Musée national du château de Compiègne – Les appartements historiques

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Musée national du château de Compiègne – Les appartements historiques

Château royal reconstruit entre 1755 et 1788 par Ange-Jacques Gabriel, Compiègne fut réaménagé à partir de 1807 sur ordre de Napoléon Ier afin de devenir une résidence impériale. L’architecte Berthault remania la décoration intérieure avec l’aide d’artistes et d’artisans renommés parmi lesquels Girodet, Dubois et Redouté pour les décors peints, Jacob-Desmalter et Marcion pour les ensembles mobiliers. Le jardin fut redessiné à l’anglaise et relié à la forêt de Compiègne qui en constitue toujours le prolongement direct.

En 1810, Napoléon y accueillit sa future épouse, l’archiduchesse Marie-Louise d’Autriche, exactement comme Marie-Antoinette y avait été accueillie 40 ans plus tôt. Une fois le mariage célébré à Paris, le couple impérial revint à Compiègne. La cour s’y installa de nouveau en 1811 en compagnie du petit Roi de Rome. Sous la Restauration, les princes de la famille royale effectuèrent de cours séjours à Compiègne. Suivant la tradition monarchique française, Charles X s’y arrêta en 1824 au retour du sacre à Reims et, en 1832, Léopold Ier de Belgique y épousa la princesse Louise, fille aînée de Louis-Philippe.

En 1848, le château devint domaine national. Le prince-président Louis-Napoléon y fit une visite lors de l’inauguration de la ligne de chemin de fer Compiègne-Noyon. Devenu empereur, il s’y rendit une première fois avec une centaine d’invités en 1852 parmi lesquels figurait Eugénie de Montijo, la future Impératrice. Ces visites se réitérèrent en 1853 et 1855. Des travaux de réaménagement furent alors entrepris dans certaines pièces tandis qu’une partie du mobilier était renouvelée dans le goût de l’époque. Seules deux constructions furent réalisées : une aile séparant la vaste cour des cuisines et un théâtre malheureusement inachevé. A partir de 1856, le château de Compiègne fut la résidence d’automne de la cour impériale. Débutèrent alors les fameuses « Séries » : pendant un mois et demi, les souverains conviaient chaque semaine une centaine d’invités acheminés par trains spéciaux. En souvenir de ce passé prestigieux, le musée du Second Empire trouva tout naturellement sa place au sein du palais.

Le château de Compiègne propose plusieurs parcours de visite au sein des Appartements historiques. L’appartement de l’Empereur et l’appartement de l’Impératrice étaient réservés aux couples impériaux tandis que l’appartement de la Reine et du Roi de Rome était destiné par Napoléon à l’usage d’un souverain étranger : Charles IV d’Espagne y fut logé après son abdication en 1808 puis, Louis roi de Hollande et son épouse Hortense, enfin le Roi de Rome. En raison du peu d’emblèmes impériaux, Louis XVIII choisit également d’y résider lors de son séjour très politique à Compiègne en 1814. Sous le Second Empire, l’appartement conserva cette même destination. Quand il n’accueillait pas de souverains, il était occupé par la princesse Mathilde.

L’entrée de l’appartement de l’Empereur se fait par un magnifique vestibule, la salle des colonnes, dont l’ordonnancement répond exactement à la colonnade extérieure fermant la cour d’honneur. Puis, le grand escalier d’honneur mène à la salle des Gardes du Roi et à la salle à manger de l’Empereur. Le Salon des Cartes tout comme le Salon de réception ont conservé leur état Second Empire. La chambre à coucher de l’Empereur et la bibliothèque impressionnent par leur somptueuse décoration Empire due à Jacob Desmalter ; cette dernière pièce fait l’objet d’une rénovation d’ampleur à partir de l’automne 2023. La chapelle, de type palatial, était destinée aux souverains et à leurs proches. La galerie de bal, restituée dans son état du Second Empire, est gardée à chacune de ses extrémités par des statues de Napoléon Ier et de Madame Mère. La Galerie Natoire, construite en 1858, rassemble une série d’œuvres du peintre (1735-1744) sur le thème de l’histoire de Don Quichotte.

L’appartement de l’Impératrice, situé dans l’aile nord sur la terrasse, possède une belle salle à manger Premier Empire. C’est ici que Marie-Louise prit son premier repas avec Napoléon le 27 mars 1810. Sous le Second Empire, cette pièce comme les suivantes, le Salon des Fleurs et le petit Salon furent occupées par le prince Impérial. Le troisième Salon était le grand salon de réception de l’Impératrice. Sa chambre à coucher est éblouissante de luxe ; elle communique avec un charmant boudoir qui faisait office de salle de bain. Cet appartement s’achève sur le Salon de Musique restitué dans son état Second Empire.

L’Appartement de la Reine puis du Roi de Rome possède un bel escalier orné d’une reproduction de l’Apollon du Belvédère. La chambre à coucher présente un état Premier Empire particulièrement intéressant. Dans cette pièce que Napoléon avait voulu la plus somptueuse possible puisque destinée à un souverain étranger, le mobilier de Marcion se marie élégament aux tentures murales et au tapis. La salle de bain, aux subtils jeux de miroir, possède une moquette « gazon fleuri » retissée d’après des échantillons d’origine.

L’appartement « double de Prince », dénommé ainsi parce que destiné à recevoir un couple princier, accueillit Jérôme roi de Westphalie et son épouse en 1810 puis en 1814. Scindé en trois sous le Second Empire, il fut attribué à des hôtes importants : à nouveau Jérôme, son fils le prince Napoléon et son épouse Clotilde, la princesse Mathilde, le prince et la princesse Murat, etc. Cet appartement possède une grande chambre à coucher, la seule à alcôve de tout le château. L’harmonie chromatique de l’ensemble est intéressante : gourgouran violet et chamois pour le lit, jaune d’or et passementerie violette pour les rideaux, tapis à fonds vert copie du tapis d’origine. Le deuxième salon est tout aussi remarquable avec ses panneaux de tenture en damas couleur d’or, rayé ombré et couleur d’or.

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