« C'est au début du XIXe siècle que sont apparues les agences matrimoniales en France. A une époque pourtant où le mariage était encore perçu comme une institution sacrée.
L'activité relevait alors de l'univers un peu trouble des « agences d'affaires ». On appelait ainsi ces nombreuses officines qui, contre rémunération, offraient à leurs clients des services de toutes sortes […]. Négocier des mariages, ce qu'en termes professionnels on appelait le « courtage matrimonial », fut donc d'emblée au nombre de leurs activités. Dès la révolution, un « Bureau de confiance » publie ainsi une feuille d'annonces intitulée : L'Indicateur des mariages. Au même moment, madame guillemet réunit chaque semaine des jeunes gens à marier dans son hôtel de la rue de l'Ecole de Médecine. « Il ne se passe pas une semaine à paris où l'on ne trouve quelque proposition de mariage dans les feuilles publiques. », écrit le dramaturge allemand August von Kotzebue dans ses Souvenirs de Paris en 1804. En 1811, M. Villiaume, qui tient une agence rue saint augustin, se prétend même l'inventeur de « cette spécialité ». Mais il faut attendre M. de Foy pour que soit attestée, en 1825 la première agence strictement « matrimoniale ». Le fonctionnement était simple : il suffisait de s'inscrire sur ses registres et de laisser agir le directeur. […] Foy ne demandait pas d'acompte, mais si le mariage aboutissait, il se réservait 5% de la dot. Sa réputation qui était excellente, fit de lui la figure tutélaire de la profession. Assez lent jusqu'en 1870, l'essor des agences est spectaculaire après cette date… »
L'Histoire, n°365, juin 2011, art. de Dominique Kalifa, pp. 76-79