Correspondance intégrale de Marie Bonaparte et Sigmund Freud (1925-1939)

Auteur(s) : AMOUROUX Rémy (éd. et annot.), BONAPARTE Marie, FREUD Sigmund, MANONNI Olivier (trad.)
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Voilà un travail auquel la Fondation Napoléon est sensible, elle qui a œuvré pendant des années à l’édition de la Correspondance générale de Napoléon Ier. Permise par la levée de réserve de communication par les petits-enfants de Marie Bonaparte, sans laquelle les lettres de la princesse n’auraient été rendues publiques qu’en 2032, cette restitution complète et contextualisée des échanges entre le père de la psychanalyse et sa fervente admiratrice est passionnante.
Passionnante par la haute volée intellectuelle de son contenu : toute aussi disciple qu’elle est de Freud, Bonaparte aime le débat et n’hésite pas à contredire son « maître », jusqu’à l’agacer, en particulier lorsque ses revendications féministes rencontrent un carcan paternaliste certain dont Freud ne s’est jamais défait (et pourquoi l’aurait-il dû ?). Marie, orpheline de mère à l’état de nourrisson, puis de son père Roland, géographe et botaniste reconnu, peu de temps avant le début de sa correspondance avec Freud, a cependant invité le loup dans la bergerie en surnommant le professeur autrichien « Cher Père »… Ce transfert est fascinant car il se double d’une profonde amitié tout sauf unilatérale.
Dérangeant, parfois aussi, cet échange, tant il révèle de l’intimité de la descendante de la famille impériale qui se livre entièrement à son analyste et couche sur papier ses questionnements sur sa sexualité (et celle des femmes de manière générale), sur ses traumatismes infantiles et sur les caractères profonds de ses proches.
Si le lecteur a parfois l’impression d’être un voyeur en parcourant les lignes de ces longues navettes épistolaires, il appréciera l’éclairage multiple qu’elles proposent. À la fois sur la période : on sent poindre la montée du nazisme comme préoccupation éminente de la dernière partie de leurs échanges puis l’urgence de l’organisation de la fuite de Freud, de sa famille et de ses archives. Sur l’installation de la psychanalyse en France, également : Marie Bonaparte en sera l’ambassadeur le plus connu, d’abord dans son impulsion à faire traduire l’œuvre de Freud puis en tant que psychanalyste elle-même, jusqu’à son éclipse par l’arrivée de la nouvelle génération de psychiatres et psychologues – largement influencés par le lacanisme – d’après-guerre ; c’est en tant que consœur qu’elle finit par écrire à Freud, dès 1928/1929, fait étonnamment oublié et que vient ré-éclairer cette impressionnante correspondance.
Réunie et scrupuleusement annotée par Rémy Amouroux, remarquablement traduite par Olivier Manonni, malgré l’enchevêtrement intellectuel linguistique franco-allemand de la princesse, elle fera date dans l’histoire de la psychologie autant que dans la résurrection d’un des membres les plus intéressants du clan Bonaparte. (M. de Bruchard)

Cette publication a reçu en 2022 un mécénat de la Fondation Napoléon.

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Correspondance intégrale de Marie Bonaparte et Sigmund Freud (1925-1939)
© Flammarion 2022

Présentation par l’éditeur

En 1925, la princesse Marie Bonaparte se rend à Vienne pour consulter le Pr Sigmund Freud. Cette rencontre sera « le plus grand événement de ma vie », note l’arrière-petite-nièce de Napoléon Ier, princesse de Grèce et de Danemark.
Durant quatorze années, ils échangeront près de neuf cents lettres jusqu’à la mort du fondateur de la psychanalyse, en 1939. Conservé à la bibliothèque du Congrès à Washington, cet ensemble de lettres est le dernier grand corpus de correspondance freudienne encore inédit.
Passionnante de bout en bout, foisonnant d’informations sur l’introduction de la psychanalyse en France, cette correspondance raconte un monde appelé à disparaître au cœur duquel deux protagonistes des plus étonnants évoluent. Car entre la princesse venue pour soigner sa dépression et l’un des savants les plus influents de son siècle, une amitié naît, qui dépasse bientôt le cadre de l’analyse. Leurs échanges donnent à voir un Freud tour à tour séduit, amusé, parfois lassé de cette patiente qui n’a de cesse de vouloir vivre pleinement sa vie amoureuse et questionne les conceptions freudiennes sur la femme à une époque où la quête du plaisir féminin reste profondément subversive.
« La dernière des Bonaparte », comme elle aimait à se qualifier, loin d’être la disciple dévote que l’on a parfois décrite, témoigne au fil des pages d’une liberté de pensée audacieuse. Quels que soient leurs désaccords, Freud verra en elle une élève loyale. De fait, elle ne le trahira jamais et mettra sa fortune au service de la Société psychanalytique de Paris (SPP), qu’elle contribua à créer et, avec l’aide de nombreux soutiens, se portera à son secours pour l’aider à quitter l’Autriche nazie en 1938.

• En savoir + sur le travail de Rémy Amouroux sur cette correspondanceprofesseur d’histoire de la psychologie à l’Université de Lausanne (UNIL)
• Dans la presse : recension de la parution de cette correspondance sur Point de vue.fr (2/11/2022)

Année de publication :
2022
Lieu et maison d'édition :
Paris, Flammarion
Nombre de pages :
1084 p.
Pour commander :
grâce à notre partenaire la Librairie Fontaine Haussmann et aux sites Librairies indépendantes, ParisLibrairies.fr et  PlaceDesLibraires.fr.
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