Après l’étude approfondie de Vienne en 1805, qui constituait l’objet du premier volume de la série des quatre saisons de l’Empire, ce second volume s’attache à Naples, une autre de ces « capitales napoléoniennes » profondément transformées par l’empreinte du Premier Empire. À l’instar de Vienne, Naples a connu sous Napoléon une mutation politique, sociale et urbaine d’une ampleur considérable, marquée par l’accession de Joseph Bonaparte au trône du royaume.
Immédiatement après la signature de la paix de Presbourg, le 26 décembre 1805, qui marquait la défaite de l’Autriche, un manifeste fut publié, annonçant l’intention de Napoléon de déployer ses armées pour envahir le royaume de Naples et en chasser la dynastie régnante. Son ambition se manifestait sans fard dans une lettre adressée à son frère Joseph Bonaparte. Cette missive, datée du 31 décembre 1805, ne laissait planer aucun doute sur ses desseins : « Mon intention est de m’emparer du royaume de Naples. […] Je vous ai nommé mon lieutenant, commandant en chef de l’armée de Naples. Partez quarante-huit heures après la réception de cette lettre, et que votre première dépêche m’apprenne votre entrée à Naples, que vous avez cassé cette cour perfide et rangé cette partie de l’Italie sous mes loix. » (p. 190). La nouvelle de l’élévation de Joseph Bonaparte à la dignité de roi des Deux-Siciles parvint à Naples le 13 avril 1806, propageant stupeur et consternation au sein de la cour et de la population.
L’ouvrage dépeint ainsi l’histoire de Naples, de la fin du XVIIIe siècle à sa soumission à l’Empire. S’appuyant sur un vaste corpus d’archives, notamment celles du ministère des Affaires étrangères de Naples, Vincent Haegele met en lumière les bouleversements politiques et sociaux induits par la domination française. Grâce à une documentation riche et variée, il offre une analyse nuancée de cette période charnière, où Naples, oscillant entre réformes et révoltes, devient un véritable laboratoire politique et social du projet impérial.
Cet ouvrage se révèle être une lecture essentielle pour comprendre les enjeux de la domination napoléonienne au-delà des frontières françaises et les dynamiques complexes qui façonnèrent l’Europe du début du XIXe siècle.
À suivre, le tome III, déjà annoncé : La grande révolte de Madrid, 1808 (à paraître).
Claudia Bonnafoux, web-éditrice (avril 2025)
Présentation
Ville en ébullition croissant sur les ruines mêmes de l’Antiquité à l’ombre d’un volcan en activité, Naples est à la fin du XVIIIe siècle un phare des Lumières : linguistes, philosophes, médecins et archéologues se pressent dans ce qui est alors la troisième ville la plus peuplée d’Europe. Or, malgré les efforts des souverains du royaume napolitain, Ferdinand IV et Marie-Caroline, pour maintenir leur indépendance face aux ambitions de Napoléon, l’Empereur entend faire en 1806 du royaume de Naples non seulement le laboratoire de sa politique progressiste, mais aussi un terrain d’implantation de familles françaises. Les Napolitains n’ont pas leur mot à dire, ni sur le choix de leurs institutions, ni sur le découpage administratif qui leur est imposé; seuls le fatalisme et l’habitude d’être gouvernés par des dynasties étrangères leur permettent de prendre ces changements avec un certain détachement. Mais l’esprit de la Révolution française et de l’Empire peut-il se confronter à une telle cité, au risque de se voir mis devant ses propres contradictions ?
Conservateur des bibliothèques de Versailles, archiviste, paléographe, docteur en histoire, Vincent Haegele a publié la Correspondance intégrale, 1784-1818 de Napoléon et Joseph Bonaparte ainsi qu’une biographie croisée des deux frères. Il est également l’auteur de Napoléon et les siens. Un système de famille et de Révolution impériale, qui font autorité.
Sommaire
Introduction. Naples, horizon du monde
Chapitre 1. L’indépendance à tout prix
Chapitre 2. L’autre ville éternelle – éternels martyrs
Chapitre 3. Un grand chassé-croisé
Chapitre 4. Le roi ébloui
Chapitre 5. Les dilemmes insolubles
