La cavalerie impériale. Une organisation précise, des tactiques bien définies

Auteur(s) : BRUN Jean-François
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Par-delà les images d’Épinal des hussards de Lasalle contraignant une forteresse prussienne à la reddition, de Murat chargeant à Eylau à la tête de plusieurs dizaines d’escadrons ou encore des cuirassiers tentant vainement d’enfoncer les carrés anglais à Waterloo, la cavalerie impériale, avec ses uniformes parfois hauts en couleur, demeure une arme d’un maniement complexe. Indispensable à l’économie générale des campagnes et des batailles, elle possède des structures parfaitement élaborées et utilise des procédés tactiques pertinents, à l’aune des armes et des moyens matériels dont disposent alors les belligérants.

La cavalerie impériale. Une organisation précise, des tactiques bien définies
Fort, Ernest (1868-1938), Éclaireur-dragon de la Garde impériale, en 1813, dans
"Officiers d'ordonnance de l'empereur, maméluks, eclaireurs,
gardes d'honneur et gendarmes d'ordonnance de la Garde impériale",
1908, Bnf Gallica

Une place seconde, mais non secondaire

Détrônée par l’infanterie, la cavalerie ne représente plus, sous la Révolution et l’Empire, l’instrument premier de la victoire. Une telle affirmation constitue une évidence, au regard des effectifs de chacune de ces armes de mêlée. Deux récapitulations chiffrées, établies d’après les livrets d’appel au moment de la traversée du Rhin en 1805 et du passage du Niémen en 1812, permettent d’asseoir le propos :

Septembre 1805 Juin 1812
Infanterie 138 194 77,81% 424 175 73,68%
Cavalerie 25 326 14,25% 95 894 16,66%
Artillerie 14 093 7,94% 45 434 7,89%
Génie 10 190 1,77%
Total 177 613 100,00% 575 693 100,00%

 

Il en va de même, par ailleurs, si l’on retient une approche strictement fonctionnelle (sachant que la présente étude n’intègre pas l’artillerie à cheval qui, quoique réglementairement placée dans le giron de la cavalerie, sera abordée avec l’artillerie). Les analyses du général Thiébault (Manuel général du service des états-majors généraux et divisionnaires dans les armées, 1813) s’avèrent à cet égard sans appel : « L’erreur qui est la plus fatale [à la cavalerie] est de la considérer autrement que comme un accessoire de la force des armées. À peu d’exceptions près, elle doit servir à compléter la victoire, parfois à la décider, et non à l’obtenir. L’artillerie doit ébranler et entamer les masses et les lignes, l’infanterie doit les culbuter et les rompre, la cavalerie doit les disperser et faire des prisonniers. Ses charges doivent être peu fréquentes, mais quand elle en exécute, elle doit le faire à toute outrance ; et comme elle ne peut combattre que corps à corps, elle ne doit paraître que pour frapper ». Un seul exemple suffit à illustrer cette réalité : le combat de Heilsberg en juin 1807 où, après plusieurs charges de cuirassiers et de dragons, les fantassins de Ney passent à l’attaque et enfoncent le dispositif ennemi. 

Une définition plus précise du concept d’emploi s’avère néanmoins possible à partir de divers ouvrages théoriques d’époque et de l’analyse de multiples recueils de souvenirs. L’utilisation et l’organisation de la cavalerie s’appuient en fait sur les trois principes fondamentaux de la guerre. Le souci pour le chef de conserver sa liberté d’action se traduit par le regroupement des moyens de cavalerie à un niveau élevé de commandement (permettant un emploi centralisé quant à la conception et à la conduite de la manœuvre) mais également par une spécialisation des unités et enfin par une planification des actions. La concentration des efforts est quant à elle assurée par la capacité des escadrons à réagir rapidement face à une menace impromptue, à se concentrer dans un laps de temps très court sur un point du champ de bataille, à se disperser tout aussi rapidement après un engagement puis à être réengagés dans des délais brefs. En revanche, l’économie de moyens impose de tenir compte de la vulnérabilité de la cavalerie (qui constitue la cible tactique la plus volumineuse du champ de bataille et n’est pas en mesure d’attaquer les carrés d’infanterie que l’artillerie n’a pas préalablement ébranlés et affaiblis), tout autant que de ses limites d’utilisation dans le temps (en termes de résistance du cheval aux mauvaises conditions climatiques, au manque d’avoine ou aux difficultés du terrain, notamment lorsque le sol est verglacé).

L’emploi de la cavalerie exige également le respect d’un triple impératif. Il importe de disposer d’un espace de manœuvre suffisant mais aussi d’intervenir contre un ennemi non protégé (c’est-à-dire retranché) et enfin d’agir en complémentarité avec d’autres armes. Cela suppose de confier à la cavalerie une mission que les autres combattants sont dans l’incapacité de remplir. Si tel n’est pas le cas (compte tenu du contexte et de l’environnement), il convient d’utiliser les unités montées dans un créneau horaire ou dans une zone géographique autres que ceux dévolus aux unités à pied. Enfin, il demeure obligatoire de coordonner son action avec celle de l’infanterie et de l’artillerie. Au final, deux modes d’action s’avèrent possibles : l’engagement autonome (qui se traduit par le raid) ou la manœuvre interarmes, qui inclut aussi bien les missions de reconnaissance et de flanc-garde que les actions en force (en l’occurrence la charge).

Une organisation née du concept d’emploi

Comme dans toutes les armées de l’époque, la cavalerie remplit un double rôle. Elle permet d’abord à une force de se renseigner loin en avant et de garantir la sûreté de ses flancs lors des déplacements. Ces fonctions sont essentiellement dévolues à la cavalerie légère, hussards ou chasseurs, recrutée parmi les hommes de petite taille, munie de montures rapides et qui peut, à l’occasion, effectuer des raids ou mener des opérations de harcèlement (ce que les auteurs nomment alors « la petite guerre »). Mais la cavalerie légère est également en mesure d’agir par le choc, c’est-à-dire qu’elle est capable de mener une charge sabre au clair, dans un affrontement direct. 

Fonctionnellement, les régiments de chasseurs et de hussards s’avèrent semblables en termes de recrutement, d’organisation interne, de procédés tactiques ou de missions. Parfaitement interchangeables sur le terrain, ils diffèrent simplement par les particularités uniformologiques nées de leur histoire, plus ou moins ancienne. 

Les hussards tirent leur origine des cavaliers hongrois qui, après avoir déserté les forces du Saint Empire, avaient pris du service dans l’armée française en 1691. Plusieurs régiments de légère, essentiellement à recrutement français, sont ensuite organisés au XVIIIe. Ils conservent, filiation oblige, des éléments vestimentaires particuliers : culotte à la hongroise (bien évidemment), pelisse, shako sans visière et sabretache. Fiers de leur coûteux uniforme reconnaissable entre tous (et qui inspirera celui des chasseurs à cheval de la Garde et des quatre régiments de gardes d’honneur de 1813), ils cultivent leur réputation de combattants d’élite, téméraires, voire un peu casse-cous. De leur côté, les chasseurs à cheval, globalement tout aussi performants, tirent leur origine des compagnies franches du XVIIIe. En 1779, ils forment plusieurs régiments dotés d’un uniforme vert, de coupe sobre et moderne, qui en fait l’antithèse de celui des hussards avec lesquels ils rivalisent sur le champ de bataille. Reste à évoquer le cas des chevau-légers lanciers. Créés en 1811 sur le modèle des cavaleries d’Europe orientale, issus des dragons, équipés d’un pistolet, d’un mousqueton (avec baïonnette), d’un sabre et, nouveauté dans l’armée impériale, d’une lance de 2,75 mètres, ils prennent rang dans la cavalerie légère.

