L’histoire de la publication du Mémorial de Sainte-Hélène : trois questions à Chantal Prévot (octobre 2017)

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À l’occasion de la publication du manuscrit originel du Mémorial de Las Cases, découverte et commentée par quatre chercheurs de la Fondation Napoléon, Thierry Lentz, Peter Hicks, François Houdecek, Chantal Prévot, retrouvez les réponses à trois brèves questions que nous leur avons posées, chacun dans son domaine d’expertise.

Propos recueillis en octobre 2017

L’histoire de la publication du <i>Mémorial de Sainte-Hélène</i> : trois questions à Chantal Prévot (octobre 2017)
Chantal Prévot © Fondation Napoléon / Rebecca Young

Napoleon.org : Comment le comte de Las Cases a-t-il récupéré son manuscrit confisqué par le gouvernement britannique ?

Chantal Prévot : Arrêté le 25 novembre 1816 pour avoir tenté de faire passer deux lettres en Europe, Las Cases, ainsi que son fils, fut expulsé de Sainte-Hélène le 31 décembre. Ses papiers, dont le Journal, furent confisqués, scellés et envoyés en Angleterre pour être remis au secrétaire d’État à la Guerre, Henry Bathurst. Ils ne lui furent restitués que cinq ans plus tard en septembre 1821, après la mort de l’Empereur. Les employés du Colonial Office avaient eu tout loisir de recopier in-extenso le Journal. C’est cette copie, conservée à la British Library dans le fonds Bathurst, qui a été « retrouvée » en 2005 par Peter Hicks.

Napoleon.org : Le Mémorial de Sainte-Hélène a-t-il été un « best-seller » ?

Chantal Prévot : Publiée en 1823, l’œuvre connut immédiatement un succès notable. Elle fut réimprimée une première fois enter la fin 1823 et le début 1824. Des traductions en anglais, en allemand, en italien, en espagnol et en suédois virent le jour. Tout au long des 19e et 20e siècles, les éditions se multiplièrent. Et en 1950, le Mémorial entra dans la prestigieuse collection de La Pléiade. On dit souvent que c’est le plus grand succès de la librairie française au 19e siècle. C’est un peu exagéré. Les chiffres publiés dans L’histoire de l’édition française placent le Mémorial en 23e position entre 1821 et 1825, et le remontent d’une place entre 1826 et 1840. Le jeune Las Cases, dans une lettre au général Bertrand datée de 1840, parle de 44 000 exemplaires vendus depuis la première édition.

Napoleon.org : Emmanuel de Las Cases s’est-il enrichi ?

Chantal Prévot : Les bonnes ventes du Mémorial ont incontestablement apporté un bon pécule à Las Cases, sans que ce soit une fortune de millionnaire. Il plaça une grande partie des bénéfices dans l’achat de terrains et la construction de quatre maisons dans un quartier parisien alors en devenir : le quartier de Bellechasse (7e arrondissement actuellement). Mais il fut trop audacieux, les locataires ne se précipitèrent pas et le placement ne rapporta pas autant qu’espéré.

► Consultez le dossier thématique « Le Mémorial de Sainte-Hélène d’Emmanuel de Las Cases » (2023)

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