Rendre les honneurs
Légitimée par sa valeur militaire exceptionnelle, la Garde remplit un certain nombre de fonctions secondes, mais non secondaires, dans la continuité des gardes gouvernementales antérieures.
La protection des palais impériaux et le soin de rendre les honneurs s’avèrent tout à fait logiquement du ressort de la Vieille Garde, qui y consacre en permanence un bataillon et un escadron (relevés chaque mois), le grand-maréchal du palais réglant le service. Les Tuileries abritent en effet trois postes d’infanterie, un piquet de gendarmerie, un de cavalerie et quelques sapeurs. Mais des détachements stationnent également au Louvre, à l’Elysée, à Vincennes, au Trianon, à la Malmaison, rue Saint Dominique (chez Madame Mère), rue Laffitte (où habite la reine Hortense), rue de La Chaise (où loge Pauline Borghèse), sans oublier les sentinelles aux portes des diverses casernes ni les escortes et patrouilles à l’intérieur de Paris. Coignet se montre formel à ce propos : « la caserne [de Courbevoie] contenait trois bataillons et un de service à Paris, pour faire le service chacun son tour par mois. Ce service était pénible : huit heures de faction et deux heures de patrouille et des rondes-major de nuit. »
Cette mission de représentation explique également l’existence dans la Vieille Garde de musiques particulièrement étoffées. Toute compagnie d’infanterie possède 2 tambours, auxquels s’ajoutent, comme sous l’Ancien Régime, des fifres dont l’existence est tolérée en dépit du silence des règlements à leur sujet. De son côté, la cavalerie utilise des trompettes. Mais il s’agit de soldats chargés de transmettre les ordres, au quartier comme en campagne. À ces militaires occupant des fonctions opérationnelles et regroupés dans des batteries ou fanfares d’ordonnance s’ajoutent des harmonies composées de musiciens civils sous contrat, habillés d’uniformes richement ornés. Grâce à celle du 1er Grenadiers (ou du 1er Chasseurs à pied), la relève quotidienne de la Garde (aux Tuileries ou en campagne) fait l’objet d’aubades fort prisées du public. Ces musiques se voient d’ailleurs renforcées d’intermittents pour orchestrer les grands événements du règne.
Protéger le souverain
Tout départ en campagne entraîne un certain nombre d’aménagements. Les soldats les plus âgés, provisoirement indisponibles, affectés dans les dépôts ou chargés de tâches d’instruction demeurent à Paris pour assurer au palais un service d’honneur nécessairement allégé par l’absence du souverain. Ce reliquat, loin d’être négligeable, représente ainsi près de 4 550 hommes sur 11 350 en 1805. De leur côté, les unités de guerre deviennent responsables de la personne de Napoléon. En station, bataillons et escadrons remplissent l’un après l’autre les missions de sécurité et d’honneur. C’est l’image du grenadier en faction devant la tente impériale ou sur les remparts du Kremlin. Ce dispositif exclut toute improvisation puisque, souvent, des éléments précurseurs gagnent le futur cantonnement, tandis que des détachements peuvent être mis en place pour jalonner l’itinéraire du lendemain.
Néanmoins, comme l’Empereur voyage constamment à cheval ou en voiture, une escorte montée se révèle indispensable. Composée de quatre escadrons tirés des divers corps de cavalerie de la Garde, elle est commandée par le général de service, tandis que la sécurité rapprochée du souverain est toujours assurée par un peloton de chasseurs à cheval.
Une pépinière de cadres
La Garde constitue parallèlement un centre de formation. Le sens de la discipline, le souci de perfection dans l’entraînement ou l’exécution du service qui caractérisent ses unités en font un véritable modèle de l’esprit militaire, que l’Empereur cherche à insuffler dans le reste de l’armée. Toutefois, si un certain nombre d’officiers supérieurs rejoignent la ligne avec une promotion, l’apport de la Garde consiste essentiellement en cadres subalternes, du caporal au capitaine. Ce sont en effet les plus précieux pour la Grande Armée, dans la mesure où la manœuvre tactique ne débute qu’au niveau du bataillon ou de l’escadron. Si bien que, jusqu’au niveau de la compagnie, priment la discipline de feu et la cohésion des rangs dans les marches ou les combats, qui s’avèrent avant tout affaire d’autorité et d’expérience.
