L'une des plus belles collections au monde de mobilier et objets d'art décoratif Empire peut être admirée au musée de l'Ermitage, dans l'aile, récemment restaurée, de l'Etat-major conçu par Karl Rossi de 1819 à 1829. Cette exposition « Sous le signe de l'Aigle », occupe les dix salles de l'appartement du ministre des Affaires étrangères (le chancelier Karl Robert Nesselrode), appartement dont l'esprit s'accorde parfaitement avec les oeuvres présentées. Provenant des ateliers parisiens de P.-Ph. Thomire, des Frères Jacob, de M.-G. Biennais ou de la Manufacture de Porcelaine de Sèvres, les visiteurs peuvent ainsi s'émerveiller devant une paire de candélabres en forme de trophée de guerre sur un socle de marbre vert. Le musée de l'Ermitage possède également 10 pièces du service égyptien (Manufacture de Porcelaine de Sèvres, 1804-1808 ; la majeure partie du service est conservée au Musée de céramique à Kouskovo, près de Moscou), service offert à l'Empereur Alexandre Ier par Napoléon lors de leur rencontre à Erfut en 1808. Une pièce entière est consacrée à Eugène de Beauharnais, dont le fils Maximilien épousa la fille de Nicolas Ier : on peut y admirer une table-guéridon tripode en bois, bronze et mosaïque (provenance : coll. de Maximilien fils d'Eugène de Beauharnais, duc de Leuchtenberg) ou une console sur pieds en forme de sphinx avec plateau de mosaïque (signalée dans l'inventaire Joséphine N 1540, puis possession de son fils Eugène de Beauharnais, enfin de son petit-fils Maximilien), des pièces du Service d'Eugène de Beauharnais, remarquable production de la Manufacture de Dihl et Guérhard.
L'Objet d'art – L'Estampille, juin 2000, n° 348, Tamara Rappé, conservateur à l'Ermitage, p. 52-61.