Autour de quelques chefs-d’oeuvre de la peinture napoléonienne

Auteur(s) : FONDATION NAPOLÉON
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En partenariat avec la Bibliothèque Paul Marmottan de Boulogne et Connaissance des Arts, la Fondation Napoléon a organisé le 25 novembre 2008, une journée « Autour de quelques chefs-d’oeuvre de la peinture napoléonienne ». En voici les présentations.

Autour de quelques chefs-d’oeuvre de la peinture napoléonienne
David, Le sacre de Napoléon, Musée du Louvre. © RMN.

« Le sacre de Napoléon » par David ou le couronnement des ambitions, par David Chanteranne

Paradoxalement, le Sacre de l’Empereur Napoléon Ier et couronnement de l’Impératrice Joséphine dans l’église Notre-Dame de Paris, 2 décembre 1804 demeure à la fois le tableau le plus célèbre de toute l’épopée impériale et le moins exposé au regard de ses contemporains. De retour d’Italie en 1797, son premier portrait de Bonaparte alors inachevé, le peintre David avait confié à ses élèves : « Oh ! mes amis quelle belle tête il a ! C’est pur, c’est grand, c’est beau comme l’antique ! […] c’est un homme auquel on aurait élevé des autels dans l’antiquité ; oui, mes amis ; oui, mes chers amis ! Bonaparte est mon héros ». Aussi tout naturellement retrouve-t-on sept années plus tard le maître néoclassique derrière son chevalet, avec cette fois le titre de Premier Peintre, pour éterniser les cérémonies inaugurales du nouveau régime. Le résultat, présenté pour la première fois au couple impérial en janvier 1808, provoquera chez Napoléon une admiration teintée de surprise : « David, vous m’avez fait chevalier français » !
Par l’histoire de sa création, ses dimensions, ses quelques deux cents portraits réunis, les changements opérés par l’artiste dans la composition finale et surtout ses libertés prises avec la réalité historique, cette œuvre constitue un étonnant reportage, entre propagande et fidélité adaptées. Cette toile révèle le couronnement d’ambitions croisées. Jamais son succès ne s’est démenti, en témoignent les milliers de visiteurs qu’elle fédère au musée du Louvre mais aussi à Versailles dans sa réplique de 1822.

David Chanteranne est historien et historien de l’art, diplômé de l’université de Paris-Sorbonne.
– Rédacteur en chef des magazines Napoléon 1er, Napoléon III et Guerre d’Algérie.
– Collaborateur à la Revue du Souvenir Napoléonien.
– Élève de Jean Tulard et auteur de livres et articles sur la période du Consulat et de l’Empire.

Quelques publications :
Napoléon à l’écran. Cinéma et télévision (avec Isabelle Veyrat-Masson), Paris, Nouveau Monde Éditions / Fondation Napoléon, 2003.
Sur les pas de Napoléon Ier en terre de France, Rennes, Ouest-France, 2004.
Le Sacre de Napoléon, Paris, Tallandier, 2004.
Le Sacre de Napoléon par David (catalogue du Musée du Louvre, avec Sylvain  Laveissière et Alain Pougetoux), Paris, 5 Continents, 2004.
Austerlitz (avec Renaud Faget), Paris, Perrin, 2005.

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« Napoléon Ier sur le trône impérial » par Ingres, le pouvoir en majesté, par Karine Huguenaud

Ingres, Napoléon 1er sur le trône impérial, Musée de l'Armée. © Musée de l'Armée.Rompant avec les conventions du portrait royal d’Ancien Régime, Ingres brosse en 1806 une impressionnante effigie de Napoléon se rattachant aux codes de représentation de l’antiquité et du Moyen-Age. Parfaite incarnation du chef suprême, l’Empereur y est mis en scène sur le trône impérial avec tous les attributs du pouvoir, le « grand habillement » du sacre, les regalia hérités de la monarchie, le sceptre, la main de Justice, auxquels s’ajoutent les emblèmes et les insignes du nouveau régime, l’aigle, les abeilles, le grand collier de la Légion d’honneur. La frontalité de la pose, la solennité sévère de l’attitude, le hiératisme du visage marmoréen renvoient à l’image d’un dieu en majesté, référence non dénuée de sens dans un contexte de légitimation dynastique.
Synthèse iconographique du pouvoir absolu, Napoléon Ier sur le trône impérial dépasse le traditionnel portrait d’un souverain pour prendre valeur d’allégorie  politique.