De son côté, la seconde subdivision d’arme, la « grosse cavalerie » (la « lourde » selon notre expression contemporaine), retient conscrits et volontaires de taille élevée, montés sur des chevaux hauts et puissants. Choix parfaitement cohérent puisque sa mission première s’avère la charge qui désorganise l’attaque de l’adversaire ou disloque son dispositif.

Sous l’Ancien Régime, l’appellation « cavalerie » désignait exclusivement la grosse cavalerie. Toutefois, en 1765, la cavalerie française abandonne la cuirasse si bien que, sous la Révolution, seul le 8e de cavalerie la porte encore. La réorganisation consulaire modifie cet état de fait et classe dans la cavalerie de bataille (ou grosse cavalerie) 4 régiments (en plus du 8e) le 17 septembre 1802. Le 1er vendémiaire an XII (24 septembre 1803) sont finalement créés les cuirassiers (que les soldats désignent dans leur argot comme « les gros frères », compte tenu de la taille imposante des hommes et des chevaux affectés à ces unités). Forts de 12 régiments, puis 13 à partir de 1807 et enfin 14 en 1810, ils reçoivent progressivement, jusqu’au début de 1805, une cuirasse double de 7,5 kg (qui protège le torse et le dos) et un casque destiné à remplacer le chapeau. À l’issue de la campagne de 1809, au regard de leurs pertes, les carabiniers, jusqu’alors équipés d’un uniforme de tissu et d’un bonnet à poil, sont eux aussi dotés d’une cuirasse et d’un casque à la romaine en cuivre (décret du 24 décembre 1809). Dès lors, à son apogée, l’Empire dispose de 16 régiments spécialisés, considérés comme des unités d’élite (si bien que, contrairement aux régiments de cavalerie légère ou de dragons, aucune compagnie d’élite n’existe au sein de ces régiments). Tous les autres régiments de cavalerie, dépourvus de ces équipements de protection (casques et cuirasse théoriquement à l’épreuve des balles) portent simplement, au jour de la bataille, le manteau roulé en sautoir sur l’épaule gauche, de façon à garantir autant que faire se peut la poitrine et, dans une moindre mesure, le côté de la main de bride. L’existence de cuirassiers demeure apparemment l’apanage des grands États européens, les petites ou moyennes puissances ne possédant que des dragons (casqués mais non cuirassés). Répondant à un usage tactique particulier dans la bataille, leur présence au sein de la Garde impériale ne saurait par ailleurs se justifier, les grenadiers à cheval, épaulés par le régiment de dragons à partir de 1806, y jouant déjà le rôle de grosse cavalerie.

Passons aux dragons. Censés au début de l’Empire combattre aussi bien à pied qu’à cheval, ils s’en tiennent pratiquement de façon exclusive au déplacement et au combat équestre et sont très rapidement considérés comme membre à part entière de la grosse cavalerie. Sous la Révolution existaient 18 (puis 21) régiments. Les réorganisations menées par le Consulat en 1804 aboutissent à un total de 30, obtenu par l’adjonction aux 21 déjà sur pied de 7 régiments de cavalerie et 2 de hussards. Employés en Espagne à partir de 1808, les dragons acquièrent sur ce théâtre une expérience de la guerre qui en fait les meilleures unités de cavalerie disponibles lorsqu’ils quittent la péninsule à la fin de 1813 pour participer à la campagne de France. Deux remarques pour finir : d’abord, dans une subtile nuance terminologique, les livrets d’appel de 1812 distinguent divisions de cuirassiers (cuirassiers et carabiniers) et divisions de grosse cavalerie (dragons). Par ailleurs, l’Empire considère les dragons comme une arme particulière, assimilée à la grosse cavalerie. C’est seulement au XIXe siècle qu’on leur attribuera le qualificatif de « cavalerie de ligne », les plaçant ainsi en position intermédiaire entre la lourde et la légère, avec la capacité de remplir vaille que vaille les missions de ces dernières.

Au bout du compte, de façon globale, l’armée impériale voit la prédominance numérique de la cavalerie légère, ce qui s’avère parfaitement logique, eu égard au parti pris de mobilité qui caractérise la gestion globale des campagnes napoléoniennes et au rôle accru de l’artillerie (au détriment de la cavalerie lourde) dès lors qu’il s’agit de fragiliser le dispositif adverse sur un point du champ de bataille. Les tableaux suivants permettent d’illustrer précisément ce propos :

Approche numérique

An VIII An XIV 1809 1812 Première Restauration

1814

Cuirassiers-carabiniers 14 700 9 900 15 700 16 500 9 016
Dragons 19 500 35 000 32 300 26 000 9 660
Cavalerie légère 35 600 31 800 49 000 58 300 17 361
Récapitulation 69 800 76 700 97 000 100 800 36 037

 

Répartition en pourcentages

An VIII An XIV 1809 1812 Première Restauration

1814

Cuirassiers-carabiniers 21,06% 12,91% 16,19% 16,37% 25,01%
Dragons 27,94% 45,63% 33,29% 25,79% 26,81%
Cavalerie légère 51,00% 41,46% 50,52% 57,84% 48,18%
Récapitulation 100,00% 100,00% 100,00% 100,00% 100,00%

 

Un accroissement constant des effectifs

La force d’un régiment s’évalue d’abord par le nombre d’unités tactiques élémentaires qu’il comprend. Dans la cavalerie, on parle à cet égard d’escadrons, sachant que l’effectif de ces derniers a simplement légèrement varié au long de la période napoléonienne. En l’an X, l’escadron de carabiniers ou de cavalerie compte 192 combattants, celui de dragons, de hussards ou de chasseurs 232. Puis, le 10 mars 1807, un décret augmente le nombre de simples soldats. En fait, durant la majeure partie de l’Empire, l’escadron de grosse cavalerie représente pratiquement 200 hommes (tous grades confondus), celui de légère 250. En revanche, de 1789 à 1813, le nombre de régiments, ainsi que le nombre d’escadrons au sein de chacun d’eux, n’a globalement cessé de croître.

En 1789, l’armée royale compte 62 régiments montés : 2 de carabiniers, 24 de cavalerie, 18 de dragons, 12 de chasseurs à cheval et 6 de hussards. En l’an VIII (1799-1800), les troupes à cheval comprennent 86 régiments : 2 de carabiniers (à 3 escadrons), 25 de cavalerie (à 3 escadrons), 21 de dragons (à 4 escadrons), 25 de chasseurs à cheval (à 4 escadrons) et enfin 13 de hussards (à 4 escadrons). La période consulaire voit un certain nombre de modifications et d’adaptations. Le nombre des régiments est réduit à 78. La grosse cavalerie, destinée essentiellement aux actions de rupture, sera désormais composée, on l’a évoqué plus haut, de cuirassiers, auxquels il faut adjoindre les carabiniers, considérés sous l’Ancien Régime comme des unités d’élite. Les corps de dragons, hussards et chasseurs ne font l’objet, en revanche, d’aucune modification structurelle.

