Fils des lumières, David d’Angers est pénétré de l’idée du progrès. Dans son panthéon, il accorde une place aussi importante aux hommes de sciences qu’aux politiciens ou aux artistes. En ce siècle où la médecine va connaître des développements sans précédents, il se passionne pour nombre de ses représentants, Ambroise Paré, père de la chirurgie, le baron Larrey, chirurgien de Napoléon 1er, pour ne citer que les plus illustres. A chacun, selon la notoriété et la sympathie personnelle, il dédie un médaillon, un buste ou une statue en pied. Bichat est l’un des rares auxquels il ait consacré deux monuments, pour ne pas mentionner l’inévitable médaillon.
Né en 1771 à Thoirette, non loin de Bourg-en-Bresse, professeur à la faculté de médecine de Paris et médecin de l’Hôtel-Dieu, Marie-François-Xavier Bichat mène des recherches sur l’anatomie et la physiologie qui vont rapidement lui assurer la célébrité. En 1802, il est subitement emporté par une tuberculose contractée lors de ses expériences. Il eut le temps de publier son Traité des membranes, ses Recherches physiologiques sur la vie et sur la mort (1799), une Anatomie générale (1801) et une Anatomie descriptive (1801).
Ces écrits vont durablement nourrir la réflexion de David d’Angers sur l’anatomie humaine et sur le phénomène de la mort qui l’obsède. Le personnage fascine le sculpteur au point qu’il le représente une première fois agonisant au fronton du panthéon, non loin de Voltaire et de Rousseau. Puis David met toute sa ferveur à convaincre les édiles de l’Ain de lui confier le réalisation d’un monument au glorieux enfant du pays, proposition qui lui est signifiée au début de l’été 1839.
Ici Bichat est un tout jeune homme, un adolescent presque. Sa coiffure en bataille et sa cravate en partie défaite disent les longues heures de veille auprès des malades. Il défait la couverture qui enveloppe l’enfant aux yeux comme dévorés de fièvre avec une tendresse d’autant plus grande que c’est Robert, le fils du sculpteur, qui pose. De sa plume, il s’apprête à consigner ses observations sur les feuillets posés sur sa cuisse.
Talabardon et Gautier (extraits du catalogue de l’exposition Le XIXe siècle présentée à la galerie Talabardon et Gautier du 5 au 31 décembre 2008).