La formation intellectuelle de Napoléon à Brienne

Auteur(s) : GANIÈRE Paul
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Pendant les cinq années qu’il va passer à l’École préparatoire militaire de Brienne, Napoléon, en raison de ses origines sociales et insulaires va être seul, seul au milieu de garçons qui ne l’aimaient pas et qu’il n’aime guère, qui le méprisent et qu’il méprise encore davantage. Aussi va-t-il instinctivement fuir la compagnie de ces petits nobles, de ces « paltoquets », qui le considèrent comme un étranger et un parvenu. Il se forgera ainsi un univers à part au sein duquel il pourra à son aise songer à son île natale et rêver de revanche. Or, que peut faire un jeune homme – presque un enfant – ambitieux, désireux de pouvoir dominer un jour ceux qui le dominent présentement de leur supériorité de naissance, de langage, de bonnes manières ? Rien, sinon se réfugier dans le travail, afin de leur démontrer qu’il n’est pas dépourvu de qualités intellectuelles pouvant faire de lui, non seulement leur égal, mais leur supérieur. De la sorte, son esprit s’enrichira et mûrira plus rapidement que celui de la grande majorité de ses condisciples un peu trop enclins à s’endormir dans une certaine indolence et à se retrancher derrière leurs privilèges et leurs droits.
Il est bien évident que ses maîtres occuperont une place prépondérante dans cette période capitale et mal connue de la vie de Napoléon. C’est donc vers eux que doivent se tourner les regards si l’on veut tenter de comprendre comment un jeune Corse d’une dizaine d’année, parlant à peine le français, chétif et méfiant, farouche et coléreux, arrivé à Brienne le 15 mai 1779 pour préparer le concours d’entrée à l’École militaire de Paris, en sortit le 30 octobre 1784 sous les traits d’un adolescent encore gringalet certes, mais doté d’une solide culture générale, plein d’assurance et confiant en sa bonne étoile.

Les pères Louis Berton et Dupuy

  Lors de l’arrivée de Napoléon à Brienne, le personnel enseignant de l’École se compose, pour les cours de latin, de français, de grammaire, de mathématiques, de douze religieux de l’Ordre des Minimes de Champagne parfois renforcés par les Minimes de Franche-Comté, que l’on appelle irrévérencieusement à Paris « les bonshommes », et, pour les langues étrangères, l’écriture, le dessin, l’escrime, la danse, de maîtres laïcs. Ces professeurs, souvent assez médiocres et mal préparés à assumer la mission qui leur est confiée, sont placés sous l’autorité d’un Père supérieur, assisté d’un sous-principal et chargé de diriger leur action et de veiller à la stricte application du règlement.
En 1779, le supérieur s’appelait le Père Lélue. Brouillon et incapable, il sera bientôt remplacé par le Père Louis Berton, « homme de haute taille et de figure rébarbative », entré dans les Ordres après un court passage dans l’armée royale. Le nouveau supérieur s’efforce, assez maladroitement semble-t-il, de remettre de l’ordre dans l’établissement et se signale surtout par une rigueur aveugle. Redouté de tous les élèves, il ne semble guère que le jeune Buonaparte l’ait approché autrement que pour se faire réprimander à l’occasion de quelque manquement à la discipline.
À ce propos, Bourrienne rapporte une anecdote dont il est impossible de vérifier l’authenticité. Le supérieur avait l’habitude d’inviter à tour de rôle ses élèves à sa table afin de les mieux connaître. Le jour où Napoléon fut admis à cet honneur, le Père Berton et les professeurs qui l’entouraient, connaissant les sentiments ombrageux de leur convive pour tout ce qui se rapportait à l’histoire de la Corse, eurent le mauvais goût de parler en termes sévères de Pascal Paoli. L’enfant se fâcha tout rouge et répondit à ces attaques par un vibrant hommage à son compatriote. Cet incident, sans grand intérêt par lui-même, n’aurait eu pour conséquence, s’il en était besoin, que de durcir davantage encore le caractère irascible et exclusif du jeune Napoléon.
En 1790, après que le Collège eut été fermé, le Père Louis Berton se rendra auprès du cardinal-archevêque de Sens, Loménie de Brienne, qui, l’année suivante prêtera serment à la Constitution civile du Clergé, et dont il deviendra le vicaire général. Rendu en 1794 à l’état de laïc, il occupera en 1800 les fonctions d’économe du collège de Saint-Cyr, puis, en 1801, celles de directeur du collège de Compiègne où le Premier Consul viendra le visiter le 25 juin (25 Thermidor An IX) sans lui témoigner des sentiments particuliers d’attachement ni d’estime. Nommé proviseur du lycée de Reims en 1803, il sera destitué en 1808 en raison de sa mauvaise administration et mourra trois ans plus tard, la tête un peu égarée, après un jeûne volontaire de quarante-deux jours.
Le sous-principal en fonction durant les premières années d’études du jeune Buonaparte est le Père Dupuy, qui exerce également les fonctions de professeur de français et de latin. Bourrienne le qualifie d’homme « aussi complaisant qu’excellent grammairien ». Parfaitement conscient, malgré son âge, de l’infériorité que lui confère sa mauvaise connaissance de la langue française, Napoléon s’applique à suivre ce maître qui semble le comprendre et se met à sa portée. Sous sa direction, il apprend à lire les grands auteurs classiques, à distinguer et à commenter les différentes sortes de poèmes, aussi bien les apologues que les odes, la satire que l’épître, l’épigramme que le madrigal, le sonnet que le rondeau.