La Vieille Garde représente ainsi une pépinière de sous-officiers ou de sous-lieutenants, propres à encadrer les régiments de ligne ou de Jeune Garde, complétant l’apport des école ou la promotion interne au sein des unités. Exemple entre tous, le 15 mars 1806, 90 caporaux de grenadiers et de chasseurs à pied sont nommés sous-lieutenants dans la ligne. Autre cas : le 6 février 1813, 100 caporaux et 100 sergents de Vieille Garde deviennent sous-lieutenants dans les cohortes de la Garde nationale récemment intégrées dans l’armée régulière. De leur côté, les simples soldats peuvent rejoindre comme sous-officiers les régiments de Jeune Garde. En fait, ce flux plus ou moins intense ne s’interrompt jamais de 1804 à 1814, créant nécessairement des vides qu’il faut combler par le biais de l’avancement ou du recrutement.
De façon plus institutionnelle, la Garde possède aussi des unités de formation spécialisées. Le 31 décembre 1810 est mis sur pied le bataillon d’instruction de Fontainebleau. Dépourvu d’équivalent dans le reste de l’armée impériale, destiné à former des sous-officiers pour la Jeune Garde et la ligne, il est articulé en trois grosses compagnies, l’une d’élèves-sergents (venus des régiments de Fusiliers), les deux autres d’élèves-caporaux (tirés des voltigeurs et des tirailleurs). Les soldats, qui savent tous lire et écrire et servent sous les drapeaux depuis au moins un an, bénéficient des leçons de maîtres d’écriture et d’arithmétique, tandis que leur instruction militaire comporte des cours d’artillerie et de génie, si bien que le bataillon est à même de fournir régulièrement des cadres au reste de l’armée, sous-officiers, fourriers, sergents-majors, voire sous-lieutenants (notamment en 1813).
Reste, déjà mentionné, le cas des vélites. Créés le 21 janvier 1804, ils sont recrutés parmi des conscrits de la réserve ou des engagés volontaires âgés de 18 ans révolus. Payant une pension annuelle de 200 francs (pour les troupes à pied) ou de 300 (pour les troupes à cheval), encadrés par des instructeurs issus de la Vieille Garde, disposant de maîtres de lecture, d’écriture, d’arithmétique, de gymnastique militaire, de mathématiques et de dessin, ils sont théoriquement destinés à entrer dans la Garde, à devenir sous-officiers dans la ligne ou élèves à l’école spéciale militaire de Saint-Cyr. Groupés dans des bataillons ou escadrons à part en temps de paix, ils sont en revanche mêlés à la Vieille Garde en campagne, ce qui permet à cette dernière d’étoffer ses unités de guerre et d’en abaisser la moyenne d’âge (à Austerlitz, chaque compagnie comptera 75 grenadiers ou chasseurs à pied et 45 vélites). Un certain nombre de ces jeunes gens reçoit bientôt l’épaulette de sous-lieutenant dans la ligne, les autres constituant le noyau initial des régiments de Fusiliers (qui fournissent de nombreux cadres les années suivantes). Les chiffres montrent l’importance de ce mode de recrutement : 6 000 places de vélites sont ouvertes par décret entre 1804 et 1806 (dont 800 à cheval), alors qu’une promotion de Saint-Cyr compte au maximum 250 officiers. Puis ils disparaissent, dès 1807 dans l’infanterie, en 1811 dans la cavalerie (les enrôlements volontaires dans les Fusiliers devenant impossibles à partir de cette même année). Iil apparaît cependant évident que Napoléon, s’inspirant des cadets gentilshommes de la maison du roi, a cherché à attirer par ce biais les fils de la petite bourgeoisie, comme le confirme explicitement Thomas Bugeaud dans une lettre à sa sœur : « il y a un grand nombre de jeunes gens qui ne sont pas de bonne famille, fils de paysans, d’artisans. Il y en a aussi de très distingués, mais en général, ce corps n’est pas ce qu’on croit. »
Enfin, l’Empereur a profité du prestige de la Garde pour tenter de recruter les fils de la vieille noblesse, organisant en octobre 1806 quatre compagnies de « gendarmes d’ordonnance ». Les volontaires, âgés de 18 à 40 ans, doivent s’équiper et se monter à leurs frais. Assimilés aux chasseurs à cheval de la Garde, justifiant d’une pension annuelle de 600 francs, ils ont la promesse de devenir sous-lieutenants après une année de service. Mal acceptées par l’armée imprégnée d’égalitarisme républicain, ces unités, qui combattent sans brio, sont finalement dissoutes en octobre 1807. En grande partie intégrés dans la Garde, les gendarmes d’ordonnance fourniront finalement près de 400 officiers à la cavalerie impériale. Nul doute toutefois que ce précédent ait en partie inspiré l’institution des gardes d’honneur en 1813.