Responsable des collections, Karine Huguenaud a été commissaire de plusieurs expositions sur Napoléon (Brésil 2003, Paris 2004-2005, Mexique 2006, Allemagne 2007, Italie 2008).

Quelques publications :
– Balades napoléoniennes dans Paris, Consulat et Premier Empire (nouveau monde éditions, 2006)
– Guide du collectionneur napoléonien (Editions Napoléon 1er, 2007).
– Avec Bernard Chevallier, Napoleone fasto imperiale. I Tesori della Fondation Napoléon, catalogue de l’exposition du Museo napoleonico de Rome et du Museo nazionale delle residenze napoleoniche de l’Ile d’Elbe, Sillabe, 2008.

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« La Bataille d’Eylau » d’Antoine-Jean Gros à travers sa réception critique sous l’Empire, par Irène Perret

Gros, La bataille d'Eylau, Musée du Louvre. © RMN.Il s’agira de traiter principalement de la réception critique sous le Premier Empire de cette oeuvre de propagande napoléonienne, depuis l’exposition de son esquisse lors du Concours d’esquisses de la Bataille d’Eylau en 1807 jusqu’à l’exposition au Louvre des oeuvres concourant aux Prix Décennaux en 1810. La réception du tableau au Salon de 1808 sera également largement abordée lors de l’intervention.
Ainsi l’étude de ce tableau sera particulièrement axée sur l’accueil de La Bataille d’Eylau, réservé par les contemporains de Gros afin d’apporter une connaissance approfondie de la réception critique de ce chef-d’œuvre de Gros.

Irène Perret a obtenu une  bourse de la Fondation Napoléon en 2005 et soutenu sa thèse en 2007 sur « La critique d’art sous le Premier Empire », sous la direction du professeur Bruno Foucart.
– Participation au colloque sur les Salons d’Empire à la Bibliothèque Marmottan : « Le Salon de 1810 » (21-22 novembre 2003).
– Intervention  lors d’une après-midi de conférences autour du thème « Promenade et conversation dans la peinture de paysage néoclassique » à la Bibliothèque Marmottan ; sujet de l’intervention : « Le paysage dans la critique d’art sous le Consulat et l’Empire » (12 mai 2007).

Quelques publications :
– « Réception critique de Napoléon sur le champ de bataille d’Eylau d’Antoine-Jean Gros sous le Premier Empire », Napoleonica La Revue, n° 4, janvier 2009, p. 50-61
–  « Le Serment de l’Armée fait à l’Empereur après la distribution des Aigles au Champ de Mars » par Jacques-Louis David, histoire d’un tableau », paru en 2008 dans La Revue de l’Institut Napoléon (n° 195, 2007-II).
– Collaboration à la publication de la Correspondance de Napoléon 1er pour les  volumes IV (paru en 2007), VI et IX.
–  Article des actes du colloque sur les Salons d’Empire : « Le Salon de 1810 » (à paraître).

« Madame Récamier » par François Gérard, par Elodie Lerner

Gérard, Madame Récamier, Musée Carnavalet. Photo de l'auteur.
Madame Récamier
de François Gérard tient du symbole.
Cette peinture peut tout d’abord être regardée comme un bijou de l’art consulaire. Alors, les peintres s’appuient volontiers sur l’héritage académique ; mais, simultanément, dans le sillage du célèbre David, ils osent la modernité. Leur touche se fait parfois plus audacieuse et ils intègrent des éléments décoratifs contemporains, aux lignes épurées inspirées de l’antiquité.
Ce tableau est aussi emblématique d’une époque, celle de la formation des élites  qui  seront actives pendant l’Empire et bien au-delà. Elles constituent une clientèle  précieuse pour le peintre et de la réalisation de ce tableau naîtra ainsi une suite de collaborations artistiques impliquant des personnalités telles que  Mme de Staël ou  encore Chateaubriand.
Enfin, et surtout, la Récamier de Gérard apparaît comme un symbole universel de l’amour. Jugée comme une des plus belles femmes de son temps, elle fit tourner la  tête notamment de Lucien Bonaparte ou du prince Auguste de Prusse qui reçut cette toile comme une preuve d’amour.