À cette école, il accomplit des progrès rapides. Très vite, ses camarades eux-mêmes, pourtant peu portés à l’indulgence, reconnaissent que s’il conserve encore un peu d’accent italien et quelque gêne pour utiliser certaines tournures de phrase, tout ce qu’il dit est vigoureux et concis, et que « son nouvel idiome avait désormais assez d’énergie pour rendre ce que son esprit concevait avec vivacité ».
Par contre, les règles de la syntaxe, la classification des verbes, la complexité des conjugaisons le rebutent. Il se refuse à apprendre par coeur et à réciter bêtement, il regimbe devant des exercices qu’il juge stupides et l’obligation à laquelle on voudrait le contraindre de « rendre la raison grammaticale des mots ». Les caprices de l’orthographe le convulsent davantage encore. Leur illogisme, leurs contradictions le rendent véritablement furieux. N’ira-t-on pas jusqu’à prétendre que, si son écriture fut toujours déplorable, il faut en chercher la raison dans son désir de la rendre illisible afin de masquer les fautes innombrables dont il émaillait ses textes.
Le Père Dupuy doit également déplorer les pauvres dispositions de son élève pour le latin. On peut d’autant plus s’en étonner que ses origines méditerranéennes auraient dû lui faciliter l’étude de cette langue. La seule explication possible à cette aversion qui, pour certains de ses camarades, aurait frisé le dégoût, réside dans le fait qu’il considérait l’étude du latin trop abstraite et sans relation directe avec la formation d’un futur officier.
Le Père Dupuy devait abandonner ses fonctions de professeur et de sous-principal en 1781. Napoléon, cependant, ne l’oubliera pas. En 1786, il soumettra à son appréciation son manuscrit intitulé « Lettres sur la Corse ». Devenu Premier Consul, il le nommera bibliothécaire du Château de Malmaison aux appointements annuels de 3.600 francs. Dupuy profitera de cette sinécure, non pas pour s’intéresser particulièrement aux livres ainsi que l’on serait en droit de le supposer, mais aux affaires, et, pour augmenter ses ressources, n’hésitera pas à s’aboucher avec les vignerons des côteaux de Suresnes pour acheter leur récolte qu’il revendra sous l’appellation de vin de Champagne. Il mourra en 1807. L’Empereur, qui se trouvait alors en Prusse et ignorait ses faiblesses, écrira à Joséphine : « Parle-moi de la mort de ce pauvre Dupuy. Fais dire à son frère que je lui veux du bien… ».