En fait , rien n’illustre mieux ce rôle de ressource tenu par la Garde que le schéma généralement suivi pour les régiments de tirailleurs et de voltigeurs. Gradés et sous-officiers proviennent souvent des Fusiliers, les sous-lieutenants sont des vélites ou des Saint-Cyriens sortant d’école, enfin capitaines et chefs de bataillon sont issus de la Vieille Garde. Puis, en 1813, lorsqu’il faudra réparer les pertes de Russie, la Garde dans son ensemble formera un véritable réservoir de cadres subalternes.
Un creuset prestigieux
Plus inattendu, la Garde joue le rôle d’un creuset. Dans ses rangs se mêlent en effet militaires confirmés et conscrits, tous issus de l’ensemble des départements de l’Empire. Dans le processus d’intégration des territoires réunis à l’ancienne France, le monde militaire tient ainsi un rôle comparable à ceux de l’administration ou, à un niveau très élevé, du Sénat et du Corps législatif. À côté de ces recrutements individuels d’ailleurs sont incorporées des unités constituées étrangères, ce qui représente chaque fois un acte politique majeur. C’est le cas, éminemment logique, de la Garde hollandaise en 1810, mais il en va de même pour les vélites de Turin et de Florence. De son côté, le 1er chevau-légers lanciers concrétise les liens particuliers tissés entre le grand-duché de Varsovie et l’Empire français, tout comme la présence des lanciers de Berg rappelle que le grand-duché était alors sur la voie de l’annexion.
La réputation de la Vieille Garde, et à travers elle de la Garde toute entière, se trouve d’autre part vraisemblablement à l’origine d’un certain nombre de choix et de comportements. Dans le monde militaire, la volonté de servir naît bien évidemment en partie des avantages très réels que procure cette affectation. Outre une solde supérieure et l’octroi de diverses indemnités, les conditions de la vie matérielle, cantonnement, nourriture ou habillement, se révèlent bien meilleures que dans la ligne, y compris en campagne.
Vis-à-vis du monde civil, l’Empereur joue également de ce prestige pour faire accepter la mise sur pied d’unités qu’il souhaite recruter en dehors du jeu normal de la conscription (même s’il faut ensuite recourir à cette dernière pour compléter les rangs). En 1810, désireux de récompenser ceux qui ont participé à la défense du territoire à Walcheren, Napoléon crée un « régiment de gardes nationales de la Garde impériale. » L’année suivante, il met sur pied un régiment de flanqueurs pris parmi les « jeunes gens de 18 à 30 ans, fils ou neveux de gardes généraux et de gardes à pied et à cheval des forêts de la couronne et du domaine, et des forêts des communes de l’Empire », dont l’habit-veste de couleur verte rappellera l’origine. Cette volonté apparaît particulièrement évidente en 1813 : un dixième des 12 000 cavaliers offerts par les cantons est incorporé dans les régiments de la Garde. Puis, en avril, 10 000 gardes d’honneur sont levés parmi les notables ou fils de notables de l’Empire. Equipés à la hussarde, montés à leurs frais, ils pourront devenir sous-lieutenants après un an de service. En attendant, leurs quatre régiments combattent « à la suite » de la Garde en 1813 et 1814, sans néanmoins jamais y appartenir officiellement, puisqu’ils dépendent de l’Administration de la guerre.
