Une chronique de Florence de Baudus : les tentations italiennes de Pauline Bonaparte

Auteur(s) : BAUDUS Florence de
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Une chronique de Florence de Baudus : les tentations italiennes de Pauline Bonaparte
Pauline Bonaparte, par Robert Lefèvre, 1806 © RMN-Musée de Versailles

Rome et surtout la Toscane furent les dernières amours de Pauline. Sans patrie, sans homme et sans enfant, elle a éperdument cherché quelle maison pouvait accueillir les dernières années de sa vie. En septembre 1816, elle fait l’acquisition d’une villa à Rome près de la Porte Pia, ravissante maison de deux étages avec un toit à l’italienne et d’élégants jardins. La princesse imprime sa marque dans cette architecture typiquement romaine en faisant orner la façade principale d’un porche imposant avec trois paires de colonnes doriques en travertin. Les peintures à fresques représentent les bords du Nil, en souvenir de la campagne d’Égypte, et le mobilier d’acajou donnent aux salons un confort très britannique. Dans cette villa Paolina, se mêlent la sobriété anglaise, l’élégance française et le goût italien. À la fureur de l’ambassadeur de France, les invités s’y pressent.

C’est à Frascati, dans sa villa Mondragone, là où son enfant était mort douze ans plus tôt, qu’elle pleure, à l’été 1821, la mort de son frère tant aimé. Au printemps 1822, elle embarque pour Viareggio avec le compositeur Giovanni Pacini. Dans ses bras, Pauline tente d’oublier que la maladie poursuit son œuvre de mort. Elle acquiert un terrain pour y bâtir une construction harmonieuse et toute simple. La décoration des murs alterne les motifs pompéiens, des scènes de l’Arioste et d’autres plus orientaux. Dans d’autres pièces, les motifs musicaux rappellent la passion de Pauline pour Pacini.

En attendant de pouvoir l’habiter, elle achète une villa sur le Monte San Quirico. La façade s’ouvre sur des orangers et des myrtes. Un crépi blond couvre les murs et reflète à certaines heures l’or du soleil. Le toit plat à l’italienne est couronné de balustres et d’urnes de marbre. Le parc d’une quinzaine d’hectares est une des splendeurs de la Toscane, avec ses magnolias, ses massifs de mimosas et ses camélias géants. En suivant le sentier qui ondule au milieu des fleurs, on arrive en haut d’un tertre d’où l’on découvre à perte de vue la vallée du Serchio et la ville de Lucques. Là, Pauline fait construire un belvédère qui existe toujours et où elle aime se faire transporter pour goûter. Les mauvaises langues jasent. « La princesse Borghèse occupe les gens par des singularités qui n’ont d’inconvénients que pour sa bourse, ironise le marquis Lucchesini. À chaque semaine elle change de demeure. » (L. de Stolberg-Gedern, Le portefeuille de la comtesse d’Albany (1806-1824), Paris, A. Fontemoing, 1902, Lucchesini à la comtesse d’Albany, San-Pancrazio, 12 juillet 1822).

Mais voilà qu’en février 1825, elle part retrouver son mari à Florence, l’homme qu’elle a le moins aimé de toute sa vie et dont elle était séparée depuis plusieurs années, mais qu’elle choisit pour l’accompagner jusqu’à la mort au palais Strozzi. « Je désire être transportée à Rome, où est mon domicile, pour être déposée dans l’église de Sainte-Marie Majeure en la chapelle Borghèse (AN 31AP/22). » C’est là, entre deux papes, que repose désormais le corps de Paolina Bonaparte.

avril 2023

Florence de Baudus est l’autrice de nombreuses biographies, parmi lesquelles : Pauline Bonaparte, princesse Borghèse (Perrin, 2018) et Caroline Bonaparte, soeur d’empereur, reine de Naples (Perrin, 2014).

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