De l’an XII à 1811, divers régiments sont intégrés, à la suite notamment d’annexions territoriales (Toscane, Hollande…). Puis un décret du 18 juin 1811 crée une nouvelle subdivision d’arme, les chevau-légers lanciers, eux aussi précédemment évoqués. Concrètement, cette décision se traduit par la formation de 9 régiments grâce à la transformation de 2 régiments polonais, 6 régiments de dragons et un régiment de chasseurs à cheval. Par ailleurs, le décret du 31 août 1806 avait institué un 5e escadron de dépôt (9e et 10e compagnies, chargées de l’accueil et de l’instruction des conscrits, de la réforme des invalides et des remontes du corps) pour les unités de grosse cavalerie en campagne, cette solution étant généralisée à l’ensemble de la cavalerie le 10 mars 1807. Installé à demeure en France, l’escadron de dépôt matérialise le lieu de la garnison et assure en grande partie le soutien des escadrons de guerre en leur envoyant matériel et renforts. Dès lors, quelle que soit leur spécialité, tous les régiments présentent théoriquement des effectifs équivalents (de 1 043 à 1 046 hommes, de 1 053 à 1 055 chevaux), sachant toutefois que certains excèdent ces seuils dans la mesure où ils comptent plus de quatre escadrons de guerre. 

Au printemps 1812, l’armée impériale possède ainsi 2 régiments de carabiniers, 14 de cuirassiers (dont un à 4 escadrons seulement), 24 de dragons (dont 4 seulement à 5 escadrons) et 49 de cavalerie légère (9 régiments de chevau-légers à 4 escadrons, 28 de chasseurs dont 10 à 4 escadrons, 17 à 5 escadrons, et un à 8 escadrons, ainsi que 12 de hussards, 6 à 4 escadrons et 6 à 5). La Garde impériale aligne quant à elle 6 régiments aux effectifs parfois beaucoup plus importants que les corps de la Ligne : 3 régiments de légère (le régiment de chasseurs à cheval, avec la compagnie puis l’escadron de mameluks, les 1er et 2e régiments de chevau-légers lanciers) et 3 de grosse cavalerie (grenadiers à cheval, dragons, gendarmerie d’élite). 

L’année 1813 voit la constitution de 4 régiments de gardes d’honneur (recrutés parmi les notables ou fils de notables de l’Empire, montés et équipés à la hussarde à leurs frais !) et d’un régiment de hussards croates (que le désarmement des troupes étrangères empêchera de combattre). Enfin, dans les dernières semaines de 1813 et les premières de 1814, sont mis sur pied, au sein de la Garde, 3 régiments d’éclaireurs, ce qui permet d’utiliser des chevaux jugés auparavant trop petits. Mais l’abdication de Fontainebleau interrompt leur organisation définitive. Il convient également de mentionner, jusqu’à la fin de 1813, l’existence, au sein de l’armée d’Espagne, d’une légion de gendarmerie à cheval forte de 6 escadrons (1re légion, dite « de Burgos »), chargée des escortes et des colonnes mobiles.

Organisation et structure régimentaires

L’unité administrative de base, pour le service ou la police de la troupe, est la compagnie, commandée par un capitaine. En revanche, l’unité tactique élémentaire, l’escadron, est composée de deux compagnies, commandées par le plus ancien des deux capitaines. Puis la Restauration s’efforce de normaliser cette situation et, le 30 août 1815, rétablit l’escadron-compagnie en tant qu’entité tout à la fois tactique et administrative aux ordres d’un capitaine. 

La composition des compagnies a varié à plusieurs reprises durant les guerres napoléoniennes. Ces modifications ne jouent toutefois que sur la présence de quelques cavaliers en plus ou en moins, notamment pour ceux réglementairement dépourvus de monture. Le tableau suivant récapitule la situation en l’an X (sachant que chacun des deux régiments de carabiniers, n’ayant pas d’homme à pied, compte sur le pied de guerre 74 cavaliers montés et 90 chevaux par compagnie) : 

Cavalerie Dragons Hussards – Chasseurs à cheval
Hommes Chevaux Hommes Chevaux Hommes Chevaux
Capitaine 1 3 1 3 1 3
Lieutenant 1 2 1 2 1 2
Sous-lieutenant 1 2 2 4 2 4
Maréchal des logis-chef 1 1 1 1 1 1
Maréchal des logis 2 2 4 4 4 4
Brigadier-fourrier 1 1 1 1 1 1
Brigadier 4 4 8 8 8 8
Trompette 1 1 2 2 2 2
Cavalier monté 66 66 76 76 86 86
Cavalier à pied 8 0 20 0 10 0
Récapitulation 86 82 116 101 116 111

 

Finalement, le décret du 10 mars 1807 fixe le nombre de simples soldats à 84 (dont 4 non montés) dans la grosse cavalerie (cuirassiers et dragons) et à 108 (dont 5 non montés) dans les régiments de dragons et de cavalerie légère. Toutefois, dans les régiments de dragons, de hussards ou de chasseurs à cheval, la première compagnie du régiment, considérée comme unité d’élite, ne compte plus de cavaliers à pied à partir du 20 vendémiaire an XI (12 octobre 1802). 

Autre aspect. Alors que chez les cuirassiers ou dans la légère, les cavaliers démontés ne combattent à pied (sauf exception) que pour se défendre, la double spécialité des dragons explique la façon particulière d’aborder ce mode tactique au sein de leurs unités. Le 1er vendémiaire an XII (24 septembre 1803), chaque compagnie de dragons est divisée en une troupe à cheval et une troupe à pied. Cette dernière, forte de 36 soldats, commandée par un sous-lieutenant aidé d’un maréchal des logis et de deux brigadiers pris sur l’encadrement de la compagnie, dispose également d’un tambour (la troupe à cheval n’ayant plus qu’un trompette). Au départ de Boulogne, l’Empereur crée avec cette ressource une « division de dragons à pied », confiée au général Baraguey d’Hilliers. Les victoires de 1805, grâce aux chevaux ennemis qu’elles procurent, permettent ensuite de les monter. Par voie de conséquence, le 17 frimaire an XIV (8 décembre 1805), « les dragons à pied (…) ont reçu l’ordre de rejoindre leurs régiments », tandis que la division de dragons à pied n’apparaît plus dans le livret d’appel du 15 janvier 1806. Les campagnes ultérieures, en Allemagne et surtout en Espagne, consacreront, on l’a dit, les dragons comme une branche de la cavalerie lourde, sans référence désormais au combat à pied. 

Les unités de cavalerie présentent également deux originalités, plus anecdotiques. Le grade de chef d’escadrons, créé en 1788 et qui officialisait une fonction déjà existante, s’était substitué le 21 février 1793 à celui de lieutenant-colonel. Bien que les régiments de cavalerie aient ensuite, comme le reste de l’armée, des majors (appellation des lieutenants-colonels sous l’Empire), le grade de chef d’escadrons est conservé. Dépourvu de commandement effectif, son titulaire appartient à l’état-major régimentaire et est en mesure de prendre le commandement de plusieurs escadrons ou de remplir des missions particulières. Autre spécificité : l’appellation de « régiment » avait été maintenue dans la cavalerie durant toute la période révolutionnaire, alors que le grade de colonel y était remplacé, comme dans l’infanterie ou l’artillerie, par celui de chef de brigade.

