L’Histoire n° 532 (juin 2025) : « La première guerre d’Algérie »

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L’Histoire n°532 (juin 2025), attirera l’attention des amateurs d’histoire du XIXe siècle pour les articles suivants :

DOSSIER : 1830-1871. La Première Guerre d’Algérie
Ce dossier explore la conquête de l’Algérie par la France, de 1830 à 1871, une période marquée par une violence extrême. L’auteur, Alain Ruscio, docteur en histoire, spécialiste de l’histoire coloniale de la France, replace cet événement dans un contexte historique plus large, soulignant que la colonisation n’était pas simplement une réponse à un incident diplomatique mineur, mais un projet politique et économique de longue haleine. Le débarquement des troupes françaises à Sidi-Ferruch en 1830 marque le début d’une guerre de quarante ans, caractérisée par la brutalité et la résistance acharnée des Algériens.

Bugeaud en procès
Cet article examine la figure controversée du maréchal Bugeaud, gouverneur de l’Algérie à partir de 1840. Il est à la fois célébré pour son engagement au service de la France et détesté pour la cruauté de sa politique de la terre brûlée. Tramor Quemeneur, docteur en histoire, spécialiste de l’histoire coloniale de la France, retrace le parcours de Bugeaud, de ses faits d’armes sous Napoléon à son rôle central dans la conquête de l’Algérie, en mettant en lumière les débats et les controverses qui entourent son action. Il se questionne sur l’opportunité de le condamner pour son rôle dans la conquête.

Abd el-Kader, une si longue résistance
Ahmed Bouyerdene, chercheur à l’Ireman et à l’université d’Alger-I, membre de la chaire Unesco « émir Abd el-Kader pour les droits de l’homme et la culture de la paix », explore le parcours d’Abd el-Kader, de sa formation religieuse à son rôle de chef de la résistance algérienne. Il souligne comment cet homme, initialement destiné à une carrière spirituelle, est devenu un symbole de la lutte contre la colonisation française. Son projet d’État centralisé échoue en 1847, mais son héritage en tant que figure de la résistance perdure.

Mon village à l’heure française
Colette Zytnicki, professeure émérite à l’université Toulouse-Jean-Jaurès, se penche sur l’exemple de Draria, un village fondé par les Français près d’Alger en 1842. Elle montre comment la politique de peuplement mise en œuvre par la France a transformé les campagnes algériennes, créant des villages européens « ex nihilo » tout en entraînant la dépossession des populations autochtones. Elle souligne les ambivalences de cette stratégie, qui visait à la fois à peupler, à mettre en valeur et à sécuriser les zones conquises.

« Les esprits sont mûrs… »
Benjamin Stora, professeur des université, analyse l’évolution de la perception du passé colonial en France. Il constate un intérêt nouveau pour cette période, bien que les acquis de la recherche aient du mal à infuser le débat public. Il souligne que l’amnésie qui a longtemps entouré la guerre de conquête a commencé à se dissiper il y a une vingtaine d’années, grâce à la mobilisation de la société, du monde académique, institutionnel et politique. Il montre que les Français sont désormais plus disposés à regarder leur passé colonial en face, bien que le chemin à parcourir reste encore long.

Également, des articles sur le XIXe siècle dans L’Histoire :

Martin Nadaud, transfuge de classe ?
Ce titre, sous forme de question, attire l’attention sur la trajectoire atypique de Martin Nadaud, un ancien ouvrier maçon devenu député. L’expression « transfuge de classe » suggère une ascension sociale remarquable, interrogeant la manière dont Nadaud a dépassé son milieu d’origine et les facteurs qui ont contribué à son succès. Carole Christen, professeure d’histoire à l’université Le Havre Normandie, membre honoraire de l’Institut universitaire de France, explore son parcours, notamment à travers ses Mémoires, en mettant en lumière le rôle de l’éducation populaire au XIXe siècle.

Est-il légitime d’hériter ?
Catherine Brice, professeure émérite à l’université Paris-Est-Créteil, aborde un sujet central des débats politiques et sociaux du XIXe siècle : la légitimité de l’héritage. Il annonce une analyse des différentes conceptions de la propriété et de la transmission des biens, en explorant les réflexions des penseurs politiques de l’époque. Le titre promet une remise en question des idées reçues sur l’héritage et une exploration de ses implications sociales.

<i>L’Histoire</i> n° 532 (juin 2025) : « La première guerre d’Algérie »

Présentation

En Algérie, du débarquement des troupes françaises dans la baie de Sidi-Ferruch en juin 1830 jusqu’à la révolte kabyle de 1871, quatre décennies de conflit ont donné le ton aux cent trente-deux ans qu’aura duré la colonisation.

La conquête s’est faite dans une violence documentée depuis longtemps. On l’a surtout racontée en mettant face à face deux grandes figures : d’un côté, le maréchal Bugeaud, de l’autre, l’émir Abd el-Kader, à la tête de la résistance. Le premier est critiqué pour la cruauté de la politique de la terre brûlée qu’il a encouragée, tandis que le second continue d’incarner la nation algérienne.

La monarchie de Juillet décida de faire de l’Algérie une colonie de peuplement, installant des civils européens dans les campagnes algériennes spoliées. Des deux côtés de la Méditerranée, les populations sont-elles aujourd’hui prêtes à entendre cette histoire ?

Par Ahmed Bouyerdene, Michel Pierre, Tramor Quemeneur, Alain Ruscio, Ouanassa Siari Tengour, Benjamin Stora, Colette Zytnicki.

► L’Histoire est disponible en kiosque et en format numérique.

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