Le père Jean-Baptiste Berton

  Dupuy fut remplacé à Brienne par un frère cadet du Père supérieur, le Père Jean-Baptiste Berton. Ce dernier, comme l’avait fait son aîné, avait porté l’uniforme de grenadier, probablement dans le régiment d’Auvergne, avant de prononcer ses voeux en 1780. Lorsqu’il arrive à l’École, il est tout juste âgé de 24 ans et rien ne semble le destiner à une carrière pédagogique. Pendant les premiers temps de son ministère, ses élèves ne le respectent guère et le surnomment « le moine en ique » pour se moquer de son habitude d’user un peu trop communément des mots se terminant par cette consonance. Il saura pourtant s’adapter à sa tâche et fera, selon toute apparence, un professeur fort convenable.
À défaut de posséder des connaissances très étendues, il est du moins fin psychologue. Il prend la mesure des aptitudes du jeune Napoléon pour l’étude de la langue et de la littérature française et s’emploie de son mieux à poursuivre la tâche entreprise dans ce domaine par son prédécesseur Dupuy. C’est lui qui, très vraisemblablement initiera le jeune Napoléon, selon la coutume du temps, aux trois grands genres d’éloquence, le genre judiciaire, le genre démonstratif, le genre délibératif, et aux trois espèces de style, le style simple, dont La Bruyère constitue l’exemple le plus représentatif, le style sublime encombré d’un « fatras pompeux de paroles stériles », le style tempéré, le plus difficile sans doute à pratiquer mais qui, lorsqu’on le manie avec art, permet d’exprimer ses idées de la manière la plus directe et la plus percutante. Si l’on veut bien se rappeler la précision des formules qu’emploiera un jour le futur Empereur, tant dans ses paroles que ses écrits, la sûreté de son vocabulaire, l’envolée de ses expressions, il est juste de reconnaître en cette circonstance, l’indiscutable responsabilité qui en incombe au Père Jean-Baptiste Berton.

Une autre constatation s’impose : il est bien difficile, sinon impossible, de supposer que le Père Berton n’ait pas également dirigé le choix des lectures dans lesquelles son élève aimait à se plonger pendant d’interminables heures. Il ne faut pas oublier, en effet, que Napoléon au cours des dernières années passées à Brienne, « fatiguait littéralement » son camarade chargé de la bibliothèque par ses demandes réitérées d’ouvrages de toute sorte, mais plus particulièrement des biographies de personnages célèbres, des études historiques ou militaires, des manuels de géographie et de science, des grands classiques, tels Corneille, Racine, La Fontaine, Bossuet, Fénelon, Fléchier, Massillon, Boileau, des traductions d’oeuvres anciennes et notamment celles de Tacite, de Suétone, de Tite-Live, de Virgile, d’Homère et surtout de Plutarque.
L’oeuvre de ce dernier le passionne. Il la lit et la relit avec délice, loue sans réserve l’impartialité et l’érudition de son auteur qu’il considère comme le plus grand écrivain de toute l’Antiquité, période qui exerce déjà sur son esprit une attraction profonde. Son repliement sur lui-même favorise la réflexion et sa prodigieuse mémoire lui permet d’en enregistrer des pages entières. Peut-être, comme le dira Norvins, l’admiration qu’il professe pour Plutarque fut-elle déterminante « sur une âme de cette trempe en développant chaque jour le germe d’enthousiasme, d’héroïsme, d’amour de la gloire et d’ambition que la nature y avait déposée ».
Contrairement à son aîné, le Père Louis Berton qui, comme on le sait déjà, n’avait joué aucun rôle dans la formation du jeune Buonaparte, il n’en fut pas de même de son frère Jean-Baptiste qui sut, grâce à son sens de l’opportunité et à sa compréhension, se faire apprécier et aimer. Le Premier Consul, comme l’Empereur, continuera d’ailleurs à lui porter intérêt.
Succédant à son frère en 1786 comme supérieur de l’École, le Père Jean-Baptiste Berton restera à Brienne jusqu’à la Révolution, Sécularisé en 1796, il sera nommé économe de l’hôpital de Morlaix en 1799, puis affecté peu après au service de santé de l’armée. Après avoir siégé quelque temps au conseil d’administration de l’hôpital d’Alexandrie, on le retrouvera économe de l’hôpital militaire du Val de Grâce en 1804 et enfin inspecteur en 1807 des hôpitaux de Bruxelles. Après sa mise à la retraite en 1811, Napoléon lui fera verser une pension annuelle de 1.418 francs.
Il est fort probable que la carrière de celui qui fut autrefois pour ses élèves « le moine en ique » aurait été plus brillante si sa vie privée avait été moins sujette à critique. Non content d’avoir séduit, alors qu’il portait encore la soutane, la femme du sous-aide major attaché à l’École de Brienne, Jean-Baptiste Berton sera accusé par la suite de s’intéresser un peu trop aux jeunes garçons, de cultiver en public les plaisanteries faciles et les propos graveleux, de s’être affilié à la franc-maçonnerie et de faire étalage d’un anti-cléricalisme effréné.
Il mourra en 1837, presque octogénaire, après avoir sollicité sans succès du gouvernement de Charles X d’abord, de celui de Louis-Philippe ensuite, la Croix de Chevalier de Légion d’Honneur.

