La Sentinelle. Volontaire garibaldien lors du Siège de Rome

Artiste(s) : INDUNO Gerolamo
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La Sentinelle. Volontaire garibaldien lors du Siège de Rome

Dans la nuit du 2 juin 1849, 30 000 soldats conduits par le général Oudinot assaillent les murailles du Janicule. Il faudra encore près d’un mois au corps expéditionnaire français, supérieur en nombre, en armement et équipement, pour entrer dans Rome constituée depuis février en République, où le pouvoir temporel du Pape, réfugié auprès du Roi Bourbon de Naples, a été aboli. A rebours de l’action du général Berthier, instaurateur en 1798 d’une éphémère République sœur, l’armée de la Seconde République française, a pour mission de rétablir le souverain Pontife dans ses États. La Ville oppose au siège puis au bombardement français une défense vigoureuse mais désespérée, en dépit de quelques succès initiaux qui peuvent s’expliquer par la mauvaise appréciation de l’état-major quant aux capacités de résistance. Garibaldi en fait d’ailleurs mention dans ses Mémoires, à propos de l’assaut manqué du 30 avril : « Le mode d’attaque du général ennemi était véritablement méprisant (…) pour mettre en déroute quatre brigands d’italiens, le général Oudinot, rejeton d’un maréchal du premier Empire, n’avait pas cru nécessaire de se procurer un plan de Rome. Mais il s’aperçut bien vite que nous étions des hommes qui défendions leur ville contre des mercenaires qui n’avaient de républicain que le nom ».

Parmi les volontaires sous les ordres du Condottiere, se trouve le jeune peintre milanais Gerolamo Induno, aguerri lors de l’insurrection de la capitale lombarde contre l’Autriche en mars 1848. La Sentinelle, dont la tenue pittoresque pourrait être confondue avec celle d’un paysan des Abruzzes, si la tunique rouge ne dénonçait le légionnaire garibaldien, contemple impassible le drapeau français flottant sur les phalanges serrées « des moines-soldats du cardinal Oudinot » (Lettre de Garibaldi à Anita, 12 juin 1849). Son apparent détachement, équivalent moderne du stoïcisme, comme sa verve ironique en font un possible autoportrait. Elle constitue l’un des plus poignants témoignages que l’artiste – grièvement blessé lors de la bataille du Vascello – a laissés de cette lutte fratricide, également immortalisée par son compatriote Lecchi, auteur du premier reportage photographique de guerre connu, ainsi que par le français Flachéron. Signe tangible de l’infléchissement répressif donné par le Prince-Président Louis-Napoléon Bonaparte au mandat d’interposition assigné à l’expédition, l’entrée des troupes françaises dans Rome donne un coup d’arrêt à la progression des autrichiens, napolitains et espagnols, tout en annonçant les paradoxes de la politique italienne du Second Empire.

Sylvie Le Ray-Burimi
Conservateur du patrimoine, chef du département iconographie du musée de l’Armée, commissaire de l’exposition « Napoléon III et l’Italie, Naissance d’une nation, 1848-1870 »

décembre 2011

Cette œuvre a été présentée dans l’exposition Napoléon III et l’Italie, Naissance d’une nation, 1848-1870 au musée de l’Armée (18 octobre 2011 – 15 janvier 2012).

Date :
1851
Technique :
Huile sur carton
Dimensions :
H = 42 cm, L = 30 cm
Lieux de conservation :
Milan, Museo del Risorgimento, inv. 20554
Crédits :
© Museo del Risorgimento, Milano / Officina dell'Imagine
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