L’état-major régimentaire comprend un colonel, un major (qui, théoriquement, commande le dépôt régimentaire), un ou deux chefs d’escadrons ainsi qu’un ou deux adjudants-majors. Ces derniers (lieutenants ou capitaines) sont chargés de transmettre aux escadrons les ordres du colonel et assurent auprès de lui un rôle très semblable à celui des aides de camp vis-à-vis d’un général. Compte tenu de l’éventail des tâches qui leur sont imparties, ce poste équivaut à un véritable stage d’apprentissage des fonctions militaires de niveau supérieur. Dès lors, les adjudants-majors sont le plus souvent choisis parmi les officiers subalternes jugés capables de progresser dans la hiérarchie et de devenir à terme officiers supérieurs ou généraux. Mais l’état-major compte également un officier de santé, deux adjudants sous-officiers, un artiste vétérinaire et un brigadier-trompette. L’escadron de dépôt abrite quant à lui divers maîtres-ouvriers (tailleur, culottier, bottier, armurier-éperonnier, sellier) et leurs aides, tandis qu’un petit détachement de cavaliers, sous les ordres d’un ou deux officiers, assure les missions de remonte (ce qui revient, en pratique, à ramener au régiment les chevaux achetés par le corps ou le ministère, sauf bien évidemment quand les termes du contrat stipulent une livraison directe).

L’étude des livrets d’appel révèle qu’une brigade est généralement composée de 8 escadrons (issus de deux, voire trois ou quatre régiments différents). Une division est quant à elle formée de deux ou trois brigades et d’une à deux compagnies d’artillerie à cheval. En règle générale, les divisions regroupent des unités de même spécialité, légère ou lourde (avec toutefois, là encore, des divisions de cuirassiers et de carabiniers d’un côté, et des divisions de dragons de l’autre, dans le souci d’un emploi tactique optimal). Ce schéma théorique diffère parfois lorsque Napoléon, sous le poids de circonstances particulières, est amené à organiser des régiments provisoires en réunissant des escadrons de diverses unités. Quoiqu’il en soit, ces perturbations demeurent moindres que dans l’infanterie, d’autant que le principe d’homogénéité des divisions n’est pas, pour des questions d’utilisation tactique, remis en question. Une exception, toutefois : lors de la campagne de Russie, les divisions de cuirassiers comptent 12 escadrons de cuirassiers ou de carabiniers répartis en trois brigades, ainsi qu’un régiment de chevau-légers apportant l’appoint de ses lances et sa capacité d’exploration. L’expérience ne s’avère cependant pas concluante, si bien que le système n’est pas reconduit en 1813.

Cette brève esquisse met néanmoins en lumière la relative légèreté des structures, qui vise à donner la plus grande autonomie possible aux régiments. Au dépôt travaillent les équipes des maîtres-ouvriers. Sur le théâtre d’opérations, l’état-major régimentaire peut s’appuyer sur un artiste-vétérinaire et un maître-maréchal-ferrant disposant d’une forge de campagne à partir de 1810, ce qui lui assure une certaine indépendance par rapport aux installations locales, jusque-là seule utilisées. En outre, afin de faciliter le maintien en condition, chaque cavalier emporte dans son harnachement de campagne 4 fers et 40 clous. Le seul renforcement des divisions de cavalerie consiste donc, éventuellement, en artillerie à cheval, tandis que le train des équipages et le génie sont absents et que le volume des ambulances demeure réduit. C’est que l’on s’efforce de ne pas alourdir les colonnes, soutenues la plupart du temps par l’infanterie et à même, de ce fait, d’en utiliser les services spécialisés.

Ce qui conduit à aborder la question de la mobilité. La charge portée par l’animal définit en effet les possibilités de déplacement et, partant, la tactique et l’emploi de la cavalerie. À la fin de l’Ancien Régime, en France, en moyenne, elle représente (homme compris) 175 kg par monture. Or, la propension à doter les cavaliers d’une panoplie d’armes suscite sous l’Empire un certain nombre de critiques de la part des spécialistes qui estiment qu’on les alourdit inutilement (ce qui pousse certains d’entre eux à « perdre » une portion de leur armement dès l’entrée en campagne). Tous les cavaliers possèdent en effet un sabre (droit pour les carabiniers, cuirassiers et dragons, courbe pour les chevau-légers, chasseurs et hussards) et un ou deux pistolets, auxquels les chevau-légers ajoutent une lance. Les unités de cavalerie légère sont également dotées d’un mousqueton et d’une baïonnette, les dragons d’un fusil (plus court que celui de l’infanterie) et de sa baïonnette, sachant que les carabiniers disposent eux aussi d’une arme d’épaule. L’Empereur songe par ailleurs, depuis 1805, à équiper les cuirassiers d’un mousqueton, mais le décret pris en ce sens le 25 décembre 1811 n’est qu’incomplètement exécuté, si bien qu’en 1813, à une époque où la France connaît des difficultés à armer l’ensemble de ses troupes, une cinquantaine de cuirassiers par régiment seulement semblent en être munis.

Il demeure néanmoins possible de quantifier approximativement la charge du cheval. La selle complète (c’est-à-dire le corps de selle et ses accessoires, sacoches, longe-poitrail, sangles, contre-sanglons, étrivières, étriers, poches à fer, sans oublier la couverture ou le tapis de selle) pèse environ 26 kg, auxquels il convient d’en ajouter à peu près autant pour l’armement portatif (sabre, armes à feu) et les vêtements de rechange. Viennent encore les provisions éventuelles et le poids propre du cavalier (ainsi que, pour les cuirassiers et les carabiniers, celui de la cuirasse). Dès lors, si le cheval porte en moyenne 175 kg, rien n’interdit de penser qu’une trentaine de kg sépare le cavalier léger du carabinier (compte tenu des différences de taille et donc de poids, sans oublier la question des équipements défensifs). Au final, l’échelle oscillerait ainsi entre 160 et 190 kg.

La mobilité des diverses unités de cavalerie s’avère néanmoins très comparable. Fondée sur une combinaison des trois allures, le pas (100 m/minute), le trot (240 m/minute) ou le galop (300 m/minute), elle autorise une vitesse moyenne de déplacement, en dehors du champ de bataille, de 4,8 à 5 km/h en terrain praticable et de 6 à 7 km/h sur chemin (la progression de l’infanterie étant de 3 à 4 km/h et celle de l’artillerie d’environ 3 km/h en terrain uni). Mais l’entraînement des troupes permet, au début de l’Empire, de dépasser si nécessaire ces seuils. En 1806, les hussards de la brigade Lasalle couvrent 1 160 km en 25 jours (soit une moyenne quotidienne de 46 km) tout en combattant les Prussiens !

