Elle fut éphémère mais ses débuts virent naître de véritables principes démocratiques (suffrage universel masculin, élection du président de la République à ce suffrage universel et direct, adoption du drapeau tricolore, abolition de l’esclavage, ….) mais également de grands clivages intellectuels, encore d’actualité, dans les débats politiques et sociaux français.
La IIe République est une période mal connue de nos contemporains, aussi sa nouvelle analyse par Marie-Hélène Baylac est plus que bienvenue, éclairant sous un nouveau jour ces moins de cinq courtes années d’intense ébullition constitutionnelle, parlementaire mais également populaire, d’aspiration à l’égalité et à la modernité. Quatre années et quelques mois pour aboutir à l’établissement du Second Empire, sur un nom plus qu’un programme, et dans une nouvelle phase des plus conservatrices telles que le furent les dix premières années du règne de Napoléon III. Un paradoxe uniquement de prime abord ; l’auteur nous montre bien le cheminement qui mène de d’un régime à l’autre.
La IIe République avait introduit la fraternité dans la devise du pays ; était-elle impossible à accomplir au sein du régime républicain ? Dès son titre, Marie-Hélène Baylac nous donne une piste : et si la peur du peuple, de sa violence, de ses revendications extrêmes et de son incontrôlabilité – cette hantise diffuse dans une partie de la société française -, avait condamné cette république balbutiante ? Elle qui était pourtant née dans une relative non violence avec la si rapide abdication de Louis-Philippe, et se voulait progressiste n’a-t-elle pas succombé de ses contradictions internes à ce sujet, de sa désorganisation et des voix discordantes qui la composent tandis que monte un Parti de l’ordre aussi disparate mais mu par la même idée de conserver plus qu’innover socialement ?
À lire en prenant d’autant de plus plaisir que l’historienne qui nous avait habitués à ses si vivantes biographies – son Hortense de Beauharnais (Paris, Perrin, 2016) a reçu le Prix spécial du Jury en 2016 – n’a rien perdu de son écriture fluide et agréable, au gré de ce changement de sujet d’étude. (M. de Bruchard)
Mise à jour (15 novembre 2022) : cet ouvrage a reçu le Prix Guerres et Paix 2022 du Salon du livre d’Histoire de Verdun. Mise à jour (27 janvier 2023) : cet ouvrage a reçu le Prix du Nouveau Cercle de l’Union 2023.
Présentation par l’éditeur
Des journées de février 1848 au coup d’État du 2 décembre 1851, la France semble rejouer l’histoire de la Grande Révolution en accéléré : la chute de la monarchie (de juillet) laisse place à une république dont les divisions et l’instabilité favorisent une restauration de l’ordre ponctuée par un coup d’Etat et la Restauration de l’Empire au profit de Louis-Napoléon Bonaparte, devenu Napoléon III.
Pourtant, l’histoire ne se répète jamais et la IIe République présente des caractères propres et d’une étonnante modernité. C’est avec elle que se découvre la fracture moderne entre la droite (ou plutôt les droites : légitimiste, orléaniste et bonapartiste) et la gauche autour de la question sociale, fracture qui apparaît lors des terribles journées de juin 48 qui préfigurent la Commune. C’est elle qui sacralise le drapeau tricolore, le suffrage universel et l’abolition de l’esclavage qui ne seront plus jamais remis en cause. Encore elle qui instaure l’élection du président de la République (Louis-Napoléon Bonaparte demeure le président le mieux élu de notre histoire) et découvre un paysage politique dont le spectre est toujours globalement d’actualité.
La richesse des acteurs épouse celle, presque incroyable, des événements. Dans l’ordre chronologique : Lamartine, Louis Blanc, Ledru-Rollin, Cavaignac, Thiers, Louis-Napoléon Bonaparte mais aussi tous les grands écrivains du temps (Hugo, Flaubert, George Sand, Tocqueville…) qui furent non seulement des grands témoins mais souvent des acteurs de premier ordre.
Un grand récit, presque une fresque, porté par la plume, enlevée et experte, de l’auteure.
Marie-Hélène Baylac, ancienne élève de l’ENS et agrégée d’Histoire, s’est fait connaître par de nombreux ouvrages historiques dont, chez Perrin, des biographies remarquées de la reine Hortense et d’Agatha Christie.