Un musée créé en 1907
C’est au cœur de la plaine beauceronne, à Loigny, que se joue une terrible bataille durant la guerre de 1870-71. 9 000 hommes y sont tombés en quelques heures, ce qui marqua à jamais la mémoire collective des environs. Pour rendre hommage à ces soldats, Loigny a créé son musée en 1907. Situé à l’époque dans l’église du village qui avait été détruite durant la bataille, le musée offre une impression d’intemporalité. → En savoir + sur l’histoire du musée
La visite du musée actuel est complétée par celle de la chapelle du Sacré-Cœur qui présente des fresques du XIXe siècle ainsi que les noms des soldats tombés. Sous cette dernière, une étonnante crypte romaine sert de sanctuaire. Elle conserve les ossements visibles de plus de 1 300 soldats français, prussiens et bavarois, ainsi que les deux tombeaux en marbre des généraux de Sonis et de Charette. Témoignage du désastre de la guerre, ces restes rassemblés après la bataille présentent des crânes criblés de balles, des fémurs sciés, etc…
Le musée conserve les armes des soldats recueillis après la bataille et des objets personnels donnés par leur famille. Plusieurs uniformes percés de balles dont certains sont encore tachés de sang témoignent d’une guerre de corps à corps. Mal préparés au conflit, les français avaient des armes variées parmi lesquelles des fusils et des pistolets datant du Premier Empire.
Grâce aux dons des familles, la collection a pu s’enrichir de lettres et photographies des soldats. Quelques tableaux illustrent la bataille, à l’exemple de La charge de Loigny par Eugène Lelièpvre.
Riche témoignage historique, le musée de Loigny est émouvant et depuis sa rénovation qui a pris fin en 2017, le musée est tourné vers les jeunes publics et propose de très nombreux contenus interactifs qui permettent de mieux appréhender la guerre franco-« allemande » de 1870 et de s’immerger au cœur de cette bataille emblématique.
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Les faits historiques : 2 décembre 1870, la bataille de Loigny
Lors de la chute de Rome, le 20 septembre 1870, les Zouaves Pontificaux qui défendaient le Saint-Siège depuis 10 ans furent renvoyés. Parmi eux, 600 français rejoignirent Toulon souhaitant se mettre au service du gouvernement. Malgré les réticences de la République naissante envers Charette, petit-fils du général vendéen, ils obtinrent l’autorisation de former un corps appelé Volontaires de l’Ouest. Unis par la foi et pensant que la France subissait la vengeance divine suite à sa participation dans la spoliation du pouvoir temporel des papes, ils restèrent dans leurs esprits Zouaves Pontificaux. Ils s’équipèrent à leur frais et Charette recruta parmi les catholiques non mobilisés de 15 à 65 ans pour former des bataillons. Souvent monarchistes, leurs noms rappellent la Contre Révolution même si apparaissent dans leurs rangs des républicains et des bonapartistes. Très sollicités, ils vont participer aux attaques de la Loire à partir du sud d’Orléans par un froid rigoureux.
Les premières batailles sont un succès. Grâce à des attaques méthodiquement calculées, les Volontaires de l’Ouest perdent très peu d’hommes. Après une première victoire près d’Artenay, deux bataillons se forment sous les ordres du général de Sonis pour monter à Châteaudun. Suite aux succès remportés à Vallière puis Coulmier, les allemands abandonnent Orléans. Le 1er décembre 1870, tandis que Paris tente de desserrer le Blocus, les forces françaises se dirigent vers Pithiviers en trois colonnes et s’empare de Villepion au nord de Patay. Le soir, pendant que les hommes campent à Saint-Péravy-la-Colombe, on désigne celui qui doit porter la bannière du Sacré-Cœur. Après la messe du prêtre Doussot, deux bataillons prennent position. Les troupes de de Sonis gagne Villepion tandis que celles de Jauréguiberry échoue à Goury. Suite à de violents combats dans un froid glacial, les troupes sont prises au piège autour de l’église de Loigny. Vers 16h, de Sonis relance l’attaque en prenant la tête d’une troupe de 800 hommes. C’est dans un extraordinaire élan de foi que les hommes partent à l’assaut en courant. L’ennemi attaquant, on se hache, on se cloue, on se fusille jusqu’au village dans une épaisse fumée de canon. Le bilan est catastrophique, 9 000 morts soit 2/3 des hommes. Le soir du 2 décembre, un grand nombre de blessés agonisants sont tués pour être volés. Charette, blessé, est fait prisonnier mais réussira vite à s’évader. Les survivants rejoignent Poitier ou de nouveaux recrutés viennent reconstruire l’unité pour participer à la défense du Mans.
Le général Gougeard prend la tête du premier bataillon. Le 10 janvier 1871, ils avancent sur la route de Saint-Calais en ne laissant aucun répit à l’ennemi qui renonce à progresser. Les combats stoppent mais un ordre oblige les français à reprendre les hostilités. Cette dernière attaque s’avère inutile car les prussiens entrent au Mans. L’Armistice est signée fin janvier, Gambetta nomme de Charette général. En mars, pour éradiquer les Communards, Thiers ne réussira pas à intégrer les Pontificaux qui refusent de participer à une guerre civile. En revanche, en 1914, certains d’entres eux reprendront les armes dans les tranchées.
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► Découvrir le dossier thématique sur la guerre de 1870-1871 de napoleon.org
Ludovic Cazettes, novembre 2010 – mise à jour : Marie de Bruchard, mai 2021