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En 1807, Napoléon commanda à la manufacture impériale de Sèvres un service pour son usage personnel, le « Service particulier de l’Empereur ». Ce célèbre service, plus connu sous le nom de service «des Quartiers Généraux », est exceptionnel tant par sa qualité et sa beauté que par le rôle joué par Napoléon quant à son élaboration. En effet, l’Empereur donna des directives précises concernant les sujets devant orner les assiettes, directives reprises dans une lettre de Daru au directeur de la manufacture de Sèvres, Alexandre Brongniart : «… son intention est que parmi ces dessins, il n’y ait point de bataille ni de noms d’hommes mais qu’au contraire, les sujets n’offrent que des allusions très indirectes qui réveillent des souvenirs agréables ». Pour Napoléon, ces agréables souvenirs étaient essentiellement des évocations de lieux liés aux campagnes d’Italie, d’Égypte, d’Autriche, de Prusse et de Pologne. L’Empereur fournit une première liste de 28 sujets, liste complétée par Brongniart et Denon qui ajoutèrent aux vues de palais, de villes et de paysages des évocations des travaux, musées et monuments de Paris ainsi que des grandes institutions impériales comme ici le prytanée de Saint-Cyr. Le 27 mars 1810, le service fut enfin livré aux Tuileries, juste à temps pour orner la table du grand couvert impérial lors du mariage de l’Empereur et de Marie-Louise le 2 avril suivant. Payé environ 70 000 francs de l’époque, l’ensemble se divisait en trois éléments : un service d’entrée et de dessert (178 pièces dont 72 assiettes de dessert), un surtout de table en biscuit (25 pièces) et un cabaret à café (25 pièces). Les assiettes de dessert présentent toutes la même composition : un marli « vert de chrome » à décor de glaives rayonnants en or bruni et une scène centrale peinte. Ici, le peintre Lebel a représenté le prytanée de Saint-Cyr au moment du transfert de l’École spéciale militaire en 1808.
Le service suivit Napoléon en exil à Sainte-Hélène où, selon les dires de Marchand, il continuait à faire l’admiration de l’empereur déchu et le bonheur de ses proches qui en reçurent quelques pièces en cadeau. L’inventaire dressé à la mort de l’Empereur faisait état de « 54 assiettes de porcelaine de Sèvres pour dessert » et son testament stipulait : «[…] Je charge le comte de Montholon de garder ces objets et de les remettre à mon fils lorsqu’il aura seize ans… ». En raison du refus du legs par la Cour d’Autriche, le service resta dans la famille Montholon puis fut dispersé. Aujourd’hui, les deux plus importants ensembles de ce chef-d’œuvre sont conservés au musée national de Fontainebleau et dans la collection de la Fondation Napoléon.
Karine Huguenaud, juin 2002
Les 19 assiettes du service des quartiers généraux font partie des Chefs-d’œuvre de la Collection de la Fondation Napoléon.
En 2015, cette assiette était à voir du 21 mars au 31 juillet à l’exposition Napoléon et Wellington : destin croisés, au musée Wellington de Waterloo.
Une autre assiette est présentée sur napoleon.org : La frégate La Muiron débarquant à Ajaccio avec Bonaparte en octobre 1799