La Garde s’avère aussi un instrument médiatique de premier ordre. Les populations se montrent généralement très sensibles à l’étalage de cette puissance tranquille, particulièrement bien organisée et parfaitement habillée. Les Parisiens, qui se pressent aux revues des Tuileries jusqu’en 1814, la reçoivent officiellement, autorités en tête, en novembre 1807 en tant que représentante de l’armée victorieuse. Même impact à l’étranger : en 1806, soucieux d’effacer la mauvaise impression laissée par les premières troupes arrivées en guenilles dans Berlin, Napoléon organise le 27 octobre son entrée solennelle avec la Garde en grande tenue. Dans tous les cas, les mamelouks caracolant en tête de cortège rappellent l’expédition militaro-scientifique d’Egypte qui demeure l’une des principales cautions intellectuelles du régime.
Rien d’étonnant que le souverain, profitant des circonstances, ait songé à l’avenir en instituant le régiment des Pupilles. En 1811, 1 063 jeunes vélites hollandais sont accueillis à Paris après l’annexion du royaume. L’Empereur décide rapidement de joindre à ces enfants ou adolescents 8 000 autres tirés des orphelinats de l’Empire. Bientôt, la « Garde du roi de Rome » (selon une expression d’époque) compte 9 bataillons encadrés d’officiers ou de sous-officiers venus de Hollande, issus des vélites ou de la Vieille Garde. Véritable école militaire, elle compte même, à partir de 1813, 240 élèves-musiciens (120 tambours, 80 cornets et 40 fifres). Cette année-là d’ailleurs, les pupilles âgés de 19 ans au moins sont incorporés dans la Jeune Garde, les plus jeunes tenant garnison dans les ports ou à Paris, jusqu’à la dissolution de leur régiment, décidée par Louis XVIII en 1814. Si le régime avait duré, seraient-ils devenus des cadets ou des janissaires ?
L’esprit de la Garde
« Quoique les soldats de la vieille Garde ne fussent admis qu’après des campagnes multipliées et une renommée militaire bien acquise, ils ne différaient pas moins beaucoup les uns des autres. Appartenant à toutes les contrées de notre pays, chacun d’eux apportait, d’ailleurs, de son régiment un caractère particulier, mais tout cela ne tardait pas à se fondre dans l’esprit de la Garde et à se modeler sur les anciens. On n’envoyait ni tapageurs, ni duellistes, ni buveurs incorrigibles, et, s’il s’en glissait quelques-uns, par hasard, il prenait tout à coup des allures réservées et pleines de convenance, ou ils étaient immédiatement renvoyés. On tenait principalement à la conduite dans cette belle troupe, et on n’y eût souffert aucun homme douteux sous ce rapport. On voulait que cette élite des braves de toutes nos armes se respectât elle-même, et on y était si bien parvenu que les punitions graves étaient presque inconnues dans son sein, et que la salle de police suffisait, le plus souvent, au maintien de la discipline. Les avantages dont jouissait la Garde étaient réels, sans doute, l’uniforme était soigné, la paye assez forte et l’ordinaire bon, quoique toujours simple. Les hommes étaient fort beaux et plusieurs avaient des armes d’honneur, qui furent remplacées, plus tard, par la croix de la Légion. Cette croix était le but le plus constant de l’ambition des soldats et la récompense militaire à laquelle la plupart d’entre eux bornaient leurs modestes désirs. Satisfaits de leur position et flattés de l’honneur qu’on leur faisait, ils songeaient peu à l’avancement et préféraient, en général, leur galon de laine à une épaulette qui les eût fait sortir de la Garde. Cette conscience de leur valeur personnelle et du rang qu’ils tenaient par rapport aux autres troupes donnait à leurs mâles figures un cachet tout particulier de calme, qui frappait les masses et leur imposait sans effort. »
Vice-amiral Grivel, Mémoires.
La protection rapprochée de l’Empereur
« L’escadron des chasseurs à cheval avait un service spécial auprès de l’Empereur. Un lieutenant, un maréchal des logis, deux brigadiers, vingt-deux chasseurs et un trompette marchaient devant et derrière lui. Un brigadier et quatre chasseurs, dont l’un portait le portefeuille et l’autre la lorgnette de Sa Majesté, galopaient en avant de l’Empereur et lui faisaient faire place. S’arrêtait-il, mettait-il pied à terre, les chasseurs l’imitaient à l’instant, plaçaient la baïonnette au bout du mousqueton et marchaient ainsi en carré, l’Empereur au milieu d’eux. L’officier commandant le peloton d’escorte suivait constamment Sa Majesté ; il n’y avait que le roi Murat et le prince de Neuchâtel [le maréchal Berthier] qui pussent lui disputer le pas. L’Empereur s’établissait-il dans un logement : cet officier stationnait dans l’appartement le plus près du sien. Les chasseurs de son peloton étaient pied à terre, tenant à la main les rênes de la bride des chevaux, à la porte de la maison occupée par l’Empereur qui avait toujours là un cheval de ses écuries sellé, bridé et tenu par deux piqueurs. Le peloton d’escorte chargé de ce service était relevé toutes les deux heures de façon qu’à toute heure du jour ou de la nuit c’était la même disposition. »
Parquin, Souvenirs de gloire et d’amour.
