Avec les Tuileries, Saint-Cloud et Fontainebleau, Compiègne était une des résidences où séjournaient le couple impérial et la cour de façon régulière. Le palais figurait parmi les demeures préférées des souverains par la vie plus libre qui y était menée, sans la contrainte pesante du respect de l’étiquette. Compiègne a tenu une place particulière dans l’histoire du couple impérial. C’est là, en effet, que l’idylle entre Eugénie de Montijo et Napoléon III prit un tournant décisif qui devait les conduire au mariage un mois plus tard. De ce fait, l’Impératrice conservera une tendresse marquée pour le lieu.
A partir de 1856, pendant leur séjour d’automne à Compiègne, l’Empereur et l’Impératrice convièrent tous les ans (sauf en 1860 et 1867) des « séries » d’invités.
Pendant un mois et demi, 80 à 100 personnes venaient passer huit jours au château. Ces réceptions où se côtoyaient princes, diplomates, membres du gouvernement et personnalités des milieux scientifique, littéraire et artistique, donnaient lieu à une multitude de divertissements, depuis la traditionnelle chasse à courre dans la forêt de Compiègne jusqu’à la visite du château de Pierrefonds alors en pleine restauration par Viollet-le-Duc. Des promenades en chars à banc, des jeux divers étaient organisés dans le parc ou dans le jardin la journée, danses et jeux dans les salons ou représentations théâtrales (49 de 1852 à 1869) formaient le programme des soirées. Le théâtre amateur fut particulièrement prisé avec la réalisation par les invités eux-mêmes de charades, pantomimes, tableaux vivants et autres saynètes.
De par sa qualité de résidence d’automne de la cour impériale, le château de Compiègne s’imposait pour accueillir le musée du Second Empire. Créé en 1953, à partir d’objets restés depuis 1870, d’acquisitions, de dons et de dépôts, il est plus un musée d’ambiance qu’un panorama historique ou artistique de la période. Les figures dominantes de l’Empire y sont évoquées dans une quinzaine de salles dominées par quelques œuvres majeures : Napoléon à Solférino par Meissonier, L’Impératrice Eugénie entourée de ses dames d’honneur, La duchesse de Morny ou Napoléon III par Winterhalter, les intérieurs de la princesse Mathilde par Giraud, les études de Couture pour le baptême du Prince impérial, etc. Les salles Carpeaux sont particulièrement admirables : plâtre du groupe Ugolin et ses enfants, allégorie de la Tempérance, bustes et statues de la famille impériale dont le magnifique buste inachevé de Napoléon III, études et peintures de la « Fête impériale »… La visite se termine sur une œuvre célèbre de Meissonier symbolisant la chute de l’Empire, Les Tuileries en ruines.
Le musée du Second Empire présente dans son annexe le musée de l’Impératrice qui rassemble des souvenirs personnels de la famille impériale, depuis l’enfance de Louis-Napoléon jusqu’à la mort du Prince impérial au Zoulouland en 1879.
Karine Huguenaud (2001) ; mise à jour : mai 2024