CHAMPAGNY, Jean-Baptiste de Nompère de (1756-1834), duc de Cadore, ministre de l’Intérieur, sénateur

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CHAMPAGNY, Jean-Baptiste de Nompère de (1756-1834), duc de Cadore, ministre de l’Intérieur, sénateur
Jean-Baptiste de Nompère de Champagny, Duc de Candore (1756-1834)

Né à Roanne le 4 août 1756, Champagny sert dans la marine royale entre 1774 et 1787 et participe à la guerre d’indépendance américaine. À son retour il est fait chevalier de Saint-Louis et siège comme député en 1789 aux États généraux au nom de la noblesse du Forez. Arrêté en 1793 pendant la Terreur, il est libéré après la Réaction thermidorienne ; entre cette époque et le coup d’État du 18 Brumaire, il reste en retrait de tout engagement politique. Il réintègre la vie publique après Brumaire pour occuper un poste au sein de la commission du ministère de la Marine, avant d’être nommé conseiller d’État après une rencontre avec Napoléon Bonaparte. À propos de ce dernier, Champagny déclare qu’il ne l’avait d’abord vu que comme un tyran, destiné à ne régner que brièvement. Protégé de Lebrun, ce dernier le persuade d’accepter le poste d’ambassadeur à Vienne. Selon Talleyrand, les manières « modestes et douces » de Champagny lui confèrent son succès à ce poste pour lequel il lui faut souvent « interpréter » les ordres du Premier Consul souvent colérique afin de les rendre plus posément audibles aux oreilles de la cour autrichienne, de manière plus diplomatique. Il s’efforce de contrer Metternich et les partisans de la guerre à la cour d’Autriche et réussit à persuader l’empereur François  de reconnaître la réorganisation de l’Allemagne par Bonaparte. Ses efforts sont récompensés en 1805 lorsqu’il est fait grand-aigle de la Légion d’Honneur.

Le 8 août 1804, il succède à Chaptal comme ministre de l’Intérieur, non sans se plaindre à son prédécesseur des difficultés qui l’attendent dans une telle fonction. Il succède ensuite à Talleyrand comme ministre des Relations extérieures en 1807, nomination qui témoigne de la volonté de Napoléon de confier ce poste à un partisan loyal, prêt à exécuter ses ordres à la lettre. Il obtient l’abdication de Charles IV d’Espagne et négocie le traité de Vienne avec l’Autriche, en 1809. Il est fait Comte de l’Empire en 1808 et devient Duc de Cadore le 15 août 1809. Ce titre, celui d’une région orientale des Alpes italiennes, lui est conféré en référence à la création des provinces illyriennes. Il est un fervent partisan du blocus continental et rédige en 1810 un rapport fourni soutenant l’annexion de la Hollande à l’Empire français. Il se montre par ailleurs extrêmement favorable au développement des relations commerciales entre la Russie et la France, mais se brouille avec Napoléon lorsque les relations entre la France et la Russie se dégradent à partir de 1810. Se distanciant de plus en plus des décisions impériales dont il ne comprend plus les logiques, il se retire de son poste le 16 avril 1811. Faisant partie des grands officiers de la Maison de l’Empereur, il occupe le poste de secrétaire d’État par intérim, mais refuse le ministère de la Marine. En 1813, il devient sénateur, et suit Marie-Louise et le gouvernement à Blois en 1814. Il est chargé de remettre une lettre de Marie-Louise à l’empereur François, le père de l’impératrice, demandant à l’empereur d’Autriche de faire pression sur les alliés pour permettre à Napoléon II de succéder à Napoléon. De retour à Paris, il se rallie à Louis XVIII, qui le fait pair de France. Pendant les Cent-Jours, il refuse tout poste susceptible de le mettre en contact direct avec Napoléon et fut actif pendant la Seconde Restauration, étant réintégré à la Chambre des Pairs en 1819. Prêtant serment au Gouvernement de Juillet en 1830, il siège au centre-droit jusqu’à son décès à Paris le 3 juillet 1834. Talleyrand dit cruellement de lui un jour que c’était « un homme propre à toutes les places la veille du jour qu’on l’y nommait ».

Source : Dictionnaire Napoléon, Jean Tulard (dir.), Fayard
Avec l’aimable autorisation des éditions Fayard.

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