Très utilisé sous l’Ancien régime, encore en vogue sous le Consulat mais très échancré pour exhiber les « appas grenadiers », le corset* rigide est délaissé par le plus grand nombre. Sous l’Empire, où la silhouette féminine se libère, on voit l’apparition d’un corset léger en coton* dit « à la Ninon » (1810). Le corset rigide refait une apparition prononcée dès 1816. Le tour de taille des femmes est redescendu à sa position normale, mais désormais la mode est à une taille de plus en plus fine qui connaît son apogée sous le Second Empire.
En effet sous Napoléon III, et l’impulsion de l’Impératrice Eugénie, le corset revient en force, le corps se doit d’être guindé. La taille doit être extrêmement menue [elle mesure entre 44 et 53 centimètres !] pour rendre les hanches généreuses [accentuées par l’usage de la crinoline*], c’est la mode de la silhouette en sablier mettant en valeur les épaules. Les corsets s’adaptent alors parfaitement à la taille naturelle, c’est-à-dire au bas des côtes. Le corset est l’accessoire indispensable et permet de creuser les reins, d’aplatir le ventre et de tenir les seins. La femme corsetée ne peut être que fine et se tenir droite. Il se vend en 1860 un million de corsets par an et se retrouve dans toutes les couches de la société.
Le corset, toujours blanc, souvent recouvert de soie*, de satin* ou de dentelles*, est constitué à l’époque d’un busc en métal sur le devant, de baleines et de goussets élastiques sur les côtés. Il peut se fermer aussi bien devant que derrière à l’aide d’un savant laçage ou de petites boucles.
Mais les effets négatifs pour la santé de l’écrasement de la taille, cause de nausées et d’évanouissements, sont largement dénoncés – en vain – par les médecins. Pour eux le laçage serré déforme le squelette, les organes internes et seraient à l’origine de nombreuses maladies mortelles. Sous le Premier Empire, même Napoléon avait décrié cet accessoire : « Ce vêtement est d’une coquetterie de mauvais goût. Il meurtrit les femmes et maltraite leur progéniture. Il n’annonce que des goûts frivoles et me fait pressentir une décadence prochaine. ». Peine perdue, nombreuses étaient les femmes qui arrivaient, après des mois de torture à atteindre les proportions souhaitées.
Après le Second Empire et les événements de 1870, la mode manque d’orientation et tâtonne pendant deux années. En 1873, la silhouette féminine qui a abandonné l’encombrante crinoline se fait plus longue et c’est naturellement que le corset s’allonge et se fait plus couvrant sur les hanches. Les corsetiers savent désormais allier élégance et respect de la santé.
Emmanuelle Papot (mars 2010)
Les termes avec * sont définis dans notre lexique de la mode.