Blücher et la campagne de Waterloo

Vers 21 heures, le 18 juin 1815 le duc de Wellington et le feld-maréchal Blücher se rencontrèrent dans la ferme de La Belle-Alliance, au sud de Waterloo. Ils venaient de battre Napoléon. Blücher proposa de nommer la bataille « Die Schlacht von Belle-Alliance », en l’honneur de leur coopération. Wellington opta pour « la bataille de Waterloo », lieu du siège qu’il tint personnellement. Quelle est l’histoire de cette coopération prusso-britannique ?

D'après la peinture de P. F. Messerschmitt, p. 390-91 dans J. von Pflugk-Harttung, 1813-1815
  • Introduction

    Vers 21 heures, le 18 juin 1815 le duc de Wellington et le feld-maréchal Blücher se rencontrèrent dans la ferme de La Belle-Alliance, au sud de Waterloo. Ils venaient de battre Napoléon. Blücher proposa de nommer la bataille « Die Schlacht von Belle-Alliance », en l’honneur de leur coopération. Wellington opta pour « la bataille de Waterloo », lieu du siège qu’il tint personnellement. Quelle est l’histoire de cette coopération prusso-britannique ?
    Les relations entre Prusse et France au cours de la première décennie du XIXe siècle l’expliquent pour beaucoup. Les batailles jumelles d’Iéna et Auerstaedt en octobre 1806 avaient marqué la fin de l’indépendance de Prusse : la France avait joué un rôle déterminant dans sa s’était appropriée ces terres du Nord, de langue allemande. Bientôt, après l’effondrement de l’État prussien, Blücher et Gneisenau s’étaient révélés d’éminents chefs militaires à la faveur des événements, lorsque Napoléon avait envahi la Russie en juin-juillet 1812, pour forcer le tsar Alexandre Ier à respecter son adhésion au Blocus continental. La campagne qui s’en était suivi avait abouti à la bataille monumentale de trois jours à Leipzig, sur le sol prussien, en 1813 impliquant un demi-million de combattants, la fameuse bataille des Nations ou Völkerschlacht.
    De multiples combats dans la vallée de la Marne en 1814, lors de la retraite des Français, connus sous le nom campagne de France, allaient sonner le glas de l’empire des Français, une première fois. L’armée de Prusse, financée par des fonds britanniques, avait soutenu les Russes et les Autrichiens durant tous ces affrontements, sur sols russe, germanique comme français. Un congrès international s’était déroulé à Vienne, à l’automne de 1814 ; La Prusse, considérée comme grand pays vainqueur de Napoléon, y avait été représentée par le roi Frédéric Guillaume III, Karl Friedrich von Hardenberg et Wilhelm von Humboldt, et participait à cette réorganisation du continent, loin de L’empereur français déchu exilé à Elbe par le traité de Paris… jusqu’à ce que la nouvelle de son débarquement en France ne change la donne.

    Image : Origine de l’étouffoir impérial, caricature de Lacroix, 1815 : Blücher et Wellington se débarrassent de Napoléon © Arenenberg, Napoleonmuseum

  • Documents

    Voici un ensemble de sources primaires directement liées à la campagne de Belgique et la victoire conjointe des Prussiens et des Britanniques à Waterloo : rapports lors de la bataille, articles de presse de l’époque et évaluations contemporaines de l’armée prussienne par les Prussiens.

    Poème en l’honneur de Blücher

    Tiré de la page de titre de l’ouvrage Gebhard Lebrecht v Blücher, Leben und Preussischer Feldmarschall Fürst von Wahlstatt, Reden und Thaten geschildert, Stuttgart, J. Scheible, 1835.

    Original :

    Marschall Vorwärts, Fürst von Wahlstatt,
    Gebhard Lebrecht Blücher heißt er;
    Ja, Marsch! Alle vorwärts reißt er:
    Hart kann der euch geben Gebhard,
    Lebrecht heißt der Wahlstattmeister,
    Denn er lebt das Leben rechte.

    Traduction approximative :

    Maréchal En Avant, Prince de Wahlstadt,
    Gebhard Lebrecht Blücher est son nom ;
    Oui, marche ! Il les déchire tous sur son passage :
    Gebhard sait vous rendre la vie dure,
    Lebrecht est le nom du maître de Wahlstatt,
    Car il vit sa vie droitement.

    Le poème explique pourquoi Blücher est surnommé «Vorwärts» « en avant », grâce à des jeux de mots sur le prénom Gebhard (contenant les mots « geben », donner, et « hart », dur) et « Lebrecht » (« recht », debout/juste, et « leben », vivre).

    Les commentaires de Fortescue sur l’armée prussienne

    Sir John Fortescue a écrit une Histoire complète en 20 volumes de l’armée britannique entre 1899 et 1930. Cet extrait provient du volume X, 1814-1815, Ch. XII, pp. 248-49. La photo montre la première page de la lettre.

    Lettre de félicitations de l’homme d’Etat Karl von Stein à Blücher sa victoire 1815.
    Source: J. von Pflugk-Harttung, 1813-1815 Illustrierte Geschichte der Befreiungskriege, Stuttgart, Union Deutsche Verlagsgesellschaft, 1913

    Original :

    Eine große Schlacht haben E. Durchlaucht geschlagen, einen herrlichen Sieg haben Sie erfochten; Ihr Ruhm wird dans le Seyn de der Geschichte Vaterländischen, wir und unsere Nachkommen werden die dankbar Sicherheit und die genießen Unabhängigkeit, die wir unerschrockenen dem Feldherrn seinen kräftigen Umgebungen, und der Tapferkeit seines Heers zu haben verdanken.

