14 juin 1856 : Le Baptême du Prince impérial

Auteur(s) : PAPOT Emmanuelle
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14 juin 1856 : Le Baptême du Prince impérial
Almanach 1857

Introduction

Le 14 juin 1856, est célébré, en fin de journée, en grande pompe à Notre-Dame de Paris le baptême du Prince impérial, né le 16 mars 1856. Il reçoit pour parrain, le pape Pie IX et Joséphine, fille d’Eugène de Beauharnais et reine de Suède pour marraine.

Notre-Dame somptueusement aménagée

Pour célébrer somptueusement cet événement, c’est Viollet-le-Duc, qui est chargé de réaliser le décor de Notre-Dame. Il accomplit son ouvrage de façon plus fastueuse encore que pour le mariage des souverains le 29 janvier 1853.
La vieille nef de Saint-Louis est aménagée pour l’occasion. Partout sont suspendues de grandes étoffes chaleureuses brodées d’abeilles d’or. Des tribunes destinées à recevoir le corps diplomatique, le Sénat, le Corps législatif, le Conseil d’Etat, les hauts fonctionnaires et les invités de distinction, sont édifiées dans le choeur et les transepts. Un grand tapis de la Savonnerie orne le sol. Enfin, sont montés des balcons et un haut baldaquin, couvrant une estrade de six marches où se trouvent les prie-Dieu du couple impérial.

Le cortège

Vers 17 heures, le cortège impérial, formé de douze carrosses de gala nécessitant quatre-vingt-seize chevaux, se met en route. L’Empereur et l’Impératrice ont pris place dans le plus somptueux, le monumental carrosse de Charles X, re-décoré aux chiffres de l’Empire. Le petit prince, dans sa robe de dentelles blanches et relevée de rubans bleus, se trouve dans le carrosse habituellement utilisé par l’impératrice Eugénie. Il est dans les bras de sa nourrice, une robuste bourguignonnes habillée de son costume régional, accompagnée de la gouvernante des « enfants de France ».
Le cortège suit un parcours bien établi : il part du pavillon de l’Horloge, traverse le jardin des Tuilerie, rejoint la place de la Concorde, la rue de Rivoli, la place de l’Hôtel de Ville, le pont d’Arcole, la rue d’Arcole jusqu’à la place du Parvis de Notre-Dame. Sur le parcours une double haie est formée par la Garde nationale à droite, la Garde impériale et la troupe de ligne à gauche (Le Moniteur Universel 15 juin 1856). Au passage du cortège, les gens se rassemblent par milliers, arborant guirlandes de fleurs et drapeaux pendant que les cloches de Notre-Dame sonnent à la volée.
A son arrivée, le couple impérial est accueilli par l’archevêque de Paris, Mgr Sibour et reçoit de l’eau bénite et de l’encens sous un dais porté par dix chanoines.

La cérémonie

Ce sont plus de six milles personnes qui sont invitées à assister à cet événement. Le pape Pie IX, malade mais longtemps espéré, envoie son légat, le cardinal Patrizzi pour célébrer l’office en présence de tous les corps constitués, comme l’exige le protocole.
L’enfant, déjà ondoyé à sa naissance reçoit donc les compléments du baptême. C’est l’amirale Bruat, gouvernante des enfants de France, qui le porte alors revêtu d’un manteau d’hermine.
Les fonts baptismaux ont été spécialement exécutés à Sèvres et le vase en cuivre du baptême, datant de la fin du XIIe siècle, aurait été ramené des Croisades par Saint-Louis, tout un symbole !
A la fin de la cérémonie, l’enfant doit être présenté par l’Impératrice à l’assistance. Cette dernière, trop émue, laisse faire l’Empereur qui procède comme l’avait fait Napoléon Ier pour le Roi de Rome.

Une revanche sur le sacre

La somptuosité de la cérémonie et l’approbation de tous sont telles que l’Empereur dira que ce baptême valait bien un sacre. Rappelons que Napoléon III n’a jamais bénéficié du prestige d’un sacre comme son oncle, et ce malgré les négociations entamées en ce sens avec le Pape dès 1852. Efforts vains, Pie IX ne s’y résoudra  jamais, face au refus du gouvernement français d’abroger les articles organiques et de rendre obligatoire le mariage religieux. De plus, la France, alors divisée entre catholiques ultramontains et gallicans, risquait de voir se rompre la paix civile. La question fut donc abandonnée. Mais par ce baptême solennel, la revanche semblait prise.

Conclusion

Après la cérémonie religieuse, ce baptême donna lieu après la cérémonie religieuse à de nombreuses festivités officielles et réjouissances populaires, dans la plus pure tradition française, qui durèrent trois jours avec bals, spectacles gratuits, illuminations, feux d’artifice etc.
Cet événement très attendu se vit immortalisé sur différents supports : Auber composa spécialement une cantate, des photos du parvis et de l’intérieur furent prises, des gravures réalisées, un tableau de Thomas Couture, élève de Delaroche, fut commandé (le tableau ne fut jamais terminé ; Couture sollicita son ami le peintre et photographe Gustave Le Gray pour réaliser des photos de l’impératrice pour réaliser son tableau) et des médailles commémoratives à l’effigie de l’enfant frappées.

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