Cambacérès (1754-1824), un grand jurisconsulte de l’Empire

À Sainte-Hélène, Napoléon dit de celui qui fut, pendant quinze ans, l’un de ses principaux bras droits, qu’il avait été « notre meilleur légiste ». Il est vrai que le nom de Cambacérès fait immédiatement penser au Code civil : le Second consul présida près de la moitié des 107 séances de travail du Conseil d’État visant à examiner le projet, et fut impliqué à chaque étape de la procédure. Dans les années 1790, celui qui était alors député de l’Hérault avait déjà été le maître d’œuvre de trois projets de Code civil.

Mais l’œuvre de Cambacérès ne se limite pas à cette codification des lois inédites dans l’Histoire de France : il fut également l’homme qui organisa la proclamation solennelle de l’Empire, domina le Sénat, expédia les affaires courantes en l’absence de Napoléon, et prit en charge des dossiers très délicats, des réformes constitutionnelles à l’annulation du mariage de l’Empereur.

Et pourtant, Cambacérès souffre d’une mauvaise réputation : régicide, girouette, glouton, attaché au luxe et enrichi par le régime, il ne fut pas épargné par les caricaturistes de la Restauration. Parce qu’il était homosexuel et qu’il avait joué un rôle majeur dans la conscription, ces images le représentaient fréquemment en chasseur de jeunes hommes.

Ce sont ces différents aspects qu’explore ce dossier thématique, publié à l’occasion du bicentenaire de sa mort, le 8 mars 1824 : si celle-ci se produisit dans l’indifférence populaire, ses obsèques déplacèrent pourtant le plus beau monde. Un bon résumé du « paradoxe Cambacérès ».