Costumes de travestissement (1866)

Durant le Second Empire la cour impériale comme les personnalités les plus éminentes de l’époque donnent régulièrement de somptueuses fêtes. Très courues sont les soirées où le travestissement (déguisement) est de rigueur. Voici deux exemples de costumes parus dans L’Echo du Monde élégant en janvier 1866.

Costume africain  masculin
Le costume africain présenté ici est composé d’un pantalon en laine bleue, ayant la forme d’un pantalon de zouaves, large et plissé autour de la ceinture, et maintenu dans une jambière en drap vert, brodé d’or, qui part de la cheville et monte jusqu’aux genoux. Sur ce pantalon retombe une tunique en soie lamée d’or qui le recouvre d’un côté seulement. Cette tunique est ramenée à la taille par un gros pli, et est maintenue sous la ceinture.
La veste orientale est en velours vert, très richement ornée de broderies et de plaques d’or ; elle est très courte et flottante. Les manches sont étroites, et du même style que la veste pour l’ornementation. – Ceinture rouge faite d’une pièce d’étoffe roulée plusieurs fois autour de la taille et dans laquelle sont passés des poignards et des couteaux richement damasquinés.
Sur la tête : un grand burnous drapé à la manière arabe et fixé par une bande d’étoffe rouge.
la tenue est finie par le port de bas rouges et de babouches en maroquin* jeune gauffré.

Jeune femme en costume d’Africaine (Sélika)
La robe, en taffetas* couleur maïs, brodée et chamarée, est peu ample, presque plate même par devant, les plis ne commençant que sur les côtés, et se continuant par derrière, en formant une robe à queue. Elle est recouverte d’une tunique en taffetas rose, qui la cache entièrement, mais du côté droit seulement.
Le corsage est rouge ponceau*, très décolleté et garni d’une bande de taffetas de damier noir et blanc et posée carrément autour du décolleté ; les manches sont courtes et bouillonnées ; la taille est entourée d’une écharpe multicolore, enrichie d’une brillante ceinture de  pierreries.
Le cou est orné d’un immense collier à rayons qui, développés, couvrent entièrement les épaules et la poitrine. – Riches bracelets avec plaque ; les cheveux sont relevés à la Chinoise, et surmontés d’un diadème à étoile, – duquel s’échappent de longues plumes d’oiseaux aux couleurs vives et brillantes ; la main tient un éventail oriental bordé de plumes de paon.

Ces costumes était louables à l’ancienne maison Moreau, 7 rue des Filles-Saint Thomas (Mme Delphine Baron successeur) à Paris.

Emmanuelle Papot (septembre 2008)

Les termes avec * sont définis dans notre lexique de la mode.

Source

L’Echo du Monde élégant, 5 janvier 1866.