Il est tentant de classer rapidement les six dernières années de la vie de Napoléon Ier comme la marche inéluctable vers la maladie, le renoncement et la tragique conclusion par la mort d’un homme au destin exceptionnel qui aura fini par succomber à l’hubris du pouvoir, lui qui avait eu un continent à ses pieds mais finit son existence sur un confettis d’île de l’Atlantique Sud. Quelle erreur ! nous apprend Pierre Branda.
Loin du récit hagiographique, à visée politique, de Las Cases ou des autres mémoires des compagnons d’exil de l’empereur déchu, son analyse de l’ultime partie de la vie de Napoléon foisonne d’intrigues et de rebondissements. Il y a les enjeux internationaux : l’Ogre, même loin de tout et démuni, fait encore très peur à ses geôliers britanniques et leurs alliés européens. Pierre Branda met en parallèle ces questionnements sur la captivité de Napoléon et le déroulement concret de celui-ci. Il y a les intrigues internes dignes d’un roman d’Agatha Christie : comment le petit monde de Longwood, en vase clos, se supporte plus ou moins bien, s’entredéchire voire nuit aux intérêts de l’illustre prisonnier. Il y a la guerre de communication que Napoléon met en place, via pamphlets anonymes et réception de visiteurs, jusqu’à devenir paradoxalement une figure libérale pour les opposants aux régimes en place en Europe : « les ennemis de mes ennemis sont mes amis ». Plus que jamais absent physiquement et loin de ses palais ou des champs de bataille, l’Empereur est présent, son ombre plane. Le rythme de cet ouvrage est tel que le lecteur en vient presque… à être surpris et frustré par la fin de l’aventure : la mort de l’Empereur. (M. de Bruchard)
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Mise à jour 15/09/2022 : En 2022, cet ouvrage a reçu le Grand Prix du livre d’Histoire, attribué mercredi 14 octobre 2022 par un jury mixte de lecteurs (dont une personne déficiente visuelle désignée par l’Association Valentin Haüy de Loire-Atlantique) et d’historiens. Organisé par une association nantaise et soutenu par la mairie de Nantes, le département de Loire-Atlantique, trois entreprises et soixante-dix donateurs privés, ce prix devait être attribué spécifiquement lors de cette édition à un lauréat ayant traité d’histoire napoléonienne.
Présentation par l’éditeur
Sur le confiné le plus célèbre du monde, une vue à couper le souffle. L’épopée napoléonienne ne s’est pas terminée à Paris avec l’abdication du 22 juin 1815. Dans un tout autre cadre, un rocher au milieu de l’Atlantique-Sud, et dans un registre intime, celui du confinement de quelques Français dans une demeure humide, elle s’est poursuivie pendant six années, dont Las Cases, dans le Mémorial de Sainte-Hélène, n’a donné qu’un aperçu biaisé sur les premiers mois. Ce ne fut pas une extinction lente et passive. Jusqu’à sa mort le 5 mai 1821, Napoléon mena un combat rude et solitaire contre la fatalité. Jamais, placé dans des circonstances exceptionnelles, il ne renonça à l’espérance et à la gloire, qui l’avaient animé toute sa vie. En dépit de la paranoïa de ses geôliers et des petitesses de son entourage, il ne renonça à rien, et suscita aussi des complicités inattendues, au point que sa captivité aurait pu tourner autrement. L’empereur n’aimait pas les histoires écrites d’avance. Sans doute est-ce pour cela aussi qu’il continue de fasciner.
À partir de sources ignorées ou inédites, Pierre Branda traite des différents aspects matériels, politiques et moraux, de l’existence de l’illustre exilé et de ce qui s’y rattache. Tous les acteurs du drame, des compagnons les plus proches aux témoins les plus humbles, des gouvernants aux anonymes, prennent consistance et mouvement, à Sainte-Hélène mais aussi à Londres, à Paris, et partout où le sort de Napoléon obsède, inquiète ou apitoie. Toutes les situations, tous les incidents, sont passés au peigne fin et rendus à leur signification véritable. Il en ressort des éclairages insolites, des portraits toujours justes et parfois sévères, des remises en perspective et, au fil de jours parfois interminables, un récit saisissant, comme si le lecteur n’en connaissait pas la fin.
Chef du service du Patrimoine de la Fondation Napoléon, Pierre Branda est l’auteur de nombreux travaux sur l’Empereur, parmi lesquels Le Prix de la gloire. Napoléon et l’argent, Napoléon et ses hommes. La Maison de l’Empereur et, chez Perrin, La Saga des Bonaparte. Sa biographie de Joséphine, chez Perrin également, a rencontré un fort succès.
Cet ouvrage est publié sous le label « 2021 Année Napoléon ».