Ces deux globes faisaient partie du mobilier de Plantation House depuis 1805. Le gouverneur, sir Hudson Lowe, les envoya en juillet 1816 à Longwood House où ils furent installés dans le parloir – également appelé salle de billard. Presque tous les témoins de l’exil mentionnent dans leurs écrits ces « deux globes, l’un céleste et l’autre terrestre, de 15 à 16 pouces de diamètre, montés sur des pieds où étaient les boussoles », ainsi que les décrit le mamelouk Ali dans ces Souvenirs (1926, p. 157). La pièce était suffisamment vaste pour que Napoléon puisse y déployer les nombreuses cartes nécessaires à la rédaction de ses Mémoires, aussi fut-elle temporairement désignée sous le nom de « cabinet topographique ». En 1818, cependant, l’Empereur, qui ne consultait presque plus ses cartes, donna les globes à la famille Bertrand pour l’éducation de ses enfants.
56-1. Globe terrestre (à gauche sur la photo)
Le globe terrestre porte une inscription en anglais qui signifie : « Nouveau globe terrestre de Cary présentant les routes des découvertes faites par le capitaine Cook ; et aussi celles du capitaine Vancouver sur la côte ouest de l’Amérique du Nord ; et de M. de La Pérouse, sur la côte de la Tartarie. Ont été aussi portées toutes les précisions recueillies depuis auprès de divers navigateurs jusqu’à l’heure actuelle. Londres : se vend chez M. Berge (Ramsden), Piccadilly, janvier 1801. » Les historiens ont longtemps été convaincus que Napoléon avait gratté avec son ongle l’emplacement de l’île sur la carte afin de l’effacer. La restauration effectuée récemment a démontré que cette histoire n’était qu’une légende de plus ; l’encoche était due à une craquelure de l’épais vernis qui recouvrait l’objet.
56-2. Globe céleste (à droite sur la photo)
Le globe céleste porte lui aussi une inscription : « Nouveau globe céleste de Cary amélioré sur lequel a été soigneusement fixé l’ensemble des étoiles et des nébuleuses contenues dans le catalogue astronomique du Révérend Mr. Wollaston, F.R.S., compilé sous le contrôle de spécialistes, de Flamsteed, de La Caille, Hevelius, Mayer, Bradley, Herschel, Maskelyne, et d’autres encore ; avec un nombre important des travaux de Miss Herschel. Le tout adapté à l’année 1800, et aux limites de chaque constellation déterminées par une ligne de démarcation. Londres. Se vend chez M. Berge (anciennement Ramsden), Piccadilly, janvier 1801. »
Michel Dancoisne-Martineau
Consul des domaines français de Sainte-Hélène
(trad. de l’auteur)
mars 2016
Ces globes ont été présentés dans l’exposition « Napoléon à Sainte-Hélène, la conquête de la mémoire » au musée de l’Armée (6 avril-14 juillet 2016).