Durant une de ses visites à sa grand-mère, au Palais Bonaparte à Rome, Charlotte la fille de Joseph Bonaparte, frère de l’Empereur, exécuta d’après nature un de ses portraits de la famille les plus réussis. Désormais très âgée, la « mater Napoleonis » (la mère de Napoléon) était invalide, après une fracture du fémur en 1831. Mais elle n’avait rien perdu de ses esprits, conservant une grande lucidité et un caractère très ferme – sa correspondance avec la famille (notamment le jeune Louis-Napoléon, le futur Napoléon III) la montre ainsi toujours très intéressée par les faits politiques de l’époque) –, et demeurant un point de référence important pour toute la famille en exil.
Les portraits de Charlotte étant souvent peu expressifs, il est d’autant plus étonnant de voir, dans cette petite aquarelle, la maîtrise avec laquelle la petite fille cueillit la fragilité physique tout en soulignant en même temps la fermeté du caractère de sa grand-mère. Le toucher est particulièrement délicat en ce qui concerne le rendu de la dentelle de sa chemise de nuit et l’étoffe de son couvre-chef.
Ce dessin resta inachevé. Des lithographies suivirent, sur lesquelles les mains jointes furent ajoutées, et les accoudoirs du fauteuil finalisés. Madame Mère n’accepta ces reproductions en gravure qu’à la condition que figura l’inscription « Cadeau fait par la princesse Charlotte » et que les éventuelles bénéfices de la vente de la lithographie furent versées aux bonnes œuvres.
Cristina Cannelli, décembre 2010
Nous remercions Giulia Gorgone directrice du Museo Napoleonico pour son autorisation de reproduire sur napoleon.org les texte et images originellement publiés en italien dans le livret Museo Napoleonico : Guida, Milan : Mondadori Electa S.P.A., 2008, p. 73.
Cette aquarelle a été présentée lors d’une exposition dédiée à la Princesse Charlotte, au château de Malmaison : « Charlotte Bonaparte (1802-1839), Une princesse » artiste (20 octobre 2010 – 10 janvier 2011)
Cette représentation fait également partie du dossier thématique « 1769-1793 : la jeunesse de Napoléon Bonaparte »