La fête impériale sous le Second Empire > Bal costumé au palais des Tuileries

Artiste(s) : CARPEAUX Jean-Baptiste
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La fête impériale sous le Second Empire > Bal costumé au palais des Tuileries

1867. Paris brille de tous ses feux à l’occasion de l’Exposition universelle qui attire près de 7 millions de visiteurs. Les souverains et l’élite de l’Europe entière se pressent aux festivités organisées par le pouvoir impérial. La fête est permanente. Le journaliste Henri Rochefort ironise : « Paris, que l’on avait surnommé la tête de la France, n’en est plus que les jambes ». Sculpteur proche de la famille impériale, Jean-Baptiste Carpeaux fréquente les bals et les réceptions officielles en véritable observateur du spectacle mondain. Il en tire pour lui seul une série de petites toiles révélant un peintre d’un talent équivalent à celui du sculpteur virtuose. Lui-même disait en parlant de peinture : « J’aime cet art avec passion, il me révèle plus que ma chère sculpture ».

À plusieurs reprises, Carpeaux met en scène le couple impérial lors des grands bals donnés aux Tuileries. L’entrée de l’Impératrice Eugénie au bras du tsar Alexandre II ou, comme ici, Napoléon III accompagnant une belle inconnue que la légende a longtemps confondu avec la comtesse de Castiglione, la plus célèbre des maîtresses de l’empereur. Mais, en 1867, leur liaison est terminée depuis longtemps et l’identification de la dame demeure incertaine. Jamais exposées du vivant de l’artiste, ces petites études peintes restituent de façon féerique la brillance superficielle de l’époque.

Si la composition du tableau reste très classique, la facture de l’œuvre a le caractère et la liberté d’une esquisse. Les personnages au premier plan ne sont que des silhouettes rapidement brossées mais la figure de l’empereur y est immédiatement reconnaissable. Le reste de l’assemblée n’est faite que de vives notations qui transcrivent parfaitement l’effervescence d’une foule. La scène baigne dans une belle lumière dorée et dégage une vie intense. L’instantanéité de la vision, le frémissement de la touche, l’inachèvement de l’ensemble sont des moyens annonçant déjà l’impressionnisme et font de Carpeaux un peintre d’une extraordinaire modernité.

Karine Huguenaud, juin 2002

Date :
1867
Technique :
huile sur toile
Dimensions :
H = 0,56 m, L = 0,46 m
Lieux de conservation :
Paris, musée d'Orsay
Crédits :
© RMN
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