Document > Lettre de Napoléon Bonaparte à l’archidiacre Lucien Bonaparte, son grand-oncle, sur la mort de Charles Bonaparte (n°4, mars 1785)

Auteur(s) : BONAPARTE Napoléon
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Cette lettre de jeunesse est tirée de la Correspondance générale de Napoléon Bonaparte, Tome 1 : les apprentissages (coédition Fayard/Fondation Napoléon, 2004)

Document > Lettre de Napoléon Bonaparte à l’archidiacre Lucien Bonaparte, son grand-oncle, sur la mort de Charles Bonaparte (n°4, mars 1785)
Napoléon Bonaparte, élève de l'École royale militaire de Brienne, à l'âge de 15 ans © Fondation Napoléon

À L ’ ARCHIDIACRE LUCIEN BONAPARTE (Archidiacre d’Ajaccio, grand-oncle paternel de Napoléon, il s’occupe des affaires de la famille.) [28 mars 1785] (On donne habituellement le 23 mars comme date de cette lettre. La date du 28 figure clairement en tête du fac-similé de l’original conservé dans le fonds Napoléon des Archives nationales.)
Paris

Mon cher oncle,

Il serait inutile de vous exprimer combien j’ai été sensible au malheur qu’il vient de nous arriver (La mort de Charles Bonaparte.). Nous avons perdu en lui un père et Dieu sait quel était ce père, sa tendresse, son attachement. Hélas ! Tous nous désignons en lui le soutien de notre jeunesse ; vous avez perdu en lui un neveu obéissant, reconnaissant… Ha ! Mieux que moi vous sentez combien il vous aimait. La patrie, j’ose même le dire, a perdu, par sa mort, un citoyen zélé, éclairé et désintéressé. Cette dignité dont il a été plusieurs fois honoré marque assez la confiance qu’avaient en lui ses concitoyens. Et cependant, le ciel l’a fait mourir en quel endroit ? À cent lieues de son pays, dans une contrée étrangère indifférente à son existence, éloignée de ce qu’il avait de plus précieux. Un fils, il est vrai, l’a assisté dans ce moment terrible (Joseph était présent à Montpellier quand son père y mourut.) . Ce dut être pour lui une consolation bien grande ; mais certainement pas comparable à la triste joie qu’il aurait éprouvée s’il avait terminé sa carrière dans sa maison au milieu de son épouse et de toute la famille. Mais l’Être Suprême ne l’a pas ainsi permis ; sa volonté est immuable, lui seul peut nous consoler. Hélas ! Du moins, s’il nous a privé de ce que nous avions de plus cher, il nous a encore laissé les personnes qui seules peuvent le remplacer. Daignez donc nous tenir lieu du père que nous avons perdu (L’archidiacre sera tuteur et curateur des fils mineurs de Charles Bonaparte.) . Notre attachement, notre reconnaissance sera proportionnelle à un service si grand. Je finis en vous souhaitant une santé semblable à la mienne.

Votre très humble et très obéissant serviteur et neveu, (Fac-similé d’expédition autographe, Archives nationales, 400 AP 137)
Napoleone di Buonaparte

 

Ce document fait partie du dossier thématique « 1769-1793 : la jeunesse de Napoléon Bonaparte ».

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