Connu dès son enfance sous le sobriquet de « Plon-Plon », Jérôme Napoléon, fut, comme l’écrivait Maxime Du Camp, un « étrange homme, mal jugé, mal compris« . Le fils de Jérôme Bonaparte, frère cadet de Napoléon Ier, cousin de Louis-Napoléon Bonaparte, fut aussi un grand amateur d’art. C’est à cette facette du personnage qu’est consacrée l’exposition qui se tient au Palais Fesch/Musée des Beaux-Arts d’Ajaccio (24 juin- 2 octobre 2023), sous le titre « Plon-Plon, un Bonaparte rouge et or ». Le catalogue de l’exposition présente son rôle dans la vie artistique française, où il se situe « souvent dans l’opposition », comme le notent Carole Blumenfeld et Paul Perrin dans une riche notice sur sa Maison pompéienne (« Vie et mort d’une œuvre d’art totale »). Inaugurée en 1860, la Maison pompéienne est délaissée par son propriétaire en 1864-1865, et vendue en 1866 : en racontant l’histoire de cette demeure, les auteurs éclairent le caractère complexe de Jérôme Napoléon et dresse un portrait « psycho-architectural » passionnant. Autre article remarquable, celui de Paul Perrin sur les collections de peinture du XIXe siècle dans les collections de « Plon-Plon », qui permet de mieux saisir les inclinations politiques du Prince – détestant le Moyen Âge et l’art gothique, ce dernier « préfère le néoclassicisme, associé aux vertus de la démocratie grecque et de la République romaine« . Les amateurs de récits de voyage seront pour leur part conquis par la notice que Michèle Battesti consacre à l’exploration des mers du nord entreprise par le prince Napoléon entre le 16 juin et le 6 octobre 1856. En résumé, voici un remarquable catalogue proposé à un prix relativement modique, qui séduit par ses illustrations autant que par ses textes. (Raphaël Czarny, web-éditeur des sites de la Fondation Napoléon, septembre 2023)
Présentation par l’éditeur
Celui que la postérité a retenu sous le sobriquet infantile de « Plon-Plon », qui fut sans doute le Bonaparte le plus vilipendé de son temps et dont la « légende noire » n’a voulu faire qu’un simple agitateur au mode de vie dissolu et aux liaisons tapageuses, enfant gâté se complaisant, sur les marches du trône, dans une posture d’opposition, essaya en réalité – sans toujours y parvenir – d’incarner au sein de la famille impériale et face aux réactionnaires de tous bords, un véritable idéal politique républicain et socialiste, un bonapartisme radical fidèle aux idées de la Révolution, antiesclavagiste et anticlérical, ayant foi dans le progrès des arts et de la science, le principe des nationalités et la liberté des peuples. Non sans contradictions et compromissions, le prince Napoléon usa de sa position et de l’importante dotation financière dont il disposa pour se constituer de riches collections et faire édifier des demeures, soutenir les artistes et réunir les grands esprits de son temps autour de lui, et obtenir certaines fonctions dans le système des arts, qui lui permirent d’affirmer cette figure de « prince rouge » éclairé mais aussi quelque peu rebelle face aux autres amateurs de l’époque.
► Plus d’informations sur l’exposition (24 juin – 2 octobre 2023).