L’Histoire n°528 (février 2025) : « Guerre de Crimée »

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Le dossier sur la guerre de Crimée présenté dans le dernier numéro de L’Histoire couvre divers aspects de ce conflit qui opposa, de 1853 à 1856, la Russie à l’Empire ottoman soutenu par la France et la Grande-Bretagne. Le dossier souligne l’importance stratégique de la mer Noire et des Détroits, les innovations militaires comme l’utilisation de navires cuirassés et de bombardements d’artillerie massifs, ainsi que le désastre sanitaire qui a entraîné la mort de trois quarts des soldats par maladie. Le dossier aborde également les répercussions profondes sur les sociétés du pourtour de la mer Noire, notamment la russification et la christianisation de la Crimée, l’essor du reportage et de la photographie de guerre, et l’impact durable sur la mémoire collective, particulièrement en Russie où de nombreux monuments commémoratifs ont été érigés.

Une carte et cinq articles couvrent ce dossier de 36 pages :

• « Carte : la mer Noire au cœur des combats » (p. 32-33). Cette double page présente une carte détaillée montrant les principaux lieux de la guerre de Crimée autour de la mer Noire, permettant de visualiser le théâtre des opérations militaires.

• « 1853-1856 : dixième guerre russo-ottomane, ou le martyre de la Crimée » (p. 34-47) : une analyse de la guerre de Crimée décrite comme la première guerre moderne, caractérisée par l’utilisation de navires cuirassés, des bombardements massifs et une logistique mondiale. Elle représente une victoire de prestige pour Napoléon III et marque un ébranlement du « concert européen » établi en 1815. Le conflit a entraîné d’importantes innovations militaires et médicales. Par Masha Cerovic, maîtresse de conférence à l’EHESS et directrice du Centre d’études russes, caucasiennes, est-européennes et centrasiatiques.

• « Sébastopol à tout prix » (p. 48-49) : une analyse du siège de Sébastopol en 1854-1855. La ville, mal préparée au début, voit sa population se mobiliser pour sa défense. Les Russes subissent des bombardements intenses et des problèmes de ravitaillement. La prise de la redoute de Malakoff par les Français en septembre 1855 marque la fin du siège. Après la guerre, un mythe de la défense héroïque de Sébastopol se construit dans la mémoire russe. Par Masha Cerovic.

• « Un désastre sanitaire » (p. 50-55) : le conflit s’avère être l’un des plus meurtriers, principalement à cause des maladies. Les alliés mettent en place un dispositif sanitaire comprenant des ambulances et des hôpitaux, mais sous-estiment initialement les besoins. Une épidémie de choléra aggrave la situation. Cette catastrophe sanitaire conduit à une remise en question des pratiques médicales de l’époque. Par Claire Fredj, maîtresse de conférences à l’Université Paris Nanterre.

• « La « guerre d’Orient » si loin, si proche » (p. 56-61) : les origines du conflit sont confuses, découlant d’une dispute religieuse à Bethléem. Initialement perçue comme une guerre lointaine et limitée, elle s’avère finalement être le troisième conflit le plus meurtrier du XIXe siècle. Cette guerre donne lieu à une célébration de l’alliance franco-britannique et contribue à forger une représentation de la Russie comme nouvelle frontière orientale barbare de l’Europe. Par Sylvain Venayre, professeur à l’Université Grenoble Alpes.

• « D’Alexandre II à Vladimir Poutine. Les vagues de la mémoire russe » (p. 62-65) : contrairement à la France, la mémoire de ce conflit reste très présente en Russie. Elle s’inscrit dans les lieux physiques comme les cimetières et monuments en Crimée, mais aussi à travers des médailles et commémorations dans tout l’Empire russe. Des récits littéraires, comme ceux de Tolstoï, contribuent à entretenir cette mémoire. Elle a été préservée à l’époque soviétique et continue d’être vivace jusqu’à aujourd’hui. Par Marie-Pierre Rey, professeure émérite à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

<i>L’Histoire</i> n°528 (février 2025) : « Guerre de Crimée »

Présentation

Que sait-on de la guerre de Crimée ? Qui sait que, à Paris, le « zouave du pont de l’Alma » est un hommage aux soldats français morts dans cette péninsule russe ?
Ce conflit qui opposa, de 1853 à 1856, la Russie à l’Empire ottoman, soutenu par la France et la Grande-Bretagne, fut pourtant un événement majeur. Sur le plan militaire, il marque une étape dans l’armement.
Catastrophe sanitaire au cours de laquelle périrent de maladies les trois quarts des soldats, il oblige à réformer le service de santé des armées. Il voit l’essor du reportage et de la photographie de guerre. Il démontre l’importance stratégique de la mer Noire et des Détroits.
Depuis une dizaine d’années, les historiens étudient les répercussions brutales et profondes sur les sociétés que cette guerre a provoquées. La Crimée, péninsule tatare et grecque où dominait l’islam, a été russifiée et christianisée, au prix d’une crise humanitaire sans précédent. Tout le pourtour de la mer Noire fut transformé.

Par Bruno Cabanes, Masha Cerovic, Claire Fredj, Marie-Pierre Rey, Laurent Theis, Sylvain Venayre.

► L’Histoire est disponible en kiosque et en format numérique.

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