Encadrée par les deux désastres que furent la campagne de Russie et la première abdication, 1813 a souvent été présentée comme une année de transition qui mène inexorablement Napoléon à la terrible conflagration de Leipzig, et l’Empire sur les frontières du Rhin. Cette appréhension s’est confirmée par les publications du bicentenaire qui tournèrent toutes autour de la Bataille de Nations. Aucun historien n’avait alors relevé le défi de raconter cette année tragique où Napoléon aveuglé par sa puissance ne fait plus les évènements, mais les subit.
Après avoir écrit un magistral 15 août 1811, l’apogée de l’Empire, Charles-Éloi Vial a relevé le gant de s’attaquer à cette année qu’il appelle « de fer ». Familier des centres d’archives et des bibliothèques, l’historien parisien a l’art de dénicher des documents inédits qui éclairent d’un jour nouveau les évènements qu’il narre. Il met ainsi en lumière le printemps sanglant durant lequel Napoléon reconstitue avec maestria la grande armée et remporte ses derniers grands succès militaires. S’ensuit le congrès de Prague, chronique d’une paix impossible, où les diplomates français tentèrent de sauver ce qui pouvait l’être, mais où chacun s’appliquait à duper son adversaire.
L’auteur montre comment l’échec de Prague est entièrement imputé à Napoléon par ces alliés d’hier, et marque avant Leipzig la fin de l’Europe napoléonienne.
L’automne 1813 est celui de l’Empire.
Comme la peau de peau de chagrin de Balzac, la puissance napoléonienne se contracte irrémédiablement. Au milieu des difficultés, entre d’étranges moments d’apathie, l’Empereur déborde d’énergie (c’est l’année la plus imposante de sa correspondance), mais reste sourd aux signaux qui montrent qu’il perd la main chaque jour un peu plus. Enfermé dans une caricature de lui-même, Napoléon ne semble pas s’être remis en question une seconde.
Pourtant Vial souligne qu’il douta, mais qu’il fut incapable de s’extraire du piège qu’il s’était lui-même tendu. Ce livre retrace avec verve les heures les moins glorieuses du destin de l’Empire et de son créateur.
Il se lit comme un roman dans lequel inexorablement le héros court à sa perte. C’est néanmoins un livre d’histoire charpenté auquel l’auteur est désormais coutumier. (F. Houdecek, responsable des projets spéciaux à la Fondation Napoléon)
On présente souvent l’écroulement de l’Empire napoléonien en 1813 comme une suite logique du désastre militaire de la campagne de Russie. À ce sujet, l’ouvrage de Charles-Éloi Vial Sauver l’Empire rebat les cartes. Il faut tout son talent pour nous éclairer sur la complexité et les enjeux des campagnes militaires comme des intenses négociations diplomatiques. A la lecture de son passionnant ouvrage, tout n’était pas perdu quand Napoléon repart en campagne. Ce dernier avait finalement autant de chances de l’emporter que quelques années plus tôt. Mais si par le passé, il avait su faire la différence, c’était principalement en raison du formidable enthousiasme qui l’entourait. Or comme le remarque fort justement Vial « en réalité ses pires ennemis se trouvent dans son antichambre, où s’entassaient les dignitaires fatigués de la guerre ». Au-delà des seuls élites, l’Empire n’est plus aussi conquérant même s’il reste en apparence solide. Au fond, la France voulait-elle vraiment jouer ce rôle dominateur en Europe ? Avec l’ouvrage de Vial désormais incontournable et appuyé par de remarquables et inédites sources d’archives, il est permis d’en douter. (P. Branda, directeur scientifique de la Fondation Napoléon)
Présentation par l’éditeur
La mort du grand Empire.
De toutes les années de l’épopée napoléonienne, 1813 est une de celles qui ont le moins retenu l’attention des historiens, la bataille de Leipzig en octobre demeurant seule dans la mémoire collective. Cet affrontement titanesque où l’Empereur fut battu par une gigantesque coalition levée contre lui venait pourtant à la suite de longs mois de combats incertains et d’innombrables pourparlers. Malgré le désastre de la campagne de Russie, Napoléon avait tout fait pour préserver ses conquêtes, refusant de voir que ses alliés conspiraient contre lui. Outre l’Angleterre, la Russie et la Suède, la Prusse, l’Autriche, puis finalement tous les États souverains de l’Allemagne tournèrent le dos au conquérant, le grand Empire se réduisant comme peau de chagrin. Or, ce tableau d’une Europe excédée fait écho à celui d’une France harassée, déjà prête à tourner la page.
À l’aide d’archives inédites, Charles-Éloi Vial revient notamment sur les premiers mois durant lesquels Napoléon parvient à reconstituer son armée et remporter sa dernière campagne. Conjuguant histoire politique et militaire, il raconte et analyse également l’action oubliée des diplomates, qui tentèrent de sauver l’édifice de la ruine, au cours de négociations serrées dans les différentes capitales européennes et lors d’un congrès de paix de la dernière chance organisé à Prague. Le fameux entretien de plusieurs heures entre Napoléon et Metternich au palais Marcolini, qui scelle le sort du premier Empire, est ici raconté avec une rare maestria. Vient enfin le temps de la triste campagne d’automne, de la défaite et de la consommation de la trahison des anciens vassaux.
Cet ouvrage novateur révèle la fragilité de l’œuvre napoléonienne et découvre la naissance de l’Europe contemporaine.
Archiviste paléographe, docteur habilité en histoire, conservateur au département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale de France, Charles-Éloi Vial a notamment écrit Les Derniers Feux de la monarchie, La Famille royale au Temple, une Histoire des Cent-Jours, et dernièrement Le Siècle des chutes. Il est également directeur de la prestigieuse collection « La Bibliothèque des illustres », pour laquelle il a écrit la biographie d’ouverture, Napoléon : la certitude et l’ambition.