Brigades de corps d’armée et Réserve de cavalerie

La structure des grandes unités de cavalerie dépend par ailleurs de leur affectation. Les corps d’armée, qui constituent les pions de base de la manœuvre napoléonienne, sont composés de deux à quatre divisions d’infanterie auxquelles s’ajoutent une réserve d’artillerie et une ou deux brigades de cavalerie légère, avant tout destinées à assurer des missions de sûreté (reconnaissance ou flanc-garde). 

À côté de ces escadrons, organiquement intégrés à un corps d’armée, existe la Réserve de cavalerie. Contrairement aux Russes, Autrichiens ou Prussiens qui dispersent leur cavalerie lourde au sein des groupements d’infanterie, la Grande Armée constitue en effet celle-ci en force autonome caractérisée à la fois par sa puissance (relative) et sa mobilité. Confiée généralement à Murat, la Réserve de cavalerie équivaut en pratique à un commandement purement nominal lors des manœuvres préliminaires car, lors de cette phase de la campagne, ses régiments ne se déplacent pas de façon monolithique. Le fait d’attribuer à un organe spécialisé la responsabilité de la majeure partie des unités montées représente néanmoins, aux yeux des contemporains, une précaution salvatrice. Ainsi que le remarque Thiébault, « même avec des soins et dans l’abondance, toute cavalerie, après trois mois de campagne active, a perdu la moitié de ses chevaux ; dans l’abandon et la disette, elle doit être détruite ». Si bien que la réserve de cavalerie a pour finalité « la conservation de ces troupes, autant que leur commandement : en effet, leur conservation requiert la connaissance la plus détaillée de tous leurs besoins, la surveillance la plus active et une autorité entière, quant à leur commandement, il est indispensable que, dans une grande action, toute la cavalerie soit réunie sous un chef unique et sous un chef à elle ». En pratique, la Réserve englobe donc toutes les unités de cavalerie non intégrées dans les corps d’armée (sachant que les régiments de la Garde dépendent bien évidemment de la chaîne de commandement particulière du corps d’élite). 

En décembre 1806, les nécessités tactiques avaient amené à scinder la Réserve durant quelques semaines, une portion sous la houlette de Murat, la seconde sous celle de Bessières. En 1812, l’accroissement des effectifs amène à la subdiviser organiquement en corps de cavalerie (une division de cavalerie légère, une à deux divisions de grosse cavalerie), ce qui en facilite l’utilisation à partir du moment où Napoléon combine la manœuvre de plusieurs armées et non plus seulement de corps d’armée. Création typiquement impériale, le corps de cavalerie demeure destiné avant tout aux actions de rupture. Il peut néanmoins, dans une moindre mesure, renforcer un corps d’armée ou mener une reconnaissance profonde. Première formation mélangeant les deux spécialités de l’arme, il reste cependant dépourvu d’éléments organiques (train, artillerie ou génie). En revanche, à la fin de l’Empire, les divisions de cuirassiers disposent souvent d’une ou deux batteries d’artillerie à cheval, celle de légère plus rarement d’une seule. Compte tenu de ces éléments, le corps de cavalerie a donc un état-major plus réduit que celui d’un corps d’armée tandis que son commandement est dévolu à un général de division dépourvu de titre ou d’appellation particuliers, et qui considèrera comme de l’avancement le fait de recevoir la responsabilité d’un corps d’armée. En fait, le corps de cavalerie s’avère avant tout une entité administrative que Napoléon peut décider de scinder à l’occasion d’une situation tactique (ainsi, en juin 1812, la 3e division de cuirassiers est intégrée au 2e C.A., tandis que les deux autres divisions du corps de cavalerie à laquelle elle appartient reçoivent une destination différente). Compte tenu des configurations diverses relevées au long des campagnes militaires, il semble cependant utile de retracer l’évolution de la Réserve sous forme de tableau (div. = division ; rgt = régiment) :

Grosse cavalerie Cavalerie légère
Novembre 1805 2 div. (cuirassiers et carabiniers) 1 division
Décembre 1805 2 div. de grosse cavalerie

4 div. de dragons

1 brigade
Septembre 1806 2 div. de grosse cavalerie

4 div. de dragons

Novembre 1806 3 div. de grosse cavalerie

5 div.de dragons

2 brigades
Janvier 1807 3 div. de grosse cavalerie

5 div. de dragons

1 division
Mai 1807 3 div. de grosse cavalerie

5 div. de dragons

1 division
Mai 1809 1 div. de grosse cavalerie

1 div. de dragons

2 divisions
Septembre 1809 3 div. de grosse cavalerie 1 division
Juin 1812 1er corps de cavalerie 2 div. de cuirassiers (A) 2 rgt. de chevau-légers
2e corps de cavalerie 2 div. de cuirassiers 2 rgt. de chevau-légers
3e corps de cavalerie 1 div. de cuirassiers, 1 div. de dragons 1 rgt. de chevau-légers
4e corps de cavalerie 1 div. de dragons 0 unité
Août 1813 1er corps de cavalerie 2 div. de grosse cavalerie 2 divisions
2e corps de cavalerie 1 div. de grosse cavalerie 2 divisions
3e corps de cavalerie 1 div. de grosse cavalerie 2 divisions
4e corps de cavalerie 0 div. de grosse cavalerie 2 divisions
5e corps de cavalerie  2 div. de grosse cavalerie 1 division

 

Un jour de bataille, en revanche, toutes les unités de cavalerie présentes, y compris celles affectées aux corps d’armée (à l’exclusion là encore des régiments de la Garde), sont dans les mains du chef de la Réserve. L’Empereur dispose ainsi d’un responsable, analogue au magister equitum des armées romaines, en mesure de gérer directement l’action de la cavalerie, une fois que lui-même aura jugé opportun le moment de l’employer (lancées trop tôt, les unités montées risquent en effet d’être décimées par le feu sans profit). La sagesse de cette organisation apparaît paradoxalement à Waterloo. Grouchy, successeur de Murat, est envoyé le 17 juin à la poursuite des Prussiens avec 33 000 fantassins, cavaliers et artilleurs. Ce qui reste de la Réserve est donc dépourvu de chef suprême le 18. Ney, qui conduit l’attaque sur les carrés anglais, fait charger de sa propre initiative le 4e corps de cavalerie sur l’infanterie britannique, que la canonnade et la mousqueterie n’ont pas encore entamée. Lefebvre-Desnoëttes, croyant que ce maréchal exécute un ordre de l’Empereur, soutient son mouvement avec la cavalerie légère. C’est le désastre. Les escadrons sont hachés par le feu des carrés, cette faute tactique constituant une des causes primordiales de la défaite. 

Un éventail de missions

Afin de tirer le meilleur parti de sa cavalerie, en application du système conceptuel ayant présidé à l’organisation de la Grande Armée, Napoléon a coutume de réunir ses unités montées en grandes masses auxquelles il assigne une mission particulière. Lors des phases de concentration, la cavalerie couvre le front de ses troupes. Mais elle menace également celui de l’adversaire, dont elle doit disperser ou tromper les escadrons qui s’efforcent de reconnaître le dispositif français. Pendant les marches d’approche, ensuite, elle couvre et masque les mouvements des corps d’armée. Enfin, pendant la bataille, si elle participe parfois au prélude et/ou à l’action principale, elle demeure toujours partie prenante du dénouement, soit en entamant la poursuite, soit en protégeant la retraite. Dès lors, les missions d’exploration et de sûreté se placent souvent au niveau opératif, tandis que les missions de combat proprement dites (hormis la participation à la poursuite) dépendent plutôt du niveau tactique.