Elodie Lerner a soutenu sa thèse de Doctorat d’histoire de l’art sur « François Gérard (1770-1837), peintre d’histoire » en 2005, à la Sorbonne Paris-IV, sous la direction du Professeur Bruno Foucart.
Elle a été assistante du chef de projet de l’édition de la Correspondance de Napoléon Ier,  à la Fondation Napoléon.

Quelques publications :
– « « Le Sacre de Charles X » par François Gérard », in la Revue des musées de France,  Revue du Louvre, février 2008.
– « « La bataille d’Austerlitz » de François Gérard», in La Revue de l’Institut  Napoléon, n°191, 2005-II, décembre 2005.
Gérard, Girodet, Gros, l’atelier de David, catalogue de l’exposition organisée par le  Musée du Louvre du 22 septembre 2005 au 16 janvier 2006, Paris et Milan, coédition  du Musée du Louvre et des 5 continents, 2005 (paru en langue française et anglaise).

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Après la bataille : le « Carabinier » de Théodore Géricault, par Cyril Lécosse

Géricault, Carabinier, Musée du Louvre. © RMN.
Le Carabinier du Louvre est souvent présenté comme une étude possible du Cuirassier blessé exposé au Salon de 1814. Au même titre que la plupart des portraits exécutés par Géricault, ce militaire désarmé, peint dans des dimensions importantes, est un anonyme. A cette lacune identitaire s’ajoute l’isolement du personnage sur un fond sombre, qui l’exclut de tout contexte narratif. L’absence d’indices éloigne ce personnage des modes de figuration traditionnels : nous sommes très loin du portrait de propagande politique et de reconnaissance sociale mis en place sous la Révolution et l’Empire. Anonyme et isolée, cette figure monumentale est-elle pour autant dénuée de toute arrière-pensée idéologique ?
Une étude approfondie de l’iconographie de cette toile replacée dans l’oeuvre de Géricault et dans le climat politique et social des années 1814-1818 sera l’occasion de proposer quelques hypothèses quant à la datation et au sens de ce portrait emblématique.

Doctorant en histoire de l’art et ancien chargé d’études à l’INHA, Cyril Lécosse est l’auteur de plusieurs articles et essais sur l’art de la Révolution française et de l’Empire. Il a reçu une bourse de la Fondation Napoléon en 2007 pour son projet de thèse sur Jean-Baptiste Isabey (1767-1855) : l’artiste et son temps. Il enseigne actuellement à l’université de Reims, à l’école du Mobilier National et à l’EAC.

Quelques publications :
Ses différents travaux concernent notamment l’évolution du statut social de l’artiste au tournant des XVIIIe et XIXe siècles, le statut complexe de l’artiste de cour sous l’Empire, et les effets de la rébellion bonapartiste dans les arts sous la Restauration.

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1814 : peindre « la chute de l’aigle », par Juliette Glickman

Meissonier, La campagne de France, Musée d'Orsay. © RMN.
« Que de fois j’ai vu l’Empereur en rêve ! » confessait Meissonier, hanté par le souvenir de Napoléon. Peintre de genre, il présente au salon de 1864 son Napoléon III à la bataille de Solferino : les champs de bataille du Second Empire incitent Meissonier à se confronter à l’épopée impériale. Une suite de cinq tableaux avait été initialement prévue, de 1796 à 1815, de la campagne d’Italie au pont du Bellérophon.
Si le projet resta en partie inachevé, 1814. La Campagne de France est présenté au Salon de 1867. C’est un des rares tableaux qui met explicitement en scène la défaite : enlisement de la légende, malgré l’obstination marquée sur le visage de l’Empereur. Le tableau, par un réalisme froid, soigne le sens des détails, à commencer par la  galerie de portraits militaires nettement identifiables (Ney, Drouot, Berthier…). Récusant tout héroïsme, adoptant une distance critique envers la légende, le tableau témoigne d’une perspective étonnante de la part d’un peintre officiel : l’isolement  accentué du souverain, à la silhouette grandie par l’effet de contre-plongé, conduit au naufrage de la Grande Nation, dans une suggestion déchirante de la patrie envahie. Le pouvoir absolu, même dominé par un génie, aboutit au désastre, dans une prescience de la défaite à venir.
Evocation tardive de l’épopée, rompant avec la norme héroïque et optimiste du tableau napoléonien, la toile ne peut s’abstraire du contexte politique de sa création :  abandon du pouvoir personnel par Napoléon III et méfiance envers les aventures  militaires, alors que le souverain régnant se glorifie en tant que prince de la paix. La valeur prophétique du tableau n’en est que plus glaçante.

