Quarante maquettes viennent illustrer l’épopée napoléonienne de la plus originale des manières. De la naissance à la chute, brique par brique, sont reconstituées les scènes les plus célèbres. Le décor de la bataille des Pyramides avec son célèbre sphinx fascine tous les âges. La construction du château de Malmaison et de son parc, avec notamment de la fameuse serre chaude de l’impératrice, vaut à elle seule le déplacement. Les maquettes sont si réalistes qu’on en oublie presque qu’elles sont faites en briques de la célèbre marque danoise. Les constructeurs LEGO®, métier singulier mais bien réel, ont poussé l’audace jusqu’à nous présenter des monuments qui n’ont jamais été achevés ou même entrepris, de la fontaine en forme d’éléphant de la place de la Bastille au palais du roi de Rome. Il a fallu des milliers d’heures pour assembler plus d’un million de briques, excusez du peu, et ainsi présenter quarante maquettes.
La Fondation Napoléon a souhaité appuyer cette heureuse initiative en aidant à la rédaction des textes de présentation mais aussi et surtout en prêtant soixante œuvres historiques issues principalement de nos collections. On pourra ainsi admirer l’un des tous premiers diplômes du baccalauréat, le code civil ayant appartenu à l’Empereur, ses leçons d’anglais à Sainte-Hélène ou encore le bâton du maréchal Masséna. Disséminées dans tout le parcours, ces œuvres aident le propos et invitent à aller plus loin. Là est en effet tout l’enjeu : intéresser nos jeunes générations à l’histoire avec un grand H. On peut déjà affirmer à propos de cette exposition que le pari est réussi au-delà des espérances. Le soir de l’inauguration, se fit entendre une joyeuse rumeur aux portes de l’atelier Grognard. Des centaines de jeunes, impatients et heureux, attendaient qu’ouvrent les portes de l’exposition. Une fois à l’intérieur, ils n’ont rien manqué du spectacle offert. Vifs et curieux, ils posèrent mille questions sur les maquettes, les objets, l’histoire de Napoléon. Leurs regards éblouis et touchants sont la preuve de la réussite de cette opération. Même s’il n’a pas été toujours facile de contenir leur enthousiasme, les parents ont apprécié l’expérience, contents de voir leur progéniture se montrer aussi captivée.
Dès lors, maquette ou livre par exemple, peu importe le support du moment qu’il est sérieux et suscite l’intérêt. Il y a quelques décennies, l’auteur de ces lignes fut durablement séduit par un Napoléon raconté aux enfants. Nous avons été très nombreux à nous passionner pour le vainqueur d’Austerlitz grâce à cet ouvrage. Dans mon cas, sans ce livre, je pense même sincèrement que je ne serais pas devenu historien. Avec la Légende de l’Aigle naîtront peut-être d’autres passions voire d’autres vocations autour du même personnage. On ne peut que le souhaiter en tout cas.
Pierre Branda, Octobre 2021
Pierre Branda est chef du Service Patrimoine de la fondation Napoléon