Quelques exemples permettent d’illustrer ces diverses utilisations et, tout d’abord, quant aux missions de sûreté. Ainsi, en 1805, Napoléon réunit les 1er et 3e corps d’armée à l’abri d’un réseau de patrouilles montées, soutenues elles-mêmes par des postes d’infanterie. Mais c’est un rideau qui, du Danube aux montagnes de Bohême, forme une ligne de 200 kilomètres et empêche les Austro-russes de déceler les mouvements de leur adversaire. La quête du renseignement et les missions d’éclairage (le « service de découverte ») mobilisent de leur côté un volume variable d’unités en fonction du niveau décisionnel concerné. « Éclairer une armée » consiste en effet, selon Thiébault, à « porter des corps de troupes à cheval dans toutes les directions que l’ennemi peut avoir suivies, et à la plus grande distance possible, afin de se mettre à même de ne faire aucun faux mouvement, et de faire à temps tous ceux qui peuvent être nécessaires ou même utiles ». Le front d’exploration d’une brigade de cavalerie légère peut donc s’avérer très large (33 km pour la brigade Lasalle en 1805). En 1806, après Iéna, le 1er corps d’armée réalise une marche offensive dans laquelle ses trois divisions d’infanterie (qui progressent sans intervalle entre elles) sont précédées de sa brigade de cavalerie légère qui envoie dans toutes les directions, dans un rayon de 30 km, des détachements de 15 à 25 hommes. Parfois également, la recherche d’informations mobilise une bonne part de la cavalerie. En témoigne l’exploration menée dans la région de Leipzig en octobre 1806. Là, Murat, à la tête de plusieurs divisions appuyées d’artillerie, passe deux jours à interroger les voyageurs, à s’emparer du courrier et des journaux, collectant le maximum de renseignements sur l’armée prussienne et son axe de retraite. L’Empereur savait l’ennemi absent des lieux mais n’a pas hésité à jouer sur le nombre et la complémentarité des subdivisions d’arme de la cavalerie, qui permettait d’éviter l’échec de la mission, le moindre bataillon adverse rencontré à Leipzig suffisant à compromettre les mouvements d’un régiment, voire d’une brigade.

Dans la bataille, enfin, la cavalerie peut être utilisée pour interdire une portion de terrain, soit en étant en mesure de s’y rendre immédiatement, soit en l’occupant réellement. Elle peut aussi appuyer une contre-attaque pour rétablir localement une situation, en modifiant le rapport de force dans un délai très bref, ou encore, par une charge, affaiblir sur un point du dispositif la pression adverse. C’est l’exemple même d’Eylau où Murat, à la tête de 58 escadrons (suivis des 16 escadrons de la Garde avec Bessières), contrecarre la progression d’une colonne de 15 000 grenadiers russes. Elle peut enfin soutenir l’action décisive. À Wagram, la force d’assaut de Macdonald est composée de huit bataillons déployés sur deux lignes, de huit bataillons en colonne serrée sur les ailes, et d’une division d’infanterie en réserve en arrière. Mais les flancs du dispositif sont protégés par quatre escadrons de carabiniers. Thiébault offre à cet égard un recensement des missions possibles : tourner l’ennemi et le prendre à revers, couper une ligne d’infanterie, charger la cavalerie adverse, enlever une batterie, enfoncer un carré, poursuivre un adversaire en retraite ou, inversement, couvrir le ralliement d’une unité amie.

La cavalerie demeure cependant parfois impuissante face à une infanterie bien entraînée. À Krasnoë par exemple, le 14 août 1812, Murat ne parvient pas à entamer un corps isolé de 10 000 fantassins russes, qui le tiennent éloigné par leur feu. En fait, hormis les raids ou les reconnaissances dans la profondeur du dispositif ennemi, la cavalerie agit toujours avec un soutien d’infanterie. Ainsi, le 9 octobre 1806, au combat de Schleiz, deux régiments français de cavalerie légère, ramenés par des forces adverses numériquement supérieures, reçoivent le secours du 27e d’infanterie légère, si bien que l’affaire se termine par un succès français.

Une manœuvre de cavalerie ne se limite toutefois pas à un simple déplacement en avant, au trot ou au galop. Son responsable s’efforce de combiner manœuvres de front et de flanc en utilisant les possibilités du terrain et l’appui procuré par l’artillerie à cheval, dont les servants agissent au rythme du reste des unités montées. De même, face à un carré d’infanterie, il importe avant tout d’éviter les feux directs, extrêmement meurtriers, en attaquant soit un front diagonalement, soit un angle. Dans tous les cas, la cavalerie agit en conservant une réserve tactique qui lui permet de répondre à la réaction adverse : une brigade lorsque la division combat, un régiment lorsque la brigade combat, un escadron lorsque le régiment combat, étant bien évidemment sous-entendu que ces réserves ne sauraient être cumulatives. 

Le rythme des rencontres, de son côté, s’avère très rapide : à Austerlitz, l’affrontement des cavaleries russe et française dure un quart d’heure à peine. Il en va de même des mouvements des unités montées : à Essling, les cuirassiers français chargent avec succès l’infanterie ennemie mais sont ensuite ramenés par la cavalerie autrichienne, avant d’être sauvés par la cavalerie légère de Lasalle qui attaque à son tour les cavaliers autrichiens.

Vient la poursuite, après que l’ennemi ait été défait au cours de la bataille décisive qui scelle le sort de la campagne. Elle commence avec la dernière charge, la cavalerie talonnant les unités adverses en retraite. Mais cette action ne se limite pas à un simple suivi. C’est en réalité une manœuvre complexe, sur plusieurs jours, voire plusieurs semaines, mettant en jeu la coopération interarmes. En 1805, Murat prend en chasse un corps autrichien qui a échappé au piège d’Ulm, le rattrape et s’empare de 12 000 hommes, 120 pièces, 500 voitures de munitions et d’équipages, sans omettre un trésor de 400 000 florins. Après Iéna, Murat toujours, soutenu par les fantassins de Soult et Ney, poursuit directement les vaincus, tandis que le reste de la Grande Armée se dirige le plus vite possible sur Berlin, faisant écran entre l’Oder et les Prussiens en retraite, empêchant ainsi ces derniers de gagner leurs bases arrières de Prusse Orientale ou de Silésie. Finalement, à l’issue de 40 jours de campagne, Napoléon a capturé 140 000 prisonniers. Dernier cas : en juin 1807, Benningsen, après Friedland, se replie sur la rive droite de l’Alle. L’Empereur, désireux de contrarier la marche russe sur Koenigsberg, lance dans cette direction Murat avec 150 escadrons (21 000 chevaux), soutenus par les 3e et 6e corps d’armée. En même temps, les dragons et une division de cavalerie légère s’attachent aux pas de l’adversaire, le ralentissant énormément. Au bout du compte, Benningsen, précédé dans sa zone de regroupement, pressé en queue et dans l’impossibilité de se réorganiser, se voit contraint de repasser le Niémen. Les pourparlers de Tilsit peuvent s’ouvrir. 

