Présentation par l’éditeur
À l’occasion d’un projet d’exposition sur La Ruine, la narratrice relate sa rencontre inopinée avec une héroïne oubliée du Second Empire, la comtesse de Castiglione, dont elle tente de retracer l’existence à partir d’un recueil de photographie retrouvé dans sa bibliothèque.
Pourquoi s’attarder sur ces clichés vieillis, sur ces images banales ? Sans doute parce que cette femme, célèbre pour sa grande beauté, sa fatuité, sa fin lamentable, a entretenu un rapport très étrange avec son image : plus encore qu’aucun de ses contemporains, plus encore que Montesquiou, le modèle du Charlus de Proust, fasciné lui aussi par sa propre image, la Castiglione a confié le sens de son existence à la photographie. Ancêtre des héros modernes de l’autoportrait, cette beauté fatale se rendait chez le photographe comme certains vont au coffre y placer leur bien.
Et pourtant, la beauté semble avoir déserté ces clichés ; ne subsiste qu’une tristesse et une solitude effroyables. Croyant exposer sa seule beauté, elle demanda à la photographie de l’accompagner dans le ravissement comme dans l’abjection et surexposa l’effondrement de son existence.
La narratrice cherche une image. Sous les bibelots d’un Empire à son apogée, elle croise quelques questions toutes contemporaines : l’effroi de son propre corps, la peur du regard de l’autre, l’attachement à quelques vestiges qui rassurent. Une image en fait surgir une autre, une femme en rappelle d’autres : de photos en remémorations, L’Exposition est celle de la rencontre avec l’autre, l’autre femme, cruelle ou désirable. L’écriture, comme la photographie, permet de s’avancer au seuil de l’ombre, à la recherche de la mère tant aimée et de l’enfant qu’elle fut.
Autrice, essayiste, Nathalie Léger est directrice de l’IMEC, l’Institut Mémoires de l’Édition Contemporaine.
►Lire un extrait du livre
►Découvrir un portrait commenté de la Castiglione > Scherzo di follia
Mise en ligne 21 février 2020