Le paludisme fut certainement à l'origine des décès de nombreux chefs de guerre parmi lesquels Alexandre le Grand, mais il a surtout déterminé l'issue de maintes campagnes militaires en décimant les armées. Bonaparte, familiarisé aux fièvres palustres en Corse, avait compris le principe de la lutte antipaludique. Déjà, lors de la campagne d'Egypte, il mit un soin particulier à protéger ses troupes (emplacement des camps, port de vêtements longs, bains interdits après le coucher du soleil) et dix ans plus tard, il put vaincre l'armée anglaise en Hollande en se servant des fièvres. En 1809, en effet, les Anglais débarquèrent dans l'île de Walcheren face au port d'Anvers tenu par les Français. Napoléon prédit : « Ne bougez pas, l'île n'est qu'un marécage, remettez-vous-en aux moustiques, les Anglais périront par l'inaction et la fièvre ». Ce qui advint.
Le Médecin de réserve, 30 juin 1999, Médecin en chef J.E. Touzé, p.9-16.