Le contre-exemple demeure la première campagne de Saxe au printemps 1813. Dépourvu de cavalerie efficace, l’Empereur ne peut mener à terme ses combinaisons, tant dans les marches d’approche qu’à l’issue des batailles de Lützen ou Bautzen gagnées par la seule infanterie. Il voit dès lors l’armée coalisée se replier en bon ordre, sans parvenir à la détruire.

Enfin, quoiqu’il s’agisse d’un aspect relativement marginal, il convient de parler des raids ou des manœuvres de harcèlement menés essentiellement par la cavalerie légère (pensons aux souvenirs de Marbot), ou encore des opérations de contre-guérilla, tant en Espagne qu’en Saxe, en juin 1813 (le but recherché étant alors de garantir la sûreté des lignes d’approvisionnement dans la zone de l’Elbe et la Basse Saxe, soit en escortant les convois, soit en quadrillant la région pour repérer et détruire les petits détachements ennemis).

Au bout du compte, hormis quelques cas particuliers, l’action de la cavalerie ne saurait se concevoir en dehors d’une manœuvre combinée. Un témoignage parmi d’autres est fourni à cet égard par les instructions de Napoléon à Eugène de Beauharnais, le 7 juin 1809 : « Vous devez marcher avec une avant-garde composée de beaucoup de cavalerie, d’une douzaine de pièces d’artillerie et d’une bonne division d’infanterie. Tout le reste de vos corps doit bivouaquer à une heure derrière, la cavalerie légère couvrant comme de raison autant que possible. (…) De votre avant-garde à la queue de votre parc, il ne doit pas y avoir plus de trois à quatre lieues ».

Les règles du combat de cavalerie

En dépit des distinctions fonctionnelles établies au sein de la cavalerie française, lourde ou légère, l’ensemble des régiments de l’arme connaît une identité du mode de combat, fondé sur un recours au choc de préférence à la fourniture de feux. L’ordonnance du 20 mai 1788, qui régissait les manœuvres de cavalerie, a été complétée et simplifiée (plutôt que remplacée) par celle du 1er vendémiaire an XIII (23 septembre 1804). Contrairement aux affrontements médiévaux, la quasi permanence de l’action groupée des bataillons ou des escadrons a entraîné, à partir du XVIe siècle, un relatif appauvrissement des techniques de combat à cheval. Par rapport aux affrontements individuels, les évolutions collectives ne requièrent pas, en effet, de maîtrise consommée des finesses de l’art équestre, notamment des voltes. En revanche, comme pour l’infanterie, le respect des alignements s’avère impératif afin de conserver la cohésion censée garantir l’effet de masse. Cela exige des montures de taille comparable, fournissant une battue identique, si bien que les règlements distinguent, en fonction de la hauteur au garrot, des chevaux de cavalerie légère, de dragons et de cuirassiers (voir napoléon.org du 25 avril 2025). La formation de base demeure quant à elle la ligne de quatre cavaliers, susceptible de devenir file par une simple conversion. Dès lors, une fois que la recrue maîtrise l’équitation, l’entraînement consiste à évoluer par quatre puis par peloton, la cohésion des pelotons d’un escadron représentant l’impératif sur lequel est fondée la manœuvre tactique.

Les formations se répartissent en deux grandes familles : la colonne pour les déplacements ou les mouvements d’approche, la ligne (de deux rangs) pour le combat, afin d’utiliser pleinement la puissance de choc. Étant donné qu’un cheval occupe, dans un rang, un peu moins d’un mètre, le front d’un détachement de cavalerie correspond, en ligne, à peu près à la moitié de l’effectif considéré. En marche, le front d’un peloton correspond à 12 m (12 files de cavaliers), soit le 1/8e de l’effectif de l’escadron, sachant que la distance séparant deux pelotons est généralement de 6 mètres, et de 16 entre deux escadrons. En revanche, une brigade en colonne serrée par escadron n’a que 150 m de long. Dans la « formation en bataille » utilisée pour les alignements tactiques (la charge notamment), les deux rangs de cavaliers sont séparés de 2 pieds (de la croupe du 1er rang à la tête du cheval du 2e rang). Dès lors, la profondeur de deux rangs équivaut à 6 mètres environ. Reste la question des intervalles : en bataille, les compagnies d’un même escadron sont strictement accolées, sans espace de séparation. En revanche, la distance entre deux escadrons est de 12 mètres, mais de 30 mètres entre deux régiments placés sur une même ligne.

Un escadron de cuirassiers chargeant l’ennemi sur deux rangs, par compagnies accolées, représente donc un front d’un peu moins de 100 mètres, sur une profondeur de 6. Un escadron de cavalerie légère ou de dragons forme quant à lui à un rectangle de 120 mètres de face sur 6 de profondeur. Bien évidemment, un tel calcul ne tient pas compte des chefs en tête des troupes. Un régiment de cuirassiers, chargeant avec quatre escadrons en échelons successifs, représente approximativement une masse de 100 mètres de front sur 54 à 72 de profondeur (avec des escadrons séparés par un intervalle de 10 à 16 mètres). Mais il ne faut pas oublier que le dispositif adopté dépend d’abord de l’espace de manœuvre disponible. Si celui-ci se révèle trop restreint, les deux compagnies peuvent charger l’une derrière l’autre, dans une formation de 25 ou 30 m de front et d’une quinzaine de mètres de profondeur. On comprend dans ces conditions que les charges de l’armée impériales puissent être commandées à la voix sur un front de 300 à 500 mètres. 

En règle générale, l’arme d’épaule (fusil ou mousqueton) est essentiellement utilisée par les postes avancés, pour la défense d’un stationnement ou encore pour l’attaque à pied d’une position organisée. Toutefois, cette manoeuvre d’infanterie demeure exceptionnelle. On cite souvent à ce propos l’action en 1805 d’un escadron du 9e dragons qui combat à pied dans les rues du village de Wertingen pour en déloger les tirailleurs ennemis. En revanche, avant-gardes ou flancs-gardes qui explorent le terrain durant les marches progressent le mousqueton ou le fusil posé sur la cuisse, prêt à faire feu (ce qui permet par ailleurs d’avertir immédiatement du danger le gros de la troupe). Enfin, le tir à cheval est également pratiqué, en dépit de la difficulté à recharger et, surtout, des résultats aléatoires qu’il procure.

Contrairement à l’infanterie, dont l’efficacité tient avant tout à sa capacité de feu (les affrontements à la baïonnette s’avérant dans la réalité très rares), la cavalerie agit essentiellement par le choc en recourant à l’arme blanche, en l’occurrence le sabre (l’usage du pistolet dans le corps à corps a en effet été abandonné depuis 1776 au sein de la cavalerie française), voire la lance à partir de 1811, étant entendu que seule la première ligne de chevau-légers charge en pointant cette dernière, les cavaliers de deuxième ligne utilisant quant à eux leur sabre. Les spécialistes de l’époque n’envisagent d’ailleurs pas d’autre mode d’action. Guibert, référence de la pensée militaire du XVIIIe siècle, est très net dans son Essai général de Tactique (1772) : « La cavalerie n’a qu’une manière de combattre, c’est par la charge ou le choc. Toute action de feu en troupe lui est impropre. La vitesse et la cohésion sont ses qualités essentielles ». Thiébault se montre tout aussi catégorique : « La cavalerie a deux manières de combattre, en chargeant et de pied ferme. Cette dernière lui ôte une si grande masse de ses avantages qu’elle ne doit être adoptée que par l’effet d’une véritable nécessité (…). Observons cependant que, lorsqu’elle sera réduite à cette manière de combattre, la cavalerie devra faire précéder l’emploi du sabre par celui de ses armes à feu, afin de compenser, autant que possible, l’inconvénient de l’immobilité ».