Le père Patrault

  Les bonnes dispositions affichées par Napoléon dès son entrée à l’École de Brienne pour l’étude des mathématiques et les progrès rapides qu’il devait accomplir en cette matière vont valoir à son professeur, Jean-Baptiste Patrault, la faveur d’occuper une place privilégiée dans la liste de ses anciens maîtres. Ce dernier avait prononcé ses voeux à 17 ans et était entré chez les Minimes de Franche-Comté, sa province d’origine. En 1779, le Père supérieur de l’École de Brienne avait fait appel à ses services pour occuper une chaire. Le Père Patrault allait se révéler un enseignant sérieux et plein de bonne volonté. Porté à l’indulgence, il n’en sera pas moins l’un des professeurs les plus respectés de ses élèves et restera en fonction jusqu’à la Révolution.
Lorsqu’il découvre sur les bancs de sa classe le jeune Buonaparte, il est aussitôt frappé par sa facilité à retenir les théorèmes et à résoudre comme en se jouant les problèmes qui lui sont posés. En moins de quatre ans, nous dit un de ses condisciples peut-être un peu porté à l’exagération, il va être en mesure grâce aux leçons particulières que lui donne le Père Patrault de comprendre les formules les plus complexes, notamment celles du carré de l’hypothénuse et du binôme de Newton, de se servir aisément d’une table de logarithmes, d’assimiler les règles fondamentales du calcul intégral et différentiel. Bourrienne, de son côté, reconnaît ses facultés exceptionnelles et déclare qu’il est certainement l’élève le plus fort de toute l’École. Pourtant, nul ne saurait alors soupçonner que ce garçon aussi doué soit-il, sera invité à siéger à l’unanimité des votants moins sept voix le 25 décembre 1797 (5 Nivôse an VI), soit moins de quatorze ans plus tard, à l’Institut des Sciences et des Arts, classe des Sciences Physiques et Mathématiques, section des Arts Mécaniques.
Si le Père Patrault éprouve pour son élève des sentiments d’attachement, ce dernier les lui rend bien. Comment pourrait-il en être autrement, compte tenu de la bienveillance que lui témoigne son maître. En voici un exemple. Certain jour, peut-on lire dans le Mémorial de Sainte-Hélène, Napoléon, puni par le maître de quartier pour on ne sait quel motif, prenait son repas à genoux devant la porte du réfectoire, revêtu de la robe de bure. Les sentiments d’humiliation et d’impuissance qu’il éprouvait soulevèrent son estomac et provoquèrent une crise de nerfs. Le Père Patrault, qui venait à passer, prit pitié de lui, l’aida à se relever et s’en alla protester auprès du Père supérieur « que l’on dégradât ainsi son premier mathématicien ». À la suite de cette intervention, le coupable fut pardonné mais n’en demeura pas moins malade pendant plusieurs jours.

