Ce numéro est consacré à la guerre d'Indépendance espagnole :
– Napoléon, héritier des rapports entre l'Espagne et la France révolutionnaire (1795-1804), par Lluis Roura I Aulinas, p. 7-18
Les rapports entre l'Espagne et la France après la paix de Bâle se caractérisent par la continuité dans les motivations de fond d'une alliance politique, ainsi que par le maintien de l'attitude hégémonique et interventionniste de la France. Faute d'un véritable plan spécifique pour l'Espagne, la cohérence de la politique de Napoléon se comprend malgré la complexité des décisions et des intérêts en jeu, plutôt par la trajectoiredes rapports entre les deux pays depuis 1795. (L.R.A.)
– Méfiance entre les alliés. Les relations Napoléon-Godoy (1801-1807), par Emilio La Parra Lopez, p. 19-35
Au moment d'analyser sa trajectoire politique, Napoléon résumait ses relations avec Godoy en affirmant qu'ils avaient toujours essayé de se tromper mutuellement. Il parlait rarement de Godoy sur un ton favorable, exprimant toujours son mépris envers lui. Godoy, pourtant, ne méprisa jamais Napoléon et eut à son égard un sentiment mêlé d'admiration et de crainte. (E.L.P.L.)
– 1808-1814 : démographie et guerre en Espagne, par Esteban Canales, p. 37-52
L'article a pour objet l'étude des caractères et l'importance de la crise provoquée par la guerre qui ravagea le territoire espagnol entre 1808 et 1814 ; il s'agit à la fois d'estimer les pertes humaines subies à l'époque du conflit, d'examiner leur distribution dans le temps et dans l'espace, et d'évaluer ainsi l'impact de ces années sur l'évolution de la population espagnole. (E.C.)
– « Par delà les monts et dans le lointain » : l'armée britannique dans la péninsule ibérique 1808-1814, par Charles Esdaile, p. 53-70
Cer article discute la certitude des historiens de la période napoléonienne que l'Empire français fut seulement vaincu parce qu'il recourut aux armes de la Révolution française et, par-dessus tout, à la « nation en armes ». L'expérience britannique était très différente… (C.E.)
– Les élites et le peuple face à l'invasion napoléonienne : pratiques sociales traditionnelles et politique moderne 1808-1812, par Richard Hocquelet, p. 71-89
La guerre d'Indépendance espagnole comporte un paradoxe politique : l'écart entre la réaction patriotique à forte connotation réactionnaire et la proclamation de la constitution libérale de Cadix par ces mêmes patriotes. (R.H.)
– La guérilla espagnole dans la guerre contre l'armée napoléonienne (1), par Vittorio Scotti Douglas, p. 91-105
Après avoir exposé le changement de signification du mot espagnol guerilla, de l'acceptation originelle d' »opération militaire secondaire, conduite par de petits groupes de soldats » à celle, moderne, de « lutte armée de civils contre un envahisseur/occupant et ses alliés », le problème posé est celui de l'efficacité militaire de la guérilla antinapoléonienne. (V.S.D.)
– Crise de l'Etat et nouvelles autorités : les Juntes lors de la guerre d'Indépendance (1), par Antonio Moliner Prada, p. 107-128
Le but de cet article est de réviser les recherches menées ces dernières années au sujet des Juntes pour établir ainsi un état de la question. On ne peut parler de révolution populaire, car le peuple est absent des Juntes. Mais on ne peut pas analyser ces dernières sans le soulèvement populaire qui précéda leur formation. (A.M.P.)
– La guerre d'Espagne dans la presse impériale 1808-1814, par Jean-René Aymes, p. 129-145
Compte tenu des impératifs rigoureux de propagande officielle, la tournure de plus en plus inquiétante prise par les événements dans la Péninsule entre 1808 et 18147 interdit de faire tourner à la gloire des militaires napoléoniesn l'intervention au sud des Pyrénées. (J.R.A.)
– La Gazette nationale de Saragosse. Entre collaboration et Afrancesamiento, par Frédéric Dauphin, p. 147-168
Février 1809, Saragosse « la résistante » tombait sous les coups de canons des armées napoléoniennes. L'occupation militaire était à peine commencée que la Gazette nationale de Saragosse voyait le jour avec pour but évident de mettre à mal la résistance espagnole. C'est ainsi que penant près de trois années, cette gazette fera, à l'instar de ses consoeurs afrancesadas, contreproids aux gazettes « insurgées » dans une sorte de « guerre des presses », modèle réduit de la guerre d'Indépendance. (Fr. D.)
– Joseph Ier et les Afrancesados, par Xavier Abeberry Magescas, p. 169-184
Les ministres afrancesados encouragèrent Joseph Bonaparte à prendre au mot des proclamations de Napoléon sur la régénération, l'intégrité et l'indépendance de l'Espagne après la subsitution dynastique. Mais, face à la résistance du camp patriotique, seule la « conquête » de l'Espagne par l'armée impériale permit à Joseph de rester sur le trône. (X.A.M.)
– Napoléon, anti-Napoléon en Espagne à partir de 1815, par Alberto Gil Novales, p. 185-197
La quantité des oeuvres publiées en Espagne sur Napoléon peut paraître surprenante. Elle n'exclut pas des titres originaux. La curiosité pour en savoir un peu plus sur l'empereur a été une constante dans la péninsule. Les circonstances politiques du pays ont contribué à l'essor de la bibliographie sur Napoléon. (A.G.N.)
– L'influence du modèle napoléonien en Espagne 1814-1845, par Jean-Philippe Luis, p. 199-219
Se réclamer de l'influence napoléonienne est impossible dans l'Espagne des lendemains de la guerre d'Indépendance. Pourtant l'évolution de la Révolution libérale qui vit progressivement l'emporter un libéralisme oligarchique conservateur valorisa de plus en plus ouvertement un modèle d'Etat qui est celui de la France post-napoléonienne, centralisateur, uniformisateur et autoritaire. (J.Ph.L.)
– Le libéralisme insurrectionnel espagnol 1814-1830 (1), par Irène Castells, p. 221-233
Dans cet article, nous essayons d'expliquer le modèle révolutionnaire surgi en Espagne entre 1814 et 1820. Il se basait sur la conspiration dans des sociétés secrètes pour préparer le pronunciamiento insurrectionnel, dont l'objectif politique était l'implantation de la Constitution espagnole de 1812, par laquelle les principes de la Révolution française se propagèrent en Europe. (I.C.)
Renseignements : Société des Etudes robespierristes, Annales historiques de la Révolution française, 17 rue de la Sorbonne, 75231 Paris cedex 05.