Débuts de carrière prometteurs
Honoré Reille est né le 1er septembre 1775 dans une famille bourgeoise. Il embrasse à 14 ans la carrière militaire en s'engageant comme volontaire dans la Garde Nationales d'Antibes en 1789. Il devient grenadier du 1er bataillon du Var le 1er octobre 1791. En 1792, il sert sous les ordres de Dumouriez. Il effectue ses premières campagnes en Belgique (Rocoux, Liège, Nerwinde…). Il devient lieutenant, capitaine en 1796. En novembre de la même année, il combat aux côtés de Masséna, dont il est devenu l'aide de camp, au siège de Toulon. Il le suit ensuite en Italie où il s'illustre à Montenotte, Dego, Lodi, Arcole et Rivoli. En 1797, Reille devient chef d'escadron du 15e dragon l'année suivante.
Après le traité de Campo-Formio (17 octobre 1797), Masséna ayant obtenu le commandement de l'armée d'Hélvétie, Reille est nommé adjudant général (15 février 1799). Il combat brillamment à Zurich les 25 et 26 septembre 1799. Le général Oudinot ayant été blessé il le remplaça dans le commandement de ses troupes. Il parvient ensuite à entrer dans Gênes assiégée pour porter à Masséna les ordres de Bonaparte, premier consul.
De toutes les campagnes impériales
Le 29 août 1803, Reille devient général de brigade et sert au camp de Boulogne. Il est ensuite envoyé en mission de reconnaissance par Napoléon en Bavière et en Autriche. De retour à Paris il fut chargé d'inspecter l'organisation des troupes venant de Saint-Domingue. Puis obtient le commandement en second des troupes embarquées à Toulon sur la flotte de l'amiral Villeneuve envoyé aux Antilles, il assiste ainsi au combat naval du cap Finistère.
Il est appelé ensuite par Napoléon Ier en Allemagne, il rejoint la Grande Armée pour la campagne d'Austerlitz. Après Iéna et Pultusk ( décembre 1806) il reçoit le titre de général de division (décembre 1806). Après de rudes combats à Ostrolenka contre les Russes où il montra toutes ses qualités, Reille devient l'aide de camp de l'Empereur (1807).
Après la paix de Tilsit, Reille devient commissaire extraordinaire en Toscane, puis part en Catalogne. Il dégage ainsi en 1808, à la tête de cinq ou six cents recrues la forteresse de Figuières et s'empare de la place de Rosas. Il est appelé ensuite de nouveau en Allemagne et prend part aux batailles d'Essling puis de Wagram où il conduit la jeune garde.
Il retourne ensuite en Espagne, après un détour en Zélande. En Espagne il est nommé gouverneur de Navarre (29 mai 1810). En 1811, il coopère aux côtés de Suchet au siège de Valence. Il remplace ensuite Masséna au commandement des de l'armée du Portugal, puis dirige l'aile droite de l'armée à la bataille de Vitoria le 28 juin 1813. Il combattit sur la Bidassoa, en Navarre, à Othez et à Toulouse…
Le repos du guerrier
Après la paix, il épouse, le 12 septembre 1814, la fille de Masséna, Victoire Thérèse Thécle, princesse d'Essling.
Pendant les Cents-Jours il commande le 2e corps d'armée de Belgique, le 15 juin, il combat au Pont, aux Quatre-Bras sous les ordres de Ney et enfin à Waterloo devant le château de Hougoumont où il eut deux chevaux blessés sous lui avant de se retirer dans le sud de la Loire.
En 1818, le couple a un fils : Gustave Charles Prosper Reille qui deviendra polytechnicien, député de l'Eure et Loir et lieutenant de vaisseau.
En 1819, Reille devient pair de France et en 1820, gentilhomme de la chambre du roi. Il est promu ensuite Maréchal de France en 1847 puis sénateur en 1852.
Il meurt le 4 mars 1860 à paris à 85 ans et est inhumé selon ses voeux dans la caveau de Masséna au Père-Lachaise.
Portrait de Reille par le général Moline de Saint-Yon
Le général Moline de Saint-Yon, qui avait l'aide de camp de Reille prononca un long discours sur la tombe de ce dernier, dressant ainsi un portrait des plus évocateurs.
« Ses regards s'éclairaient d'un feu inaccoutumé ; on lisait sur ses traits l'enthousiasme et l'inspiration ; sa voix, ses discours, tout en lui témoignait de son ardeur impatiente ; en un mot, pour peindre sous ses véritables couleurs cette révolution soudaine, c'était l'homme de Virgile devenu tout d'un coup un des héros d'Homère.
Le combat fini, ce chef si fougueux, si intrépide, retrouvait à l'instant sa simplicité et sa quiétude : rien dans sa personne ne laissait soupçonner les dangers qu'il avait osé braver ou les hauts faits qu'il venait d'accomplir.
Il était d'une modestie extrême dans ses ordres du jour comme dans ses rapports ; il amoindrissait un avantage, de peur qu'on ne l'accusât de chercher les louanges, et s'il était contraint d'avouer un succès, il ne manquait jamais d'en reporter le mérite sur les autres. »
Ses distinctions :
– 15 juin 1804 : commandeur de la légion d'Honneur puis grand officier (29 juillet 1814) puis grand croix (14 février 1815)
– Chevalier de Saint Louis
– Membre de l'ordre du séraphin de Suède
– Membre de la couronne de fer
– Membre de l'ordre de Saint-Henri de Saxe, et commandeur de l'ordre militaire Maximilien-Joseph de Bavière.
Emmanuelle Papot, février 2010
Sources :
– Almanach Napoléon 1861 (pour le discours)
– Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, Paris, 1852.
– Jean Tulard, Dictionnaire Napoléon, Fayard, Paris, 1987.
– SHD : dossier 6 Yd43
– site web Geneanet