu, voilà bien du bruit pour un pied de mouton
(Scène première)
Auteur : Ribié, César ; Martainville, Alphonse
Titre : Le Pied de mouton, mélodrame féerie-comique, en trois actes... Mélodrame, féerie comique, en 3 actes, à grand spectacle / par MM. Ribié et Martainville, Musique de M. Taix, représenté pour la première fois sur le théâtre de la Gaîté, 6 décembre 1806
Publication : Paris : Maldan, 1807
Retrouvez cette pièce en texte intégral sur Gallica, la bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k84984x
Ribié, César