Un régiment peut donc attaquer selon quatre modalités : en ligne (avec ses escadrons accolés), en colonne (par escadron ou peloton), en échelons ou en échiquier. La cavalerie lourde adopte habituellement la colonne de peloton (25 hommes de front, chacun des deux pelotons étant disposé sur deux rangs), ce qui accroît la puissance de choc. En général cependant, lorsqu’il s’agit d’assaillir un carré d’infanterie, la largeur du front correspond à celle d’un escadron, avec pour direction d’attaque l’un des angles du carré. La formation en bataille, utilisée notamment pour la charge, se prend, on l’a dit, sur deux rangs, un cavalier du deuxième rang pouvant espérer éviter un cavalier du premier rang qui chute, ce qui s’avérerait impossible pour un cavalier de troisième rang. Si bien qu’en dépit de son règlement qui prévoit trois rangs, la cavalerie autrichienne, pragmatique, charge elle aussi, sous l’Empire, sur deux rangs. Dans tous les cas, officiers et sous-officiers ont des places strictement assignées dans le dispositif, ce qui permet d’entraîner par l’exemple les soldats, qui ont toujours sous les yeux un cadre dont il suffit d’imiter les mouvements.

Les cavaliers quittent leur position de départ au trot, prennent le petit galop à deux cents pas de l’ennemi et le galop de charge à quatre-vingt pas, à la sonnerie de trompette. Mais l’effet de masse (la progression « botte à botte ») compte davantage que la vitesse pour briser les rangs adverses. Dans certains terrains défoncés ou encombrés d’obstacles, la cavalerie progresse au trot (on verra même des unités charger quasiment au pas dans la tempête de neige d’Eylau). À Marengo, la grosse cavalerie de Kellermann prend le galop à soixante mètres seulement des dragons autrichiens. À Altafulla, Curély fait sonner la charge à cinquante mètres de la cavalerie espagnole. À Zehdenick, Lassalle charge à dix mètres. Les cavaliers peuvent également se contenter d’attendre l’ennemi. Lors de la retraite du Portugal, Sainte-Croix demeure immobile avec ses dragons, sabres pointés en avant, puis contre-attaque après le choc. Bref, en matière de combat à cheval, la compacité apparaît préférable au mouvement. Ardant du Picq (Études sur le combat – Combat antique et combat moderne, 1880) résume ces observations en quelques lignes : « La cohésion et l’ensemble faisant la force de la charge, on s’explique, l’alignement étant impossible à une allure vive où les plus vites dépassent les autres, comment il ne faut lâcher la bride que lorsque l’effet moral est produit et qu’il s’agit de le compléter en tombant sur l’ennemi déjà en désordre, en train de tourner le dos, etc. Ainsi chargeaient les cuirassiers : au trot (…). Jomini parle de charges au trot contre cavalerie lancée au galop et cite Lasalle qui en agissait souvent ainsi et qui, voyant cavalerie accourir au galop, s’écriait : « Voilà des gens perdus. » Jomini fait de cela affaire de choc : le trot permet l’union, la compacité que le galop désunit. Tout cela peut être vrai ; mais affaire d’effet moral avant tout. Une troupe lancée au galop qui voit arriver à son encontre un escadron bien serré, au trot, est étonnée d’abord d’un aplomb semblable ; par l’impulsion matérielle supérieure du galop, elle va la culbuter ; mais point d’intervalles, point de trous par où passer en perçant. »

Thiébault, de son côté, théorisait déjà cela d’une façon générale en quelques lignes : « La plus grande force d’une cavalerie qui charge étant dans l’effet moral qu’elle produit, et dans son choc, et cet effet moral et ce choc ne pouvant résulter que de l’ordre et de la vitesse, tout doit être sacrifié à le maintenir et à la rendre toujours croissante, sans rien perdre de la régularité dans les rangs, dans la formation, dans les mouvements et dans l’attaque ». Dès lors, la charge en muraille demeure le mode habituel, la charge en ordre dispersé (« en fourrageurs ») étant pratiquée seulement contre l’artillerie.

En guise de conclusion : l’image de la cavalerie impériale : mythe et réalité

Les cavaliers de l’Empire bénéficient dans la mémoire collective d’une image magnifiée, voire survalorisée. Hussards aux somptueux uniformes, dragons pleins d’élégance ou cuirassiers aussi stricts qu’imposants demeurent des figures emblématiques de l’épopée, au même titre que chasseurs ou grenadiers de la Garde. La réalité cependant se révèle quelque peu différente. La cavalerie ne représente qu’une fraction des effectifs combattants. Par ailleurs, son implication dans les affrontements, en termes de manœuvre ou de réaction tactique, connaît des limites (la première campagne de Saxe, on l’a dit, montre en effet a contrario que la faiblesse des effectifs montés n’empêche pas la victoire, même si elle enlève une grande partie de son efficacité à la poursuite). La question des pertes est également extrêmement révélatrice. La plupart des tués et des blessés sont en effet atteints par des armes à feu (fusil, rarement pistolet, très souvent projectile d’artillerie), ce qui repousse bien au second plan le corps à corps, mode préférentiel du combat de cavalerie. Par ailleurs, quoique vulnérable aux tirs, cette dernière ne subit pas les pertes les plus lourdes, bien au contraire si l’on en croit cette statistique du professeur Corvisier (Dictionnaire d’art et d’histoire militaires, 1988, article « pertes humaines dues à la guerre ») : 1 officier sur 22 dans l’artillerie, 1 sur 23 dans la marine, 1 sur 29 dans l’infanterie mais seulement 1 sur 44 dans la cavalerie.

Toutes ces remarques s’ordonnent néanmoins en un ensemble cohérent. Les guerres du Consulat et de l’Empire marquent à la fois l’apogée et le début des transformations de la guerre menée avec des armes à canon lisse. Dans ce contexte, la cavalerie ne conserve qu’une part de sa fonction d’instrument de choc. Mais, quarante ans plus tard, l’introduction des armes à canon rayé modifie radicalement ses conditions d’emploi. La cavalerie américaine de la guerre de Sécession s’avère avant tout une infanterie montée qui se déplace à cheval mais combat à pied. Les charges du Premier Empire marquent bien la fin des grands affrontements équestres, comme l’illustre a posteriori l’échec sanglant des cuirassiers français à Reichshoffen en 1870.

Jean-François Brun, maître de conférences HDR à l’université de Saint-Étienne, auteur de La Grande Armée. Analyse d’une machine de guerre, Grand Prix de la Fondation Napoléon en 2023 (mise en ligne : avril 2025)

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