    Nun bleibt nichts als das übrig Elende geschwätzige lügenhafte Volk für seinen Verrath, und zu seinen Dünkel Strafen, es bezahle denen Siegern Kriegsteuern und ihnen räume Elsaß und einen Theil der Niederländischen Festungen ein.

    Ich erfuhr d. 21 Juny im Hauptquartier zu Heidelberg diesen herrlichen Sieg und guerre Zeuge des Eindrucks den er auf den Kayser und seine alle Umgebungen machte.

    Ich bleibe sechs Wochen hier um das Bad und zu brauchen werde das alsdann Hauptquartier, und auch E. Durchlaucht aussuchen, wo wir das categories Ueber die Zukunft de la können. – Gott erhalte unseren edlen sieggekrönten Feldherrn, la braven das ist der Deutschen Wunsch, und besonders die sich unter Derer die Zahl senneur Freunde rechnen.

    K. F. von Stein

    Traduction :

    Votre Excellence a mené une grande bataille et a remporté une victoire éclatante; votre gloire sera éternelle dans l’histoire de la patrie. Nous et nos descendants allons profiter de la grande sécurité et l’indépendance que nous devons au soldat intrépide et son puissant entourage, et à la bravoure de son armée.

    Il n’y a maintenant plus rien à faire autre que de punir cette nation misérable et bavarde pour sa trahison et son arrogance… Ils doivent payer des impôts de guerre à leurs vainqueurs et leur accorder l’Alsace et une partie des forteresses néerlandaises.
    J’ai appris cette victoire le 21 juin au quartier général d’Heidelberg, et ai été témoin de la réaction de l’empereur et de son entourage.

    Je resterai ici pendant six semaines pour profiter des bains et je puis rejoindre le quartier général auprès de votre Excellence, où nous pourrons faire des plans pour l’avenir. – Que Dieu préserve notre noble et victorieux général : tel est le souhait de tous les bons Allemands, en particulier ceux qui se comptent parmi ses amis.

    K. F. von Stein

  • Chronologies

  • Biographies

    Maréchal Gebhard Lebrecht Blücher, le général des forces prussiennes

    Auguste Guillaume Gneisenau, chef d’état-major général

    Karl von Grolman, major général de l’état-major

    Hans von Ernst Zieten, commandant du 1er corps prussien

    Georg von Pirch (von Pirch I), commandant du 2e corps

    Johann Adolf von Thielemann, commandant du 3e corps

    Frédéric Guillaume von Bülow Dennewitz, commandant de la 4e corps, de réserve

    L’armée prussienne poursuivant les Français après Waterloo, lors de la prise des voiture, bicorne et épée de Napoléon. Reproduction d’une peinture de Fritz Neumann dans Illustrierte Geschichte, Pflugk-Harttung, p. 406-7

  • Iconographie

    L’accident de Blücher à Ligny

    D’après la peinture de P. F. Messerschmitt, p. 390-91 dans J. von Pflugk-Harttung, 1813-1815:. Illustrierte Geschichte der Befreiungskriege, Stuttgart: Union Deutsche Verlagsgesellschaft 1913.

    La nature exacte de la chute de Blücher du cheval est claire dans les sources contemporaines; contrairement à la représentation ici. Le rapport officiel de la bataille par Gneisenau déclare qu’il est tombé sous le cheval mort, et que les troupes françaises continuèrent à chevaucher sans le remarquer.

    Médaillon commémorant la victoire de Blücher en 1816

    Histoire du capitaine William Siborne sur la guerre en France et en Belgique, en 1815, Vol 2Les images de ce médaillon sont du livret de l’Histoire du capitaine William Siborne sur la guerre en France et en Belgique, en 1815, Vol 2, 2e édition, Londres: T. Boone et W., 1844.

    On peut lire sur la gravure : « Dem Fürsten Blücher von Wahlstatt Die Burger de Berlin im Jahr 1816 » (de la part des notables de Berlin au prince von Blücher de Wahlstatt, 1816). Au revers, le surnom de Blücher, « Vorwärts », accompagne la gravure d’un portrait à cheval.

    « Ein großer General und ein kleiner Kaiser ! »

    Source : Friedrich Schulze, 1813 - 1815: Die deutschen BefreiungskriegeSource : Friedrich Schulze, 1813 – 1815: Die deutschen Befreiungskriege in zeitgenössischer Schilderung, Leipzig, R. Voigtländer 1912.

    « Un grand général et un petit empereur » est le titre de cette caricature 1814 par Johann Michael Voltz basée sur les dessins de Cruickshank. Cette image précède la campagne de juin 1815 et fait référence à la participation de Blücher dans la retraite de Russie à Paris et dans la campagne pour la France. L’empereur y est représenté sous les trait d’un enfant.
    Une autre version de la même caricature, accompagnée d’un poème satirique, est disponible sur le dépôt numérique Brown.

    Le vieux Blücher bat le tambour corse

    Source : Friedrich Schulze, 1813 - 1815: Die deutschen BefreiungskriegeComme l’imprimé ci-dessus, cette caricature par Cruickshank se réfère également aux victoires de Blücher contre Napoléon lors des campagnes de 1813-1814 et à l’entrée des Prussiens dans Paris le 31 mars 1814.

    L’armée française y est représentée en fuite et, comme ci-dessus, Napoléon est représenté comme un enfant impuissant. La proclamation sous les deux protagonistes principaux  contient le titre «La chute de Paris ».