Marengo

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Marengo

La bataille de Marengo se déroula le 14 juin 1800 dans la plaine de la Bormida, près de la ville d’Alessandria en Piémont. Elle opposa l’armée de Réserve française, menée par le Premier Consul, aux troupes autrichiennes de la deuxième coalition. Jamais victoire napoléonienne ne fut plus proche de la défaite.

Le combat débuta à 9 heures du matin par l’attaque des Autrichiens. A 14 heures, la situation était tellement critique pour les Français, s’aggravant d’ailleurs d’heure en heure, que le feld-maréchal Melas prit la décision de rejoindre Alessandria pour annoncer la victoire à Vienne. Tandis qu’il laissait le commandement à Kaïm, qui évitait la déroute complète de l’armée française en ne la poursuivant pas énergiquement, les divisions Desaix et Boudet arrivaient vers 17 heures. Bonaparte fit stopper la retraite et relança l’offensive. Ce fut alors la fameuse charge de Desaix à la tête de la 9e demi-brigade légère dans laquelle le général trouva la mort atteint d’une balle en plein coeur. La victoire survint finalement grâce à l’attaque de Kellermann et de sa cavalerie. A la nuit, les Autrichiens avaient laissé les Français maîtres du champ de bataille. 


Cette bataille sanglante, qui coûta la vie à 6000 Français et à 9400 Autrichiens, devint pourtant le symbole de la campagne de 1800. Elle permit à Bonaparte de renforcer sa position après le coup d’Etat et fut hissée par la propagande au rang d’une éclatante victoire. La mort de Desaix permit, à cet égard, de passer une série de commandes (peintures, sculptures, monuments commémoratifs, tombeau) magnifiant la figure du héros napoléonien.

Sur le site de Marengo, à 2,5 km d’Alessandria par la via Marengo puis la Via Genova, a été construite une villa baptisée le Château de Marengo. Bâtie en 1847 par Giovanni Dellavo, elle présente une façade en trompe-l’oeil et abrite le musée de la bataille conservant une collection d’armes appartenant à la Société Napoléonienne de Marengo (née en 1992), différents objets de l’époque et une grande maquette reconstituant les phases successives de la bataille. Devant le bâtiment a été installée une statue en granit rose des Alpes figurant le Premier Consul, oeuvre du sculpteur Benito Cacciatori (1847). La tête de Bonaparte serait tournée vers le lieu où tomba Desaix mortellement blessé. Au fond du parc se trouve l’ossuaire des morts tombés au champ d’honneur ainsi qu’un buste du général Desaix.

Une colonne commémorative, élévée ici par la ville pour le premier anniversaire de la bataille, est surmontée d’un aigle et porte cette inscription en latin et en italien : « Ici à Marengo/le 14 juin 1800/BonapartePremier Consul/de la République française/conduisit son armée/à la victoire ». Démontée en 1814 par les Autrichiens, elle fut transférée à Fiume, remontée dans une villa à la fin de la première guerre mondiale et réinstallée à Marengo en 1922 après une pause au fort de Bormida. Enfin, le ruisseau Fontanone, qui se jette au nord du champ de bataille dans le Tanaro, fit office de barrière naturelle entre les deux armées. Dans la ville d’Alessandria, la citadelle fut le Q.G. de l’armée autrichienne et de Melas. Occupée par l’armée italienne, on ne peut la visiter.

La rivière Bormida, qui coule à la sortie de la ville, servit de ligne de démarcation entre les deux armées la veille de la bataille. Elle futfranchie par l’armée autrichienne au matin du 14 juin, et repassée en sens inverse le soir par la même armée vaincue. Sur la route qui conduit à Marengo se dresse un majestueux platane dit « de Napoléon ». La légende veut que le Premier Consul se soit arrêté là pour profiter de son ombrage, mais l’arbre se trouvait derrière les lignes autrichiennes ! En fait, il est plus certainement le dernier arbre d’une allée commémorative qui conduisait d’Alessandria à Marengo.

A Torre di Garofoli, en direction de Tortona, une importante ferme à l’entrée du village servit de Q.G. à Bonaparte avant la bataille. Il y coucha également le soir de celle-ci. Une plaque commémorative porte cette inscription en italien : « Dans cette ville/le Premier Consul Bonaparte/conçut la bataille de Marengo/qu’il dirigea ensuite victorieusement/14 juin 1800/Ici il recueillit le dernier soupir de l’héroïque général Desaix/mortellement blessé en combattant/et il signa la convention d’Alexandrie/stipulant que le soir du 15/elle redonnait à la France la Lombardie, le Piémont, la Ligurie/se tenant à Torre Garofoli le huitième subalpin/Alexandre Guibono Cavalchini Garofoli baron S.R.I./posé en septembre 1905 ».

Karine Huguenaud

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