Le 1er grenadiers en musique !
À côté de la batterie de fifres et tambours dirigée par le tambour-major existe une harmonie de 48 exécutants sous les ordres d’un chef qui a rang de sergent-major. Cet ensemble mêle musique à la turque (caisse claire, caisse roulante, cymbales, grosse caisse, chapeau chinois, triangle), instruments de bois (basson, clarinettes en ut et en fa, hautbois, flûte) et grande musique (trombone, serpent, trompette, cor et buccin).
Une pépinière de cadres
Dans une lettre adressée au maréchal Bessières, le 3 août 1810, Napoléon exprime nettement sa pensée : « je veux avoir dans ma Garde de quoi former les cadres d’une armée de réserve de 100 bataillons [80 000 hommes] ». Si l’on en croit la suite de ce courrier, ce plan exigera la fourniture de 6 000 caporaux par les régiments de Jeune Garde, de 3 000 sergents par les Fusiliers, de 600 lieutenant issus de la Vieille Garde, tandis que 600 autres viendront des écoles et des lycées. Enfin les capitaines seront tirés de la Ligne et de la Vieille Garde.
Le sergent Coignet devient lieutenant
« Le 13 juillet [1812], il [Napoléon] donna l’ordre de lui présenter 22 sous-officiers pour passer lieutenant dans la ligne. Comme les chasseurs étaient partis, toutes les promotions tombèrent sur nous ; il fallait se trouver sur la place à deux heures pour être présenté à l’Empereur (…). À deux heures, l’Empereur arrive nous passer en revue ; nous étions tous les 22 sur un rang et, commençant par la droite, regardant ces beaux sous-officiers et les toisant de la tête aux pieds sans dire mot, il dit au général Dorsenne : « Ça fera de beaux officiers dans les régiments. »
Cahiers du capitaine Coignet.
Un vélite hors du commun
Thomas-Robert Bugeaud de la Piconnerie, né en 1784, s’engage à vingt ans comme vélite dans les grenadiers à pied. Caporal à Austerlitz, il devient sous-lieutenant dans l’infanterie de ligne en 1806. Colonel en 1815, opposant sous la Restauration, réintégré sous la monarchie de Juillet, son nom demeure lié à la conquête de l’Algérie qui lui vaut le bâton de maréchal.
Les ressources du bataillon d’instruction
Au 1er janvier 1813, le bataillon compte 31 officiers et 807 sous-officiers et élèves. Dans les semaines suivantes, il fournit 207 caporaux, 101 sergents, 88 sous-lieutenants et 31 lieutenants.
Des écarts de solde importants (exemple de l’infanterie)
Solde annuelle (Vieille Garde) | Solde annuelle (Ligne) | |
Colonel
Major (lieutenant-colonel) Chef de bataillon Capitaine Lieutenant en premier Lieutenant en second |
9 000 francs
6 200 francs 5 400 francs 3 600 francs 2 400 francs 2 100 francs |
6 000 francs
5 000 francs 4 000 francs 2 800 francs 1 800 francs 1 500 francs |
Solde journalière (Vieille Garde) | Solde journalière (Ligne) | |
Adjudant sous-officier
Sergent major Sergent Caporal Soldat |
2,97 francs
2,66 francs 2,22 francs 1,66 franc 1,16 franc |
2,10 francs
1,20 franc 1,00 franc 0,75 franc 0,55 franc |
Jean-François Brun, maître de conférences à l’université de Saint-Étienne, auteur de La Grande Armée. Analyse d’une machine de guerre, Grand Prix de la Fondation Napoléon en 2023 (mise en ligne : avril 2025)