Napoléon, tête couronnée

Artiste(s) : DAVID Jacques-Louis
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Napoléon, tête couronnée

L’histoire de ce panneau a longtemps intrigué les historiens du peintre David. Il est à mettre en relation avec une commande passée à l’artiste en 1805 d’un portrait de l’Empereur en costume impérial destiné à la grande salle du tribunal de Gênes, en Italie. La demande venait de l’architrésorier Lebrun qui préparait alors la réunion de l’ancienne république de Gênes à l’Empire. Napoléon en accepta le principe en août 1805 et David présenta aussitôt un projet (esquisse signée et datée 1805, musée des Beaux-Arts de Lille). Il se mit au travail, et la toile, qui mesurait plus de 2,80 m de haut, fut achevée en 1806, puis présentée à l’Empereur à Saint-Cloud en juillet.  Napoléon la refusa, déclarant énergiquement : « Monsieur Daru je viens de voir le portrait qu’a fait de moi David. C’est un portrait si mauvais, tellement rempli de défauts que je ne l’accepte point et ne veut l’envoyer dans aucune ville, surtout en Italie où ce serait donner une bien mauvaise idée de notre école ». Les ennemis de David avaient fait courir le bruit qu’il en avait confié l’exécution à Devillers, l’un de ses élèves, et que l’exécution s’en était ressentie.

Après le jugement sévère de l’Empereur, l’artiste se remit à l’ouvrage et fit une seconde proposition en 1807. Napoléon rejeta à nouveau cette seconde version (esquisse signée et datée 1807, Cambridge, Fogg Art Museum, U.S.A.). C’est la tête de cette seconde version que reprend le panneau de la Fondation Dosne-Thiers. Excédé, Napoléon finit par supprimer en janvier 1812 les fonds réservés à cette commande. David ne réalisa donc jamais de portrait officiel de l’Empereur. Il reçut  en 1811 une commande privée d’un portrait de Napoléon dans son cabinet de travail des Tuileries ; elle avait été demandée par Alexander Douglas pour son château de Hamilton, en Ecosse (Washington, National Gallery of Art) ; l’année suivante, le peintre en entreprit une répétition qui resta dans son atelier et ne fut acquise que sous le Second Empire par Napoléon III (Musées nationaux, sous réserve d’usufruit).

Sur le tableau de la Fondation Dosne-Thiers, Napoléon porte sur la tête la fameuse couronne de lauriers livrée par Biennais composée de quarante-quatre grandes feuilles, quarante-deux graines mobiles et douze feuilles plus petites, montées sur un bandeau ovale fixé derrière la tête par une agrafe. Cette couronne de lauriers fut détruite sous la Restauration. Il n’en subsiste plus qu’une feuille qui appartenait à Isabey ; il la fit monter dans une boîte qui porte au dos l’inscription suivante : « A Saint-Cloud en 1805, avant le départ pour Milan, j’essayais à l’Empereur la couronne royale qui devait surmonter celle de laurier du Sacre à Notre-Dame ; une feuille se détacha. J’allais la remettre au 1er chambellan. Sa Majesté me dit, gardez-la comme souvenir de votre maladresse ».

Bernard Chevallier
Conservateur général honoraire du patrimoine
Ancien directeur du musée national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau

juillet 2009

Cette œuvre a été exposée à Melbourne (Australie) au sein de l’exposition Napoléon. Revolution to Empire  à la National Gallery of Victoria (2 juin- 7 octobre 2012).

Date :
1807 (?)
Technique :
Huile sur bois
Dimensions :
H = 43,5 cm, L = 36,1 cm
Lieux de conservation :
Paris, Fondation Dosne-Thiers (Institut de France)
Crédits :
© Art go
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