Les avis concernant le Père Patrault ne sont cependant pas concordants. D’aucuns, non seulement mettent en doute son efficacité, mais prétendent qu’il fut « un homme assez ordinaire », voire un « ignorant en froc », ne possédant aucune notion de physique ni de sciences naturelles et que s’il avait eu un esprit plus ouvert, Buonaparte aurait certainement donné toute la mesure de son génie et de ses capacités inventives. On reste dans le domaine des suppositions. Ce qui est certain, c’est que Napoléon témoigna toujours de la reconnaissance à son ancien professeur de mathématiques et que le Père Patrault est le seul de tous ses maîtres de Brienne dont il parla plus tard à ses compagnons de captivité.
Cette gratitude devait se traduire dans les faits. Pendant les premiers temps de la Révolution, Patrault acquis aux idées démocratiques devait se réfugier tout comme le Père Louis Berton, auprès de l’évêque constitutionnel de Sens, dont la nièce lui confia, sous la Terreur, le soin de sauver ses deux filles Adrienne et Anne-Charlotte. Patrault rêvait de faire d’elles deux paysannes et de les marier avec de braves cultivateurs, mais, lorsque la tourmente fut passée, il lui fallut, bien contre son gré, abandonner cet espoir ridicule et rendre les pupilles à leur mère. Loin de suivre ses conseils, elles allaient respectivement devenir sous l’Empire, Comtesse de Marnesia et Duchesse de Vincence.
En 1796, rapporte le Grand-Maréchal Bertrand dans ses « Cahiers de Sainte-Hélène », Napoléon, désireux d’épouser Joséphine l’aurait consulté sur l’opportunité financière d’une telle union. Patrault, se serait livré à une enquête auprès d’un de ses amis, négociant à Dunkerque et, pour cette raison, en relation d’affaires avec la plupart des colons antillais. Le futur Empereur aurait pris sa décision sur l’affirmation de son informateur selon laquelle la famille de Madame de Beauharnais possédait à La Martinique une propriété pouvant rapporter jusqu’à 50.000 livres de revenus annuels.
Quoi qu’il en fut, l’année suivante, Patrault sera appelé par son ancien élève à l’armée d’Italie où il se montrera « plus propre à calculer la courbe des projectiles qu’à en braver les effets ». Le général en chef l’attachera alors au service de l’administration des domaines où, comme tant d’autres, il saura édifier une fortune évaluée à plus d’un million de francs. Il mènera grand train, possédera un hôtel particulier à Paris et une maison de campagne à Suresnes, construite au milieu d’un magnifique parc.
Deux ans plus tard, il se présentera devant le Premier Consul complètement ruiné. Ce dernier, après une enquête menée par ses services de police, découvrira que Patrault s’était livré au « commerce de l’usure à la petite semaine » et que, fort peu scrupuleux dans le choix de ses débiteurs, avait été entraîné dans leur déconfiture.
– « J’ai déjà payé ma dette, répondra-t-il à sa demande de secours. Je ne peux désormais rien pour vous ».
Malgré cette dureté de façade, il lui fera pourtant verser une pension alimentaire. Grâce à cette modeste aisance, Patrault se mariera, deviendra en 1808 maire de la commune de Villemoutiers, dans le Loiret, et terminera son existence sous la Monarchie de Juillet entouré de l’affection de ses compatriotes. Sur sa tombe sera gravée cette épitaphe émouvante : « Une larme au père des pauvres ».

  Les Pères Jean-Baptiste Berton, Dupuy, Patrault, tels sont donc les noms de ceux qui ont certainement le plus contribué à modeler la pensée du jeune Buonaparte pendant son séjour à l’École de Brienne. Ses autres maîtres, le Père Kelb pour la langue allemande, probablement les Pères Lemery, Bouquet, Hanrion pour les matières secondaires, le Père Charles pour l’instruction religieuse, les maîtres laïcs Courtalon pour le dessin, Daboval pour l’escrime, Bar pour la danse ne jouèrent qu’un rôle secondaire. Il en est certainement de même pour le futur général Pichegru qui sera impliqué en 1804 dans le complot de Cadoudal, et qui exerça les fonctions de répétiteur de mathématiques à Brienne pour les élèves de la classe élémentaire au cours du dernier semestre de 1779 et les premiers mois de 1780, qui précédèrent son engagement dans l’armée.

 

Cet article fait également partie du dossier thématique « 1769-1793 : la jeunesse de Napoléon Bonaparte »

Titre de revue :
Revue du Souvenir Napoléonien
Numéro de la revue :
265
Numéro de page :
11-15
Mois de publication :
août
Année de publication :
1972
Année début :
1779
Année fin :
1784
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