La comtesse Regnaud de Saint-Jean d’Angély

Artiste(s) : GERARD François (baron)
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La comtesse Regnaud de Saint-Jean d’Angély

A la toute fin du XVIIIe siècle, délaissant pour un temps la peinture d’histoire, Gérard réalisa quelques beaux portraits, genre qui consacrera sa gloire quand il deviendra le portraitiste officiel de Napoléon, de la famille impériale et des grands dignitaires de l’Empire. Après Le peintre Isabey et sa fille en 1796 et Larévellière-Lépeaux en 1797, Gérard prit pour modèle en 1798 la délicieuse épouse de Regnaud de Saint-Jean d’Angély, Augustine-Françoise-Eléonore de Guesnon de Bonneuil, dite Laure de Bonneuil.

Après son mariage en 1795, Mme Regnaud compta vite parmi les femmes à la mode sous le Directoire. Sa beauté et sa culture furent unanimement saluées et son salon fut l’un des plus brillants de la capitale sous le Consulat et l’Empire. Comme toutes les femmes trop séduisantes, Laure fit jaser. La rumeur lui prêta de nombreux amants mais la plupart de ces ragots ne furent répandus par la police de Fouché que pour nuire à Regnaud, si dévoué à l’Empereur. Napoléon cependant se défiait d’elle et la tenait éloignée de la cour impériale. Trop belle, trop libre, trop liée aux opposants du régime. Suspectée à tort de connivence avec les royalistes, elle fut pourtant un ardent défenseur de l’Empire menacé, sans rancune pour l’ostracisme dont elle avait été victime. Sous la Restauration, sa demeure devint un foyer bonapartiste. Arrêtée en 1817, enfermée à la Conciergerie puis contrainte à s’exiler en Belgique, la comtesse Regnaud de Saint-Jean d’Angély fut un fidèle gardien du souvenir napoléonien, vouant un véritable culte à l’Empereur. Elle eut la joie de connaître le rétablissement de l’Empire avant de s’éteindre en 1857.

Exposé au Salon de 1799, le portrait de Mme Regnaud remporta un beau succès. Encensée par la critique, l’œuvre est, aux dires des contemporains, d’une parfaite fidélité à son modèle. Ni afféterie, ni préciosité dans ce portrait. Juste l’intention de rendre la pureté de traits d’une femme louée par tous pour sa beauté à l’antique. Par la grâce infinie de la pose, la délicatesse des coloris, l’élégance de la silhouette se détachant sur un fond vaporeux de paysage, Gérard s’inspire directement des portraits de la Renaissance italienne pour rendre hommage au charme et à la douceur de la jeune femme, tout en dévoilant les courbes sensuelles de son corps. Il annonce ici les portraits florentins de Ingres.

Karine Huguenaud, novembre 2001

Date :
1798
Technique :
Huile sur bois
Dimensions :
H = 1,025 m, L = 0,74 m
Lieux de conservation :
Paris, musée du Louvre
Crédits :
© CGFA
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