Les sources d’étude pour chiffrer le nombre de mort sur le champ de bataille

Auteur(s) : HOUDECEK François
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Les sources d’étude pour chiffrer le nombre de mort sur le champ de bataille
Soldats de plomb du Roi de Rome © Fondation Napoléon

L’état-civil militaire : série Xz du Service historique de la Défense (Vincennes)

Pour la période révolutionnaire et impériale, cette série comporte 63 cartons. Elle se compose principalement de registres d’actes de décès établis par les corps de troupe, les places ou les hôpitaux militaires. Cette série étant incomplète, il est difficile d’évaluer le nombre de morts par ce biais. Certains registres ont été perdus en 1813-1814, d’autres ont été amputés de dizaines de pages sans que l’on sache si elles comportaient des actes. En 1817, selon un rapport à la Chambre des Pairs découvert dans les années 30, il y aurait eu 1 million d’actes de décès aux archives de la guerre pour la période 1792-1815.

Les registres matricules du Service historique de la Défense (Vincennes)

La source la plus complète est celle des registres matricules conservés au Service Historique de la Défense. La sous-série Yb pour les officiers, et Yc pour les hommes de troupe, conservent des centaines de registres et dossiers dont le chiffre est difficilement estimable. Établis en deux exemplaires (un dans les dépôts régimentaires et le second dans les bureaux du ministère), à la Restauration, les registres des dépôts ont été retournés au ministère. Le SHD conserve depuis une double collection de ces registres. Ces registres portent les enregistrements de chaque homme entré dans les régiments par nom, prénoms, date et lieu de naissance, noms des parents, signalements, dates d’entrée, grades et destins. Environ 2,4 millions d’hommes ont intégré la Grande Armée, ce qui, avec les mutations provoquant des doublons, ferait environ 3 millions de matricules. L’énormité des dépouillements nécessaires se confronte à une autre difficulté : le problème administratif de la tenue de ces registres. En 1814, la mise sur le pied de paix entraîna fusions et/ou dissolutions d’unités, qui furent parfois recrées lors des Cent-Jours. En 1815, la disparition des régiments pour les légions départementales entraîna une obsolescence complète des registres impériaux. Ils furent clôturés, renvoyés au ministère, mais ne furent jamais systématiquement mis à jour du destin de nombreux soldats ! De fait, les mentions de destin incertain (rayés pour absence, etc…) posent des problèmes que seule une exploration de l’état civil peut résoudre.

Les registres de la Garde impériale et de l’infanterie de ligne sont consultables en ligne sur le site du ministère des Armées : Mémoires des hommes

Les archives départementales série R

Une fois connue au ministère de la Guerre, la mort des militaires était signifiée aux préfectures et par transmission aux municipalités. Certaines archives départementales conservent des copies des actes de décès reçus. Malheureusement, les fonds ont été inégalement conservés, et nécessiteraient un véritable tour de France archivistique. La démarche est la même dans les territoires réunis (belges, hollandais, allemands, suisses, italiens etc.) à la France pendant l’Empire.

François Houdecek : contact

Août 2023

consultez le dossier thématique « Vivre et mourir dans la Grande Armée » (2023)

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