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L’homosexualité de Cambacérès, qui tourne le dos à trois jeunes femmes habillées d’un blanc virginal, est ainsi mise en relation avec la soif guerrière de Napoléon. Ce dernier, dont la jambe droite écrase un cadavre, porte un drapeau sur lequel il est écrit : « Pour fonder le grand Empire, exterminons tous les hommes ». Canons, flammes et sang rendent ce programme tout à fait graphique. Dans la poche de « l’Ogre corse », on aperçoit un exemplaire d’un livre de Machiavel, comme un symbole du caractère immoral des actions de l’Empereur (au XVIe siècle, Innocent Gentillet dénonçait dans son Discours sur les moyens de bien gouverner, sous-titré Anti-Machiavel, le « gouvernement italien et moderne » à cause duquel « les bonnes et anciennes lois du royaume sont abolies, les guerres cruelles sont entretenues en France, les paix toujours rompues, le peuple ruiné et mangé, le commerce anéanti »).
Comme dans d’autres représentations, Cambacérès, qui a toujours appuyé la levée des conscrits, apparaît comme une sorte de double de son maître : « la perversion d’un mode de gouvernement des hommes est associée à la transgression des normes sexuelles », souligne Emmanuel Fureix dans un article consacré aux caricatures de Cambacérès, publié dans les Annales historiques de la Révolution française.
Dans une version de cette caricature mise en ligne sur le site de l’Université de Washington, trois commentaires ont été ajoutés : « Bonaparte tue les hommes », « Cambacérès fuit les femmes », et « Méditer cette gravure ».
► Voir l’image en grand sur le site de l’Université de Washington
Raphaël Czarny, web-éditeur des sites de la Fondation Napoléon (janvier 2024)
► Consultez notre Dossier thématique consacré à Jean-Jacques Régis de Cambacérès (1753-1824)