Juliette Glikman est agrégée et docteur en histoire, diplômée de Sciences Po, actuellement chargée de cours à la Ville de Paris.

Quelques publications :
– Hors-série de Parlement(s), octobre 2008 : « Voeu populaire et bien public sous le second Empire ».
– Revue de l’Institut Napoléon (n°196, 2008) : « Métamorphoses napoléoniennes. Napoléon Ier, figure politique du second Empire ».
– Article dans Napoleonica : « Le mythe de la quatrième race sous le Second Empire » (2008/3).
– Actes du colloque Le château à la une, Périgueux 2008, sur « Louis-Napoléon au fort de Ham ».

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« L’exécution du maréchal Ney » de Jean-Léon Gérôme, par Arnaud Bertinet

Gérôme, L'exécution du maréchal Ney, Sheffield Galleries. © Sheffield Galleries.
Scandale au Salon de 1868 ! Jean-Léon Gérôme, peintre de La réception des ambassadeurs de Siam Par Napoléon III et Eugénie à Fontainebleau, défraie la chronique avec un tableau qui offense le prince de la Moskowa, fils du maréchal Ney, au point que ce dernier demande au surintendant des Beaux-Arts Alfred-Émilien de Nieuwerkerke d’intervenir auprès de l’artiste afin qu’il retire son oeuvre, sans succès. 7 décembre 1815, neuf heures du matin. L’Exécution du maréchal Ney, représente en effet la terrible fin par un matin d’hiver sombre et brumeux du héros de la retraite de Russie, condamné à mort par la chambre des Pairs et abandonné dans la boue aux alentours de l’Observatoire. Stigmatisé par les différents partis comme « Flagorneur du Gouvernement impérial » ou éternel mécontent alors « qu’on l’a nommé officier de la Légion d’honneur », Gérôme considère simplement que les peintres ont « le droit d’écrire l’histoire avec leur pinceau aussi bien que les littérateurs avec leur plume ». En peignant une scène brute et terrible dans l’instantané de l’action, Gérôme met alors en lumière en cette fin de Second Empire, dans une composition forte et originale au pathos intense, la triste mort du héros napoléonien dont le coeur « palpite et saigne » encore.

Arnaud Bertinet, boursier de la Fondation Napoléon en 2004, termine actuellement sa thèse d’Histoire de l’Art sur « La politique artistique du Second Empire, l’institution muséale  sous Napoléon III », sous la direction de M. le professeur Dominique Poulot.
– Attaché temporaire d’enseignement et de recherche à l’université Paris IV Sorbonne

Quelques publications :
– « De la Société des Antiquaires de Picardie au Musée Napoléon : les origines du musée des beaux-arts d’Amiens sous le Second Empire », Les Associations de sauvegarde du patrimoine, entre partage des savoirs et construction des identités, XIXe-XXe siècles, laboratoire Art-Politique-Institution, dirigée par Dominique Poulot, Actes de la journée d’étude Université Paris I – INHA, 7 juin 2006, à paraître.
– Compte-rendu de lecture de l’ouvrage de Alain Bonnet, L’enseignement des Arts au XIXe siècle, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2007, pour la rubrique « Bibliographie critique » de la Revue de l’art, à paraître.
– « Les musées de Nantes et Montpellier : deux collections représentatives en région », Revue Histoire de l’Art, n° 62, Paris, juin 2008, p. 89-97.
– « J’avais tant de fois désiré voir l’Orient, E. Delacroix », Plume, Le magazine des lettres et des écritures, n° 44, mars 2008.
– « La Maison-Musée de Longeville-lès-Metz », Auguste Migette ou la Chronique du pays messin, catalogue d’exposition, Metz, Musées de la Cour d’Or, Éditions Serpenoise, 2002.

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