Une chronique de Pierre Branda : Une rentrée napoléonienne au beau fixe

Auteur(s) : BRANDA Pierre
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S’il existait un baromètre napoléonien, son aiguille pointerait immanquablement vers le très beau temps, à l’image du ciel chaud et dégagé qui règne en ce moment au-dessus de nos têtes. En effet, l’intérêt autour du personnage de Napoléon Ier non seulement ne faiblit pas mais augmente sans cesse. En témoignent nos propres indicateurs à la Fondation. Que ce soit sur nos réseaux sociaux, nos sites internet, nos revues en ligne, la progression est partout. On pouvait craindre qu’une fois achevée le cycle des grands bicentenaires napoléoniens en 2021 il en soit tout autrement et que le public se détournerait notamment de l’histoire du Premier Empire. C’est donc tout le contraire qui se produit, j’en veux également pour preuve, l’incroyable engouement qu’a suscité la bande annonce du film de Ridley Scott consacré au vainqueur d’Austerlitz (35 millions de vues, record de l’été pour un film).

Une chronique de Pierre Branda : Une rentrée napoléonienne au beau fixe
Pierre Branda © Fondation Napoléon/Rebecca Young

Néanmoins, les attentes ont changé. Ceux qui aiment l’histoire sont plus exigeants qu’autrefois car disposant de plus de sources, en ligne par exemple. Fort heureusement, les travaux de qualité ne manquent pas, en particulier parmi les jeunes historiens qui terminent leurs études universitaires. Conscients de ces évolutions et afin de les prendre en compte, nous avons souhaité créer à la Fondation Napoléon une direction scientifique que j’ai l’honneur de diriger. Il faut en effet pouvoir accompagner les jeunes chercheurs et en même temps rendre accessibles leurs travaux. Car s’il s’agit de mettre à disposition une histoire de qualité, il ne faut pas dans le même temps que rigueur devienne synonyme d’austérité potentiellement rebutante pour beaucoup. C’est tout l’enjeu des années à venir. Offre de qualité et demande qualitative doivent ainsi se répondre du mieux possible.

Cette démarche n’est envisageable que si la recherche est à la fois stimulée et revêt un caractère participatif entre chercheurs mais aussi avec le public. C’est pourquoi nous avons voulu créer les journées d’études Napoleonica® la revue afin de permettre des échanges nourris et constructifs. La prochaine aura lieu le 19 septembre prochain dans nos murs autour du thème de la logistique napoléonienne. La précédente qui s’est intéressée aux pertes durant les campagnes napoléoniennes a rencontré un joli succès. Sur le thème de la mort au combat, de nouvelles approches sont apparus aussi précises qu’instructives. On sait mieux désormais combien, quand, où et comment périrent tant de soldats. Les interventions de cette première journée seront bientôt publiées dans le numéro 47 de notre revue francophone en ligne Napoleonica® la revue et ensuite dans notre revue anglophone, Napoleonica® the journal. À propos de ces revues, une autre bonne nouvelle : nous passerons bientôt à quatre numéros par an pour chacune d’entre elles au lieu de trois, afin de permettre une édition plus rapide des nombreux articles de qualité que nous recevons. La nouvelle formule de la revue en langue française inaugurée il y a juste un an, ainsi que la création de son équivalent en langue anglaise, plaisent d’ailleurs beaucoup, nous sommes ainsi à plus de 160 000 consultations et téléchargements à l’année.

Il y a dix ans déjà, la Fondation inaugurait son cycle de conférences aujourd’hui baptisée Napoleonica® les conférences. Là encore, le succès de cette formule ne se dément pas. 186 conférences ont été données, rassemblant près de 10 000 personnes en tout. Ainsi a-t-on pu entendre historiens, acteurs de la vie publique, spécialistes et chercheurs développer un sujet souvent original durant cette décennie. Rendre accessible l’histoire encore et toujours. Un nouveau cycle débute d’ailleurs avec cette rentrée dont le programme est déjà en ligne avec comme l’année dernière quatre conférences musicales qui permettent à la fois d’entendre l’histoire autrement et de comprendre toute la place qu’occupait la musique dans la société comme en politique.

Écouter l’histoire encore afin de mieux saisir la manière dont elle fut fabriquée sera tout l’objet de notre prochain et important colloque consacré au Mémorial de Sainte-Hélène de Las Cases à l’occasion du bicentenaire de la publication de cet ouvrage majeur. Si ce livre n’a pas fait l’histoire, il l’a en tout cas fortement influencée au point de devenir la référence quasi absolue. Les 15 et 16 novembre de cette année au grand auditorium de l’Institut, nous évoquerons son auteur, les circonstances de son séjour à Sainte-Hélène et évidemment l’incroyable postérité de cette œuvre. Vous pourrez entendre de grands spécialistes mais aussi quelques belles personnalités venues par exemple du monde du journalisme décrypter devant vous ce monument littéraire. Et si vous ne pouviez nous rejoindre pour ces deux journées, les textes des interventions feront ensuite l’objet d’une publication aux Éditions Perrin. Nous avons souhaité que ce colloque soit le plus ouvert possible et concerne le plus d’acteurs possibles afin d’inscrire mieux encore notre histoire dans le présent sans la trahir, ni la déformer. Mais de cette ambition qui nous anime, nous aurons à reparler dans les prochains mois.

En attendant, très bonne rentrée à tous !

Pierre Branda, septembre 2023

Pierre Branda est directeur scientifique de la